Un film de Giorgio Diritti
Avec: Franz Rogowski, Christophe Sermet, Valentina Bellè, Noemi Besedes, Joel Basman, Oliver Ewy, Christian Bianco
Lubo est un Yéniche et son histoire se déroule dans le contexte de la persécution des gitans en Suisse à la fin des années 1930.
Notre avis: **(*)
Lubo, nouveau film de Diritti à qui l’on doit je voulais me cacher, en possède peu ou prou les même qualités, celle notamment qui consiste à raconter, efficacement, avec fluidité, une histoire intriguante, comportant ses instants épiques, à mettre en avant un acteur qui parvient à se saisir de sa différence pour en faire une force, le tout de façon romanesque et classique. Dans ses deux premiers tiers, Lubo semble même très fortement s’inspirer de deux réalisations franco italiennes des années 80, puisque notre héros (très crédible Franz Rogowski) nous rappelle deux interprétations bien connues d’Alain Delon, d’une part l’élégance et le métier de Mr Klein, le mystère entourant son activité de marchand d’art et la résonnance que cela peut avoir avec l’horreur de l’holocauste, et d’autre part, le destin qui change du tout au tout, après qu’une rencontre fasse naître un plan de changement de vie, d’identité comme le héros de Plein soleil … Dans son troisième tiers, le récit s’évertue alors à reprendre une intrigue un temps laissée en chemin, mais pourtant centrale, une valeur de notre héros criminel, une promesse qu’il s’est faite à lui même, qui le hante et justifie le moindre de ses actes, le moindre de ses mouvements, qui résiste au temps qui passe, aux épreuves de la vies, qu’elles soient positives (tomber amoureux, reconstruire une famille) ou négatives (nous les tairons pour ne pas divulgâcher). De la sorte, Diritti emmène son récit un cran plus loin, non pas sur le registre purement émotionnel (qui fonctionne plutôt bien du fait d’un rythme patient sans être pesant, sans trop de fausses notes) mais du point de vu de la résonnance historique. En effet, l’acharnement de notre héros pour retrouver ce qu’on lui aura voler, lui fera découvrir des secrets bien gardés, relevant bien plus de l’Histoire que du simple fait divers. Ces trois heures passées auprès de notre héros, à la duplicité curieuse, à suivre sa quête, les hauts et les bas que le sort lui réserve, permettent en effet de rappeler le traitement très particulier qui fut réservé aux populations d’origine tsiganes pendant la seconde guerre mondiale, les actes ignobles envers leurs enfants, sous couvert de charité. Récit certes au passé, mais probablement à considérer comme un avertissement vis à vis des temps présents, à effet de mémorial.
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