Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Dinard2014 – Frank inclassable film britannique

Mis à jour le 26 janvier, 2021

Frank

Frank
Jon se dit musicien… Il parait pourtant bien improbable que son talent (très limité) lui permette un jour de quitter son job ennuyeux et sortir de sa triste banlieue. Et pourtant, par un étrange coup du hasard, Jon se retrouve à jouer du synthé lors d’un concert donné par un groupe excentrique au nom imprononcable. Sous la direction du mystérieux Frank, un savant bizarre portant une fausse tête géante, ils improvisent de la musique expérimentale. Alors que le groupe s’isole dans une cabane à la campagne pour enregistrer un album, ses membres doivent faire face à des tensions tant personnelles que créatives.

Frank fait résolument parti de ces quelques films qu’il est délicat de mettre dans une case. Il oscille entre plusieurs genres, embrasse plusieurs objectifs. On peut parler d’un portrait singulier, retenir le côté musical, ou le regard décalé, probablement le plus prégnant. La construction narrative est simple, chronologique.  Il est avant tout histoire d’un jeune homme, Jon, qui rêve de devenir musicien, compose quelques morceaux dans sa chambre et dans sa tête, le vit très intensément. Il rêve de gloire mais ne se confronte pas à la réalité, son avenir est flou, son talent très incertain et à démontrer. Son charisme n’est pas très naturel, on peut parler d’un Boy Next Door. Une rencontre plus qu’improbable va le propulser sur le devant de la scène, puis à l’enregistrement d’un nouvel album au sein d’un groupe qui repose sur l’immense talent de son leader, le très énigmatique, magnétique Frank. L’homme est conceptuel, dans sa musique comme dans la vie, envoûte littéralement tous les membres de son groupe, qui tous décèlent en lui un génie, un visionnaire, un incompris.  Frank présente cette particularité de ne jamais montrer son visage, sa cachant derrière un masque d’artiste, qu’il porte dans la vie comme à la scène. La communication nécessaire pour que le groupe perce n’est pas le fort des membres du groupe, ni même de leur producteur. Notre jeune homme sera l’homme de la situation.

Le cinéma comprend en général une classification partagée et comprise par tous, quand il s’agit de comédie, drame, mélodrame, western, film policer, et qui donc s’impose, tout comme il existe en musique un premier niveau de classification sur lequel tout le monde arrive à s’y repérer, soul, rock, musique classique, variété, r’n’b, rap, … dés lors que l’on rentre dans des ramifications, des sous genres, la classification devient plus ardue, tout à la fois plus difficile à classer et même à nommer… Ainsi des classifications des sous-familles du rock, voire du métal  pour ne retenir que ces deux seules illustrations, qui d’une part donnent mal à la tête, d’autre part demandent une véritable expertise pour s’y retrouver, et laissent la place grande ouverte à un élitisme qui se joue du caractère abscons, indéterminé.

Quand il s’agit de la définir la musique que compose Jon, on peut sans trop risquer de se tromper, et sans même avoir suivi des études de musicologie, parler de variétés. Quand il s’agit de parler de la musique composée par le groupe mené par Frank que rejoins Jon – on préfère taire le nom tant il est imprononçable même par écrit ! – on se contentera de dire qu’il s’agit de musique expérimentale.  La fusion entre l’univers de Frank et celui de Jon invente nécessairement un nouveau style musical, à part.

Alors pour en revenir à notre réflexion de départ, nous classerons Frank, le film, dans une catégorie très précise : la contre success-story musicale britannique. Et nous en aurons presque trop dit …

Nous rajouterons que nous retrouvons au casting Michael Fassbender ainsi que Magie Gyllenhaal, que Frank est très plaisant à regarder, par instant drôle, souvent décalé, et que le jury du Festival du Film Britannique de Dinard, emmené par sa présidente Mademoiselle Catherine Deneuve a tenu à  souligner le regard artistique du réalisateur en lui décernant, à très juste titre, une mention spéciale de la direction artistique.

 

 

Réalisateur : Leonard Abrahamson
Interprètes : Michael Fassbender , Domhnall Gleeson , Maggie Gyllenhaal , Scoot McNairy
Scénariste : Jon Ronson , Peter Straughan
Image : James Mather
Montage : Nathan Nugent
Production : Ed Guiney , David Barron , Stevie Lee
Source : Protagonist Films

Soyez le premier a laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.