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L’immensita, Penelope Cruz à défaut de Sofia Loren

Rome, années 1970 : un monde suspendu entre des quartiers en construction, des émissions de télévision encore en noir et blanc, des acquis sociaux et des modèles familiaux aujourd’hui dépassés.
Clara et Felice viennent d’emménager dans un nouvel appartement. Leur mariage est terminé : ils ne s’aiment plus mais ne peuvent pas se séparer. Seuls leurs enfants, sur lesquels Clara déverse tout son désir de liberté, les maintiennent ensemble. Adriana, l’aînée, vient d’avoir 12 ans et est le témoin le plus attentif des états d’âme de Clara et des tensions croissantes entre ses parents. Adriana rejette son nom et son identité et veut convaincre tout le monde qu’elle est un garçon. Son obstination amène l’équilibre familial déjà fragile à un point de rupture.
Alors que les enfants attendent un signe qui pourrait les guider – une voix d’en haut ou une chanson à la télévision peut-être – tout change autour d’eux et en eux.

Malgré quelques bonnes idées, L’Immensitá projeté en compétition à la Mostra de Venise 2022 (#Venezia79) ne trouve ni sa respiration ni son liant. La faute à un regard des plus communs … Penelope Cruz se trouve ici invitée à incarner la femme italienne en quasi fantôme de Sofia Loren, de manière grossière et appuyée, sans le charme des divorces et mariage à l’italienne, qui en disaient long sur une époque, mais aussi et surtout l’Italie.

La thématique identitaire, la binarité de genre, semble occuper le récit sur le même plan que l’autre thématique, pourtant peu connexe: la soumission d’une femme, les abus de son mari et la complicité de l’entourage de ce dernier. Le mélange tenté ne fonctionne que très peu pour la bonne et simple raison que la relation de cause à effet qui s’en perçoit relève du plus mauvais goût … Tout comme peut l’être l’un des troubles collatéraux sur l’un des enfants, qui se met à déféquer devant la porte de la chambre conjugale pour signifier son désarroi. Grossier, une fois de plus.

Les ficelles narratives, les coutures saillantes, ne nous permettent pas de raccrocher à ce récit qui se développe sans autre but que d’enfoncer la porte ouverte sur ses sujets voulus forts puisque dans l’air du temps. Les quelques bonnes idées de mise en scène ou scénaristiques, plus ou moins bien réussies, ne nous permettent pas de raccrocher au tout. Ainsi, le fait de convier dans le récit les aspirations à une libération, les références à des images très italiennes, d’hier (par exemple les frontières sociales et ethnographiques très souvent mis à l’écran par Pasolini ou Scola) ou d’aujourd’hui et peut être plus encore la volonté d’enrober le tout dans un univers musical fantasmé nous intéresse temporairement mais finissent par lasser, de nouveau la faute à ce regard manquant de singularité malgré la belle intention hommage à un cinéma si distinctif, et qui, en son époque, traçait sa propre voie, pour mieux concourir et dialoguer avec les propositions du cinéma français.

Nous gardons ceci dit à l’esprit l’un des rares moments où le film s’aventure du côté de la subtilité, lorsque la femme profondément meurtrie, qui cherche avec ses enfants à se recréer un univers enfantin où la bonne humeur règne, observe non sans cynisme à sa belle mère qu’elle « ne craint pas les fantaisies des enfants, mais se méfie bien davantage des fantaisies des adultes ». Cette rare éclaircie, cette saillie intelligente parmi d’autres tentatives dialoguées autrement plus commune, finit de nous convaincre que le sujet secondaire eut du être principal, qu’il se suffisait à lui même, et que le marier à une cause d’époque, dont nous ne nions pas l’intérêt d’être véhiculée en tant que telle, nuit bien plus qu’il n’apporte.

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