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La Venue de l’avenir de Cédric Klapisch

Mis à jour le 31 mai, 2025

Un film de Cédric Klapisch

Avec: Suzanne Lindon, Abraham Wapler, Vincent Macaigne, Julia Piaton, Zinedine Soualem, Paul Kircher, Vassili Schneider, Sara Giraudeau, Cécile de France, Olivier Gourmet

Aujourd’hui, en 2024, une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’ils vont recevoir en héritage une maison abandonnée depuis des années. Quatre d’entre eux, Seb, Abdel, Céline et Guy sont chargés d’en faire l’état des lieux. Ces lointains « cousins » vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison. Ils vont se retrouver sur les traces d’une mystérieuse Adèle qui a quitté sa Normandie natale, à 20 ans.

Comme cela était déjà le cas avec En Corps, Cédric Klapisch semble envoyer un message envers les critiques, la presse, mais aussi le public, une demande de reconsidérer son cinéma passé, de le reconsidérer lui même comme un cinéaste qui ne serait pas que populaire, mais un cinéaste avant tout, qui s’intéresse certes à proposer à son public un divertissement efficace, à ne pas avoir honte de verser dans le cinéma « populaire » et à fidéliser son spectateur à mesure qu’il l’entraîne dans une suite générationnelle, qu’il raconte des tranches de vie que la plupart des français ont pu vivre, en contraste par exemple avec l’élitisme de certains de ses comparses des années 90 (on pense évidemment à l’élitisme d’un Desplechins, au désenchantement général du jeune cinéma des années 90, qui avaient souvent pour héros, comme pour la Nouvelle Vague, des protagonistes issus de la bourgeoisie), mais qui pour autant n’est pas insensible, loin de là, à la question de l’art, en général, à la peinture ici en particulier, et qui sait faire part, avec intelligence de ses réflexions personnels pour mieux les partager avec le plus grand nombre, sans condescendance. Un cinéaste qui cherche à proposer du cinéma, et se risque à des films moins accessibles, plus intelligents, mais tout aussi sincères, et qui cherche à se confronter à un exercice de style périlleux, réservé aux plus adroits, aux plus rigoureux, le film à costume. La mise en place de La venue de l’avenir se révèle étonnamment longuette pour un réalisateur dont en général nous pouvons affirmer qu’il possède un sens certain du rythme (de la comédie plus précisément). En nous présentant un à un plusieurs membres d’une famille qui se recompose (thème récurrent de ses comédies, la famille chez Klapisch inclut très souvent les amis, en cela, il nous rappelle l’attrait que Sautet avait pour les films où le collectif jouait un rôle essentiel, avant que l’intime dans la seconde partie de sa carrière ne vienne à prendre le dessus, avant qu’il n’ose le portrait autrement plus individuel, en toute indépendance de tout collectif), il tarde à lancer à proprement parler son intrigue, mais ne manque pas de glisser quelques pensées positives, une forme d’optimisme toute naturelle parfois agaçante, emplie de bons sentiments que rien ne pourrait réellement contredire ou entacher. L’exercice de style se révèle cependant plutôt attractif sur le plan technique, le soin apporté aux décors ou costumes n’ayant pas grand chose à envier aux classiques du genre (du côté de Tavernier, Claude Berry ou même d’Alain Corneau par exemple, autres cinéastes jadis attachés au cinéma populaire) et maintien en éveil malgré le peu de rebond narratif. Mais cette mise en place comporte aussi un autre attrait, du point de la narration précisément, et du pari osé que Cédric Klapisch tente, que n’aurait par renié un Claude Lelouch en pleine fougue, celui de confronter et d’entremêler 2 époques (La belle histoire !), de construire une intrigue pas à pas, élément après élément, pariant sur la patience, mais aussi l’appétit du spectateur à vouloir de lui même apprendre par étapes sur l’identité de chacun, sur le mystère ou le secret qui met en mouvement la famille, tout en reposant sur la faculté des interprètes pour apporter une touche de facétie qui aide aisément à classifier socialement et humainement de leur personnages (Savoureux et éclectique Vincent Macaigne, touchant, humble et rassembleur Zinedine Soualem, sensible et classieuse Suzanne Lindon, très à l’aise en costume, maladroit Kircher – au propre comme au figuré-, magnétique Vassili Schneider – comme ses deux frères, dont il semble le parfait milieu, méconaissables Cécile de France et Olivier Gourmet) . Avec En Corps nous ressentions le besoin de Cédric Klapsich de s’essayer à une forme et à un fond relativement nouveau pour lui, et nous sentions déjà un besoin de reconnaissance, qu’un festival comme Cannes lui avait jusqu’alors toujours refusé, La Venue de l’Avenir prolonge cette aspiration, et même s’il était présenté en séance spéciale, le film vaut largement bon nombre de films en sélections Cannes Première, voire un Certain Regard, et les séances en avant premières le confirment, le public s’y retrouve et embarque avec plaisir dans le voyage dans le temps et le regard dans le rétroviseur (plus d’un un siècle en arrière) ici mis en perspective de notre époque.

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