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Le sel des larmes de qui ?

Mis à jour le 11 juillet, 2020

avec Logann Antuofermo, Oulaya Amamra, André Wilms, Louise Chevillotte, Souheila Yacoub

Les premières conquêtes féminines d’un jeune homme et la passion qu’il a pour son père. C’est l’histoire d’un jeune provincial, Luc qui monte à Paris pour passer le concours d’entrée à l’école Boulle. Dans la rue, Il y rencontre Djemila avec qui il vit une aventure. De retour chez son père, le jeune homme retrouve sa petite amie Geneviève alors que Djemila nourrit l’espoir de le revoir. Quand Luc est reçu à l’école Boulle, il s’en va pour Paris abandonnant derrière lui sa petite amie et l’enfant qu’elle porte…

Ces dernières années, amis lecteurs, nous vous avons pu vous conseiller de découvrir ou de redécouvrir l’oeuvre de Philippe Garrel (le père de Louis n’est-ce pas), tant son cinéma se parle de film en film, tant il suit un fil conducteur tenu, personnel et le plus souvent intemporel. Cet auteur en marche ne s’intéresse pas au mode, mais bien plus à son univers personnel. Il puise ses sujets dans sa propre vie, ordinairement avec justesse, sur le ton de l’interrogation bien plus que de l’affirmation. Une fois n’est pas coutume, Le sel des larmes, que l’on a découvert lors de la dernière Berlinale nous a relativement déçu.

Philippe Garrel livre certes un énième récit sur l’amour, sentiment qu’il continue d’ausculter sous tous ses angles, notamment connexes, mais ici il prend le parti pris de s’intéresser à un jeune homme très différent de ses protagonistes habituels. Son héros, Luc, un jeune égoïste, attaché à son père (André Wilms peu en forme) dont il suit les prérogatives, ne présente pas un caractère cérébral, introspectif ou torturé. Aucune possibilité pour nous de reconnaître ici le père Garrel, qui quelque part, prend le risque de nous parler d’un étranger à lui même. La célèbre formule d’Hugo « Quand je vous parle de moi je vous parle de vous » ne peut ici s’appliquer.

La philosophie de ce jeune homme est simple, il avance et ne se pose pas de questions plus que cela, notamment quant aux affects, aux sentiments qu’il suscite sur son entourage. Difficile de reconnaître la patte Garrel, là encore, son héros semble presque incarner un défi que le réalisateur se serait lancer: parler de son opposé.

Difficile également d’entrer en empathie avec ce personnage aussi fade que léger. De fait, les défauts du film se voient comme rarement. Certaines situations accélérées notamment, provoquent des rires, preuve d’un manque de réalisme; de quelque chose qui échappe. Il n’est pas du tout certain que l’intention était là. Si celle-ci ne se matérialise pas, si le noir et blanc, pour une fois, nous semble beaucoup plus artificiel que pertinent, si la musique, l’un des points forts en général de Garrel ne se démarque pas ou ne rythme pas le film, si l’évolution de la psychologie du personnage, de la lâcheté à l’âge adulte, ne suscite pas plus d’intérêt que cela, peut être tout simplement nous faut-il reconnaître que Le sel des larmes n’est pas un bon opus, malgré son casting intéressant, malgré sa sélection à la Berlinale …

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