Vous trouverez dans les lignes qui suivent nos critiques des films en sélection officielle au 72ème festival de Cannes (#Cannes 2019). En direct du festival, nous commençons par des micro-critiques, quand nous avons un peu plus de temps, nous publions des critiques un peu plus complètes qui viennent remplacer les micro-critiques. Au fur et à mesure du festival, nous vous transmettons ainsi nos coups de coeur et nos coups de gueule. La note maximale que l’on peut donner est ***** correspondant à nos yeux à un chef d’oeuvre, note que l’on donne très rarement, la note la plus basse est – quand on a trouvé le film très mauvais.
EN COMPETITION
The Dead Don’t Die de Jim Jarmusch – OUVERTURE avec Bill Murray, Adam Driver
Dans la sereine petite ville de Centerville, quelque chose cloche. La lune est omniprésente dans le ciel, la lumière du jour se manifeste à des horaires imprévisibles et les animaux commencent à avoir des comportements inhabituels. Personne ne sait vraiment pourquoi. Les nouvelles sont effrayantes et les scientifiques sont inquiets. Mais personne ne pouvait prévoir l’évènement le plus étrange et dangereux qui allait s’abattre sur Centerville : THE DEAD DON’T DIE – les morts sortent de leurs tombes et s’attaquent sauvagement aux vivants pour s’en nourrir. La bataille pour la survie commence pour les habitants de la ville.
NOTRE AVIS: **
Once Upon a Time In … HOLLYWOOD de Quentin Tarantino avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Timothy Olyphant, Kurt Russell, Michael Madsen, Tim Roth, Damian Lewis, Dakota Fanning
En 1969, la star de télévision Rick Dalton et le cascadeur Cliff Booth, sa doublure de longue date, poursuivent leurs carrières au sein d’une industrie qu’ils ne reconnaissent plus.
NOTRE AVIS: **
Malgré de louables intentions, Quentin Tarantino nous propose un film Face B, qui manque d’emporter le spectateur. Sur quasiment trois heures de film, seuls deux instants font réellement sourire/rire. Le premier instant intervient au bout de 53 min, le dernier à la fin …
CRITIQUE PLUS COMPLETE A VENIR
MEKTOUB MY LOVE, INTERMEZZO d’Abdellatif Kechiche avec Shaïn Boumedine,Shaïn Boumedine, Ophélie Bau, Salim Kechiouche, Lou Luttiau, Alexia Chardard, Hafsia Herzi, Kamel Saadi, Sieme Miladi
Dans les années 80, l’été d’un adolescent de quinze ans.
NOTRE AVIS: NON NOTE
Quelle est la part de provocation de Mektoub my love intermezzo ? That’s the question. Deux intentions sont claires, Le première est de proposer un cinéma temps réel, qui puisse produire un effet hypnotique. Comme pour le Canto Uno, Kechiche montre qu’un cinéma de ce genre est possible et qu’il peut présenter de l’intérêt, pour peu que des enjeux s’y glissent. La seconde intention tourne autour des postérieurs féminins, et, doit-on spoiler, de la façon de filmer les femmes, de filmer les scènes de sexe. La question de la morale est sous-jacente. Mais est-ce au critique de cinéma de porter un point de vue à ce niveau ? est-ce au spectateur ? Kechiche lui même livre-t-il son point de vue ? La suite qu’apportera Kechiche à son histoire peut présenter un piège … Quel melktoub s’en suivra pour ces jeunes gens ? Si Kechiche vient à proposer un courroux divin, ceux qui l’auront taxé d’immoralité devront-ils retourner leur veste. Et s’il n’y vient pas, cherche-t-il, ne serait-ce, qu’à provoquer, susciter du débat, ou au contraire, à se jouer des buzz médiatiques ? Il est certain que la critique, face à un film qui filme des corps féminins (principalement des fesses) se trémousser pendant 2h, et propose une scène de sexe dans les toilettes de 45 minutes, se trouve face à un objet cinéma on va dire inhabituel … A-t-on déjà franchi la ligne ? A-t-on spoiler quoi que ce soit ? Plus encore que pour Canto Uno, toute critique d’Intermezzo nous semble littéralement impossible. Il nous faut un tout pour juger, critiquer la partie n’a de valeur qu’au regard du tout. Nous faisons l’impasse donc … Ou bien nous faut-il prendre l’habit du critique de peinture ? Kechiche en conférence de presse exhortait les critiques de cinéma à traduire dans leur critique ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu. Il dresse ici évidemment un parallèle avec ces quelques lignes que nous avons pu lire en introduction de cet intermezzo » Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! « . Oh mince, on nous parle de miracle ? de politique ? – mais au juste, à qui s’adresse ce message – aux spectateurs ? aux critiques ? à tous ? à quelques brebis égarés ? au personnage d’Amin ? Chut … On laisse le public s’exprimer https://twitter.com/i/status/1131740721122299904
Atlantique de Mati Diop avec MAME BINETA SANE, MBOW, TRAORE, NICOLE SOUGOU, AMINATA KANE, MARIAMA GASSAMA, COMBA DIENG
Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers du chantier d’une tour futuriste, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur.
Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre.
Quelques jours après le départ des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage de la jeune femme et de mystérieuses fièvres s’emparent des filles du quartier.
Ada est loin de se douter que Souleiman est revenu…
NOTRE AVIS: **
Little Joe de Jessica Hausner avec Emily Beecham, Ben Whishaw, Kit Connor
Alice créé une nouvelle plante en faisant des croisements et la nomme « Little Joe », surnom qu’elle donne à son jeune fils. Mais soudain, toutes les personnes qui entrent en contact avec les plantations échangent leur corps…
NOTRE AVIS: ***
Les misérables de Ladj Ly avec Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga
Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux » Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
Bien plus qu’une déclinaison de son court du même nom, Les Misérables de Ladj Ly narre le baptême du feu de Stéphane (Damien Bonnard), cherbourgeois tout juste débarqué à la brigade anticriminalité de Seine-Saint-Denis. Sa première interpellation dérape, sous l’œil d’une caméra: le film devrait documenter les méthodes parfois expéditives des forces de l’ordre, le tout dans un style qualifié de “mi-docu, mi-fiction” frayant avec l’esthétique de The Wire.
NOTRE AVIS: ***
https://lemagcinema.fr/films/top/cannes2019-les-miserables-de-ladj-ly-excellent/
Les siffleurs(The Whistlers) de Corneliu Porumboiu
Le film oscillerait entre film noir et comédie de Gangster … Aux îles canaries, débarque Christi, un policier roumain qui trouve sur sa route une femme fatale et un dangereux mafieux mexicain. Nous avions eu la chance de nous entretenir assez longuement avec Corneliu Porumboiu en 2016 …
NOTRE AVIS: **
Malin et sympa, ce braquage à la roumaine est certes déroutant, bien fait et bien ficelé, mais tout de même étonnant de le retrouver en sélection car ce n’est qu’un pur exercice/objet de divertissement sans relief si ce n’est les références sur lesquelles il s’appuie -d’ailleurs glissées.
La mise en scène et la photographie sont dignes d’intérêt. Peut rappeler le monde est à toi en moins potache, plus millimétré, et moins drôle.
It must be heaven de Elia Suleiman
Récit autobiographique, « It Must Be Heaven » raconte l’exil du réalisateur de sa Palestine natale vers un nouveau pays. Le grand retour du cinéaste palestinien en compétition, dix ans après Le temps qu’il reste.
NOTRE AVIS: ****
Le clown Elia Suleiman nous propose un délicieux portrait de trois pays. Brillant, intelligent et drôle, il se retrouvera assurément au palmarès. Un tel cinéma fait du bien dans un festival. Les 6 minutes d’ovation qu’il a obtenu lors de sa première au grand Théâtre Lumière sont amplement méritées, au regard de l’inventivité, du regard, de l’espièglerie et tout simplement de l’intelligence de ce film très concentré, très épuré, à l’écriture visuelle et métaphorique épatante.
Bacurau –Epouvante-horreur, Science fiction, Western de Kleber Mendonça Filho, Juliano Dornelles avec Sônia Braga, Udo Kier, Karine Teles
La description d’une communauté paisible du sertão brésilien…
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Frankie – Drame de Ira Sachs avec Isabelle Huppert, Marisa Tomei, Greg Kinnear
Trois générations d’une famille participent à une expérience d’un jour : un voyage dans la ville historique de Sintra au Portugal.
NOTRE AVIS: **
Frankie est un film qui se construit strate après strate, personnage après personnage, dialogue après dialogue. Sur la forme, on songe à Eric Rohmer, puis à Woody Allen, pour la nature des enjeux cinématographiques: les dialogues et les relations entre un petit groupe d’individus que l’on suit dans un espace relativement restreint. Cependant, l’analogie ne concerne pas la matière qu’Ira Sachs malaxe et retranscrit au travers de chacun de ses personnages. Si elle est comme chez Rohmer et Allen interrogative sur la psychologie, les sentiments personnels, le pan d’étude s’avère moins philosophique, moins intellectuel ou psychanalytique, et surtout autrement plus sombre. Le récit reconstruit en réintégrant les différents indices semés ici ou là témoigne d’un regard bien différent: une noirceur ni mélancolique, ni agressive s’en dégage inéluctablement, insidieusement, avec ceci dit une forme de délicatesse, dans les non dits notamment. Il serait inopportun de dévoiler dans une critique le thème principal de ce film à la plastique dans l’ensemble très ordinaire, car le film repose précisément sur le mystère entretenu sur celui-ci. Néanmoins, l’oeuvre vaut pour les impressions qu’elle renferme, basé sur un doux amer oscillant entre fatalisme, défaitisme, aigreur, mais aussi et surtout horizons nouveaux, horizons futurs
Douleur et gloire (Dolor y Gloria) de Pedro Almodóvar avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia
Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d’autres par le souvenir, dans la vie d’un réalisateur en souffrance. Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L’impossibilité de séparer création et vie privée. Et le vide, l’insondable vide face à l’incapacité de continuer à tourner.
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Matthias et Maxime (Matt & Max) de Xavier Dolan avec Xavier Dolan, Anne Dorval
Une histoire d’amour entre deux meilleurs amis.
NOTRE AVIS: ***
Le dernier Dolan est très intéressant. Le réalisateur Québecois revisite ses premiers thèmes (lui, ses amours, la relation à sa mère), fait preuve d’une maîtrise nouvelle: il fait des choix, recentre son cinéma, et ne cherche plus nécessairement à en mettre plein la vue, pour mieux faire ressortir son sujet. Il fait également le choix fort d’être interprète, et cela n’est pas pour nuire au film. Matthias et Maxime présente, étonnamment ou non, des analogies avec Le portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma, que Xavier Dolan a beaucoup apprécié, mais aussi avec le cinéma d’Almodovar cité dans le film. Outre la forme réussie sans être éblouissante – on peut reprocher quelques longueurs -, Dolan a su séduire le public par les émotions que son film véhicule – des rires (beaucoup plus que Tarantino où la salle était stoïque), des larmes, des cris, des danses, et des non dits.
Le jeune Ahmed de Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne avec Olivier Bonnaud, Myriem Akheddiou
En Belgique, aujourd’hui, le destin du Jeune Ahmed, 13 ans, pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie.
NOTRE AVIS: **
Un Dardennes qui se regarde assez facilement. Fluide, épuré, ils n’inventent rien mais s’appuient sur ce qu’ils savent faire, et ils le font plutôt bien, même si à notre niveau on préférait quand ils appuyaient plus forts sur la pédale. L’amour sauvera-t-il notre jeune Ahmed ?
Sorry We Missed You de Ken Loach avec Kris Hitchen, Debbie Honeywood
Un couple modeste tente de survivre tant bien que mal.
NOTRE AVIS: **
#SorryWeMissedYou, comme annoncé, est … Loachien. Nulle surprise donc. Ce seul qualificatif pourrait presque valoir critique, tant son style s’évertue film après film à répéter d’inlassables motifs, à dénoncer le quotidien proposé à la majorité, classes ouvrières ou moyennes, et par ce prisme, le destin réservé. Le ciel est d’emblée gris, quelques éclaircies, toujours très humaines peuvent paraître. Mais la machine- la société, le capital, le système – reprend(ra) ses droits, le calme autorisé annonce des tempêtes inéluctables, pour lesquelles aucun compte ne sera rendu. Juger un film de Ken Loach reviendrait-il à compter les larmes sous-tirées (ou pas) ? Notre position de critique cinématographique, est, comme avec les Dardennes, délicate. Que doit-on juger, analyser, les ressorts dramatiques, le procédé technique, l’opinion politique ? Doit-on juger la portée de l’oeuvre de Ken Loach, celle d’un opus parmi d’autres ? Doit-on regretter sempiternellement que Loach ne soit pas Lynch, Dolan ou Dumont ? Qu’il compte parmi les persona grata, ceux à qui la Sélection Officielle ouvre ses portes de manière quasi automatique ? Ou au contraire s’en féliciter ? Doit-on juger de sa maestria cinématographique, de sa capacité à émouvoir ou à manipuler, relever chaque variation, chaque nuance ? Peut être. Plastiquement, l’image de Loach vise l’ ordinaire quand la question sociale contemporaine prime, comment et pourquoi le lui reprocher ? L’effet principal recherché est le miroir, le moins déformant possible. On peut, si besoin en est, lui louer une certaine acuité, une capacité d’observation et d’analyse très au dessus de la moyenne. On peut aussi louer son combat, la suite qu’il met dans ses idées. Des larmes de Joy à celles de ces autres héros. Sorry we missed you vous plongera dans l’univers moderniste ou le rêve est promis à l’auto-entrepreneur, par de grandes sociétés telles Amazon (non cité). Le canevas politique est posé, l’une des qualités de Sorry we missed you est de le dépeindre avec parcimonie, pour mieux en faire ressortir la perversion, le caractère insidieux. Loach prend aussi le plus grand soin à démontrer la relation très directe entre l’argent et le temps; et le choix qui très souvent s’impose à chacun – si vous avez l’un, vous n’aurez pas l’autre. Le drame n’est jamais loin, la question pour le spectateur par trop habitué est de savoir précisément quand il arrivera, sous quelle forme, et avec quel degré de surprise. La fluidité du récit s’avère naturelle, l’immersion proposée dans le quotidien d’une famille, le temps accordé aux interrelations, permet d’éviter l’écueil de l’artifice, et de rendre compte avec justesse; le processus d’identification peut démarrer. Notre héros aura ses faiblesses, il sera courageux, vertueux; mais ses faiblesses referont surface; voilà l’une des recettes du maître britannique pour que le spectateur entre en empathie. Sans connaître les ficelles, ça marche toujours (les palmes d’or passées en attestent), quand on les connaît, il faut précisément s’en abstraire, pour, comme qui dirait, laisser parler notre cœur. Et comme tous les cœurs sont différents, nous ne saurions imposés le nôtre … Loachien, voilà …
Une Vie cachée (A Hidden Life) de Terrence Malick avec August Diehl, Valerie Pachner
L’histoire de Franz Jägerstätter, fervent opposant au régime hitlérien, qui fut exécuté à l’âge de 36 ans par les Nazis en 1943 puis reconnu martyre en 2007 par Benoit XVI et béatifié par l’Eglise catholique.
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma avec Noémie Merlant, Adèle Haenel
Sur une île isolée en Bretagne, à la fin du XVIIIème siècle, une peintre est mandatée pour faire le portrait de mariage d’une jeune femme.
NOTRE AVIS: ****
Sibyl de Justine Triet avec Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos
Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste depuis dix ans. Poussée par le désir d’écrire à nouveau, elle se résout à quitter la majorité de ses patients. Alors qu’elle manque d’inspiration, une jeune femme la contacte un soir et la supplie de la recevoir. Sibyl finit par accepter. Les révélations de Margot vont peu à peu bouleverser la vie de Sibyl…
NOTRE AVIS: ****
Sibyl est labyrinthique, très surprenant de plan en plan. Il dresse un portrait féminin, bien aidé par les très convaincantes interprétations du duo Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, qui font ressortir les différentes facettes de leurs deux personnages qui pourraient n’en composer qu’un seul. Alternant avec brio entre réalité, fantasmes, souvenirs, le récit comprend des instants hautement bunueliens, et se paye le chic d’embrasser des thématiques nombreuses. La psychologie, le monde de l’édition, le désir féminin, le rapport à l’enfant ou à l’avortement, l’alcoolisme, sont ainsi quelques uns des thèmes traversées ou sur lesquels Justine Triet s’appuie pour nous proposer une histoire complexe, intrigante de bout en bout, en ce qu’elle traduit simplement à l’écran une réalité psychologique, pleine de nuances, subtilités et petites complexités.
Nan Fang Che Zhan De Ju Hui (The Wild Goose Lake / Le Lac des oies sauvages. ) de Diao Yi’nan avec Ge Hu, Tang Wei
L’histoire d’un voleur au centre d’une chasse à l’homme et sa tentative désespérée de rédemption.
NOTRE AVIS: **
L’image est sublime; le thriller particulièrement stylé. Le récit, tout comme celui de Black Coal est labyrinthique, et le spectateur ne peut que s’y perdre, ce qui est l’effet recherché (le spectateur doit remettre dans l’ordre les pièces du puzzle). Pourtant Black Coal présentait un réalisme plus prenant, il dressait un portrait intéressant de la Chine d’aujourd’hui, quand Le Lac des oies sauvages semblent beaucoup plus nous proposer un récit fabriqué pour le besoin du cinéma. La pègre, les vols de mobs, les luttes entre caïds, ne sont pas des motifs d’une grande originalité, et les Dao Yinan oublie de développer une intrigue psychologique. Le mystère, l’énigme sont bien au rendez-vous, la beauté plastique de l’objet est indéniable dans son ensemble avec quelques saillies visuelles du plus bel effet mais on en reste dans ce cas à un bon thriller noir, et non sur un prétendant au palmarès cannois.
Parasite de Bong Joon-Ho avec Song Kang-Ho, Sun-kyun Lee
Ce septième long-métrage de Bong Joon-Ho met en scène la vie de deux familles de milieux sociaux opposés et la convergence de leurs destins suite à un incident
NOTRE AVIS: **
Beaucoup donne Parasite au palmarès … Ce ne sera aucunement notre cas. Si la fable sociale proposée démarre avec un certain dynamisme, si l’humour fonctionne plutôt bien dans la première partie du film et se marie avec une mise en scène, une image intéressantes à défaut d’être remarquables, la seconde partie, et en suite, le final, nous perd. Là où il y avait la place à un portrait féroce ou doux amer, là où il y avait la place au pamphlet, à l’argumentation qui explore une thèse et son contraire, là où la métaphore du parasite méritait un traitement similaire à celui qu’avait choisit Pasolini pour son Théorème – une grande rigueur, Bong Joon Ho s’égare totalement en privilégiant l’exercice de style à l’exercice intellectuel. Sa plume se met au service de son scénario, elle bricole de rebondissements qui se veulent porter un intérêt dramatique, quand le ressort eut été justement d’approfondir, de creuser et nullement de divertir. Joon Ho nous sert tout au plus un divertissement acceptable, mais aucunement un objet cinématographique de haut rang. Dommage, on aimerait tellement qu’il retrouve le ton si particulier que l’on découvrait dans Memory of Murders.
Roubaix, une ville de lumière d’Arnaud Desplechin avec Roschdy Zem, Léa Seydoux
A Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale, et Louis fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes et terrifient Louis…
NOTRE AVIS: ***
Roschdy Zem tient le film tel un Ventura ou un Depardieu. Le pari de Desplechin de s’essayer au genre policier est réussi. Il propose une tonalité jazzy, lyrique, douce amère, qui trouve son écho dans l’interprétation magistrale de Roschdy Zem, et plus généralement de l’ensemble des interprètes (Léa Seydoux, Sarah Forestier notamment). Nous sommes quelque part entre Garde à vue et Police sur le fond, sur un thème pas nécessairement si éloigné de celui des Misérables de Ladj Lee, mais sur la forme, Desplechin opte pour le contraire du film coup de poing, le film harmonieux, léché, qui se joue des variations, des clairs obscurs, sonores comme visuels. Les paroles apaisées ne sont jamais aussi entendues que lorsque’elles sont précédées de dérapages verbaux. Desplechin, via le personnage qu’il confie à Roschdy Zem, un commissaire issu du cru, fait l’apologie de la méthode douce; cherche à véhiculer un message d’espoir. Le titre étonne mais participe à la logique d’ensemble; il ne s’agit pas de choquer, de rentrer dedans, de dire ses intentions avec force, non, il s’agit de peindre une réalité sociale, de chercher à la comprendre, de brosser quelques portraits, de faire ressortir une vérité quotidienne.
Le Traître de Marco Bellocchio avec Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Cândido, Fabrizio Ferracane, Luigi Lo Cascio, Fausto Russo Alesi, Giovanni Calcagno, Bruno Cariello, Elias Schilton
Tommaso Buscetta, alias Don Massimo, ancien homme fort de Cosa Nostra, collabore avec le Juge Falcone pour démanteler la mafia. Considéré comme traître, il défend pourtant les véritables valeurs de Cosa Nostra face aux crimes des Corleone menés par Toto Riina. Qui des deux est alors le véritable « traître » ?
NOTRE AVIS: ****(*)
Candidat crédible à la palme d’or et probable au prix d’interprétation masculine – en concurrence avec Roschy Zem, en mode Ventura, dans le Desplechin. Lyrique, ambitieux, puissant, cet opéra historique résonne au delà de l’histoire italienne. Du cinéma intemporel ! Bellochio prouve qu’il sait comme personne marier grand sujet politico-historique et grand film. Là où un Tarantino s’essaye noblement à recréer un univers de bric et de brac, en usant de sa culture Face B, en s’appuyant sur une anecdote qui ne lui appartient pas, et en misant sur quelques unes de ses facilités pour qu’un tout se forme, Bellochio lui s’attaque à l’événement le plus important qui a marqué l’Italie entre 1980 et 2000, il cherche et trouve une forme étonnante, et ne s’efface pas par rapport à son sujet. Jamais il ne s’en détache. Avoir choisi le point de vue du traître s’avère une réelle prouesse, le regard qui est porté n’en est que plus troublant, tout à la fois de biais, et à l’intérieur même de Cosa Nostra. Coppola, lui même, aurait échoué dans cette entreprise, il n’aurait pas osé la rupture de style – Il Traditore dans ces premiers instants nous fait croire que Bellochio s’essaye à un Parrain IV – , il n’aurait probablement pas eu cette idée magistrale d’amplifier le portrait individuel en esquissant un opéra parallèle. Bravissimo.
HORS COMPETITION
La Belle époque – Comédie dramatique de Nicolas Bedos avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier
Un couple en crise. Lui, désabusé, voit sa vie bouleversée le jour où un entrepreneur lui propose de replonger dans l’époque de son choix.
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Rocketman de Dexter Fletcher avec Kit Connor, Taron Egerton
Rocketman est l’épopée rock d’une star au destin exceptionnel.
Biopic consacré au chanteur Elton John et à son fantastique destin, le film retrace la vie de la star britannique depuis ses années d’enfance jusqu’à son avènement en tant que rock star interplanétaire !
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Les Plus Belles Années de Claude Lelouch avec Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée
Une nouvelle suite du classique « Un homme et une femme ».
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Maradona d’Asif Kapadia
Le 5 juillet 1984, Diego Maradona est engagé par le club SSC Napoli pour un montant inédit qui établit un nouveau record du monde : pendant sept ans, le « gamin en or » accomplit des miracles. Il faut dire que le footballeur le plus mythique de la planète trouve vite ses marques dans une ville où l’on dit que même le diable a besoin de gardes du corps…
Si Maradona semble avoir la grâce sur le terrain, il a moins de chance dans sa vie personnelle. Et quand la magie s’est dissipée, il est presque devenu captif de la ville…
MARADONA est le récit déjanté et inoubliable d’un homme au talent exceptionnel, mêlant gloire, désespoir, trahison, corruption et rédemption.
Après Arton Senna, après Amy Winehouse, un nouveau portrait documentaire d’Asif Kapadia.
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR
Too Old To Die Young – Série de Nicholas Winding Refn
Les épisodes 4 et 5 de la série seront diffusés.
Musique, éclairage au néon, extérieurs nuit…L’univers de Refn comme l’annonce Thierry Frémaux.
NOTRE AVIS: A VENIR
MICROCRITIQUE A VENIR