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La zone d’intérêt de Jonathan Glazer

Mis à jour le 5 février, 2024

Un film de Jonathan Glazer

Avec: Sandra Hüller, Christian Friedel, Ralph Herforth, Maximilian Beck

Seconde Guerre mondiale. L’histoire d’amour compliquée entre un officier nazi et la femme d’un kapo. Ce dernier tente de contourner l’horreur génocidaire mais il commence à avoir des soupçons envers son épouse.

Notre avis 1: ***

Il serait étonnant que le très Hanekien The Zone Of Interest ne reparte de Cannes sans prix, essentiellement pour saluer son concept et ce en quoi il renvoie à l’un des pouvoirs de l’art Cinéma. La forme narrative retenue, qui en éludant l’abject l’évoque de tout son long, suit une approche qui n’aurait pas déplu à Akerman, ou même Wang Bing, pas si éloignée du travail d’un documentariste donc, interroge sur les intentions véritables de Glazer sur ce projet. Comme Tran Anh Hung, il nous parle au premier degré d’un sujet qui lui tient à cœur et qui lui semble actuel, assurément, mais ce faisant, il renvoie à une situation présente, à un état actuel du Monde, du moins peut-on l’imaginer, puisque les choses ne sont pas si explicites … L’expérience pour le spectateur, confronté à ce hors champs évocateur, ne peut qu’être troublante, voire forte. Ceci-dit, visuellement, comparativement à Under the skin, nous sommes relativement déçu par les parti-pris de Glazer. Léché, précis, cadré, étudié, froid – glacial, The Zone of Interest laisse très peu de place à la fantaisie ou à l’ornement, ce qui certes évite la faute de mauvais goût sur un sujet grave, et toujours sensible, mais nous étions en droit d’attendre une prise de risque plus importante, et des propositions qui, à l’instar de celles d’Under the skin, confirmerait la singularité plastique de son auteur. Ici, tout semble trop calculé, maîtrisé. Sur un sujet similaire, le choc visuel ne vaut pas celui que procure l’incinérateur de cadavres, sur des thématiques également hautement sensibles – et provocantes, il n’égale pas non plus la richesse esthétique d’Orange mécanique, de The house that Jack Builts ou même de Taxi Driver, chacun de ses chefs d’œuvre tendant à normaliser avec provocation l’insoutenable, Glazer se range bien plus dans une démarche explicative – malgré tout- et austère à la Haneke (Le ruban blanc) au final plutôt maladroite et sans une force qui lui soit propre. Si le travail sur le son reste remarquable, si le film regorge de bonnes idées dans sa mise en place, si les situations mises en avant se reflètent parfaitement avec la société actuelle, permettant, comme le souhaitait Glazer d’inscrire le récit non seulement au présent, mais plus encore en résonnance d’un avertissement sur l’avenir – évitant de parler au passé, jusqu’aux costumes refaits à neuf pour sembler plus à la mode,- the zone of interest fait parti de ses quelques films qui procure une sensation immédiate étrange, paradoxale, méritant d’une part maturation et prise de recul, mais d’autre part dont on doute qu’elle puisse continuer d’imprimer la rétine et nos mémoires comme Under the skin parvenait à le faire.

Notre avis 2: ***

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