Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Oui de Nadav Lapid

Mis à jour le 23 mai, 2025

Un film de Nadav Lapid

Avec: Ariel Bronz, Naama Preis, אפרת דור, Алексей Серебряков, Sharon Alexander

Israël au lendemain du 7 octobre. Y., musicien de jazz précaire, et sa femme Jasmine, danseuse, donnent leur art, leur âme et leur corps aux plus offrants, apportent plaisir et consolation à leur pays qui saigne. Bientôt, Y. se voit confier une mission de la plus haute importance : mettre en musique un nouvel hymne national.

Nadav Lapid le dit sur la scène du Théâtre Croisette, Oui était probablement le film le plus important qu’il ait pu faire, et son trac n’était pas feint au moment de le dévoilé au public. Lancé avant le 7 Octobre, le film prend un tour bien différent, et devient une vitale nécessité pour l’artiste, qui retrouve sa verve expérimentale si notable sur Synonymes. Son ouverture, en comédie musicale endiablée, critique de la vulgarité est un modèle du genre, dynamique, parfaitement chorégraphiée, mis en scène, en sons et en images, la première partie annonce un film flamboyant. La suite nous donnera tort, le réalisateur Israelien, qui entretient de longue date avec son pays une relation d’amour haine, cherchera avant tout à nous faire partager les opinions, pouvant changer, d’un pianiste artiste qui après le 7 Octobre nourrit un sentiment de vengeance et rompt l’équilibre endiablé qu’il pouvait avoir avec sa femme Yasmine, et leur progéniture. Bien entendu, comme souvent chez Lapid, les personnages sont abstraits, ils représentent des entités, dont les pensées les dépassent largement. De façon certaine, plutôt qu’Y et Yasmine, le couple aurait pu tout aussi bien se nommer Israel et Palestine. Lapid nous livrera tout le long des 2h30 du film une diatribe anti-hymne, anti-nationaliste, en faisant appel à l’intelligence du spectateur. A l’image de Pasolini, il ose nous faire partager les abjectes pensées de son héros principal, puis sa légère remise en question. Il n’opte pas pour la neutralité, ou la saine distance, au contraire, il choisit de suivre ses pas, ses pensées, parfois de façon explosive. En contre champs, la guerre, Israel qui se venge de la Palestine, Netanyahu qui prend des décisions de plus en plus radicales et inhumaines. Mais aussi, le récit horrifique, détails à l’appui des attentats terroristes du Hamas le 7 Octobre. Une caméra qui tremble, des sons qui explosent, Lapid ose. Parfois trop, parfois trop longuement ou de manière trop répétitive. Mais il ose. jusqu’à l’humour, imprévu, sorti de nul part. Jusqu’au regard caméra, et au dialogue adressé au spectateur: qu’aurait-il fait s’il était Israelien ? La question est posée, en dénonciateur radical du fascisme, du populisme, de l’attentisme, Lapid clive. Oui sera applaudi comme sifflé, parfois pour de mauvaises raisons (opinions politiques arrêtées, quand le film cherche au contraire à traduire la multitude de composantes à prendre en compte, et donc, la relative complexité de la question).

Soyez le premier a laisser un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.