Mis à jour le 6 septembre, 2023
Un film de Bradley Cooper
Avec: Bradley Cooper, Carey Mulligan, Maya Hawke, Sarah Silverman, Sam Nivola, Matt Bomer, Michael Urie, Gideon Glick, Miriam Shor, William Hill
Le mariage de Leonard Bernstein avec Felicia Montealegre sur une période de trente ans. Ainsi que les relations homosexuelles de Bernstein et dont sa femme était parfaitement au courant.
Notre avis: ***
Bradley Cooper confirme avec Maestro que son approche au cinéma est bien, comme entrevue dans A star is born, celle d’un artiste, qui s’intéresse à la chose formelle mais aussi à la matière humaine qui vient naturellement à interagir entre un artiste, son art et sa vie. Tout comme pour A star is born, il sonde ce qui fait la grandeur d’un artiste, l’amène au plus haut, sa détermination, son talent, ses dons, qu’il met en avant avec brio et un très remarquable souci du détail et de la précision (que ce soit les chorégraphies au cordeau, ou les éléments techniques, comme ici les gestes d’un chef d’orchestre compositeur) en contraste avec ce qui le détruit, le tire vers le bas, le ronge, ses démons, ses errements. Bradley Cooper au delà du portrait d’un homme très connu et réputé aux USA, trouve un point d’équilibre intéressant entre l’exercice admiratif, et la révélation sur les zones d’ombre, travaillé avec une justesse qui nous fait supposer que comme tant d’autres avant et après lui, en parlant d’un autre, il nous parle un peu de lui même, mais aussi de nous même. Outre ses qualités formelles évidentes, qu’elles soient techniques (photographies, chorégraphies, montage) ou plus artistiques (mise en scène inventive, travail très intéressant sur les transitions entre les scènes), Maestro surprend par sa qualité d’écriture qui survient ici ou là, au détour d’une dispute dans le couple, plein d’intelligence, de qualité littéraires, et de non dits très éloquents, ou par sa capacité à éviter les pièges récurrents de vouloir jouer avec une matière sensible: montrer, appuyer, souligner, suggérer de façon pataude. Cependant, comme cela pouvait déjà être le cas dans son premier film, à trop se concentrer sur certains aspects de son personnage, à vouloir suspendre le temps sur certains épisodes et l’accélérer sur d’autres, le film perd en intensité une fois le décor et les intentions narratives posées. Puisque nous savons que le portrait ne sera ni blanc ni noir, que l’image de l’homme l’enfermera dans un mensonge difficile à assumer, le deuxième tiers du film tend à faire un peu du surplace, tandis que l’effet de la maestria formelle tend à s’estomper. Comme si souvent, une impression d’un manque d’un « petit quelque chose », – et nous ne parlons certainement pas d’un instant WTF ! – commence alors à germer, qui nous empêche de pleinement rentrer en empathie avec le personnage, son environnement, et de considérer Maestro comme une oeuvre majeure, candidates aux plus hautes marches. Peut-être consécutivement à ce choix de sujet, cet ilôt Etats-Uniens (Bernstein, fierté américaine plus qu’universelle) ? Peut-être en lien avec le caractère ordinaire de parler d’une personne ayant connu le succès (plutôt que l’échec ?) ? Peut-être pour ne pas avoir réussi à dépasser le seul « constat », pour proposer un regard plus sidérant, ou précisément, pour avoir fait le choix de l’équilibre plus que du déséquilibre ?
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