Mis à jour le 29 mai, 2016
Après Alice, Blanche-Neige et la Belle aux bois dormant, c’est au tour de Cendrillon de se voir proposer une adaptation en prises de vue réelle. Le classique de Disney s’inscrit donc à l’intérieur d’une certaine tendance du cinéma hollywoodien contemporain, cette fameuse vague des remakes permettant de cibler deux générations de spectateurs : les aînés, heureux de retrouver les héros de leur enfance, et un public jeune, impatient de découvrir pour la première fois sur le grand écran des histoires au goût d’universel. Mais sous ses allures de produit formaté, Cendrillon, sorti fin août en DVD, pourrait bien révéler quelques surprises.
Reconduire le mythe
Le premier intérêt du film de Kenneth Branagh est de souligner l’importance du mythe de Cendrillon dans la culture américaine, influence dont le classicisme hollywoodien s’est fait le premier représentant. L’opposition sociale sera surmontée par les sentiments et l’entreprise toute individuelle de la jeune femme. Cet optimisme triomphant, qui n’exclut ni doute ni relativisme moral (l’absolu pourra-t-il tenir face au mal incarné?), rappelle celui de Frank Capra, promoteur conscient de l’American Dream. Les archétypes dominent, l’intelligence du scénario, co-écrit par Aline Brosh McKenna et Chris Weitz, consistant à préférer la surface à la profondeur psychologique. Si les origines de Cendrillon (fade Lily James) sont quelque peu éclairées (la mort successive des parents, l’invention du patronyme), le trauma ne résiste pas à l’unité spatio-temporelle du conte, première marque de sa pérennité. La force de l’individu se fonde sur une piété familiale, rappel de la communauté, qui sera amenée à se répéter selon la structure cyclique des mythes.
La tentation du basculement
La mise en scène de Kenneth Branagh, réalisateur de l’excellent Thor (2011), est marquée par la forme du basculement. Les nombreuses plongées scandant le film préfigurent une possible ascension ou la probable chute. Le basculement s’inscrit dans l’instant, espace-temps de la clôture et de l’ouverture, dynamique des possibilités infinies. Le dilemme sentimental se résout à travers une profondeur de champ marquant l’espace d’angles expressionnistes. Le conte, on le sait, oscille toujours entre le rêve et le cauchemar. La bonne fée (Helena Bonham Carter) prend l’apparence troublée de la sorcière, tandis que la marâtre (Cate Blanchett) porte en elle les traces d’un passé douloureux. Dualités dont les oppositions se transforment en complémentarités.
Réussite à double titre, ce Cendrillon nouvelle génération parvient à retrouver l’innocence du merveilleux tout en l’enrichissant d’une forme singulière. La bizarrerie de la photographie mise au service de l’imagerie populaire.
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