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Fuori de Mario Martone

Mis à jour le 21 mai, 2025

Un film de Mario Martone

Avec: Valeria Golino, Matilda De Angelis, Elodie, Sylvia De Fanti, Stefano Dionisi, Francesco Gheghi, Antonio Gerardi, Corrado Fortuna

L’histoire de la comédienne et écrivaine italienne Goliarda Sapienza, une figure du XXe siècle aux nombreuses facettes dont le roman L’art de la joie, publié de manière posthume, a récemment été transposé dans la série TV L’arte della gioia.

Fuori de Mario Martone ne mérite sans doute pas sa place en sélection officielle de Cannes. Il s’agit peut-être même du film le plus faible en ce qui concerne la qualité cinématographique vu en compétition jusqu’à présent. Visuellement et narrativement, il ressemble à un épisode d’une série médiocre, monotone et sans intérêt, particulièrement ennuyeux dans sa première partie, mais un peu plus dynamique dans la dernière demi-heure, quand la relation d’amitié entre les deux personnages principaux évolue et prend la forme d’un amour lesbien complexe, quand quelques motifs reviennent et quelques idées de mise-en-scène s’invitent dans le cadre: la scène où les deux femmes commandent du whisky dans un bar, faisant écho à une scène similaire au début du film, ou celle encore où une ex-prisonnière chante une chanson face aux fenêtres de la prison tandis que s’entendent les voix puissantes des détenues chantant avec elle. La scène finale est également belle, avec les correspondances des prisonnières dans une valise et la gare en arrière-plan (cette scène m’a fait penser à l’inoubliable “Julia” de Fred Zinemann). Mais le cinéaste, dès le début, hésite entre un portrait individuel et un portrait collectif, perdant beaucoup de temps avec un récit qui ne trouve pas sa direction, où les va-et-vient temporels (entre la période en prison, avant et après) semblent insignifiants. Fuori est une ode à la sororité et à la liberté des femmes que la société a piétinées et enfermées, dans un contexte politique tendu. Un beau sujet globalement gâché car on trouve trop peu de “cinéma” dans l’approche de Martone.

S.F.

Fuori traite de manière étrange un sujet littéraire. Le film certes parvient à diffuser une réflexion sur la liberté, l’enfermement, le conditionnement, et surtout la condition féminine. Certes, il parvient dans son final à surprendre et à relever la tête, explicitant ce que nous venions de voir, une sorte de Thelma et Louise intellectualisée, apaisée, et italiannisée, mais Martone ne parvient pas à nous subjuguer plus que cela, ni à nous embarquer, ni à nous émerveiller, du fait d’un ensemble esthétiquement neutre. Le portrait qu’il livre de son héroïne, une écrivaine reconnue post mortem, aux écrits restés pendant très longtemps confidentiel, permet d’embrasser sa réflexion, et d’essayer d’en proposer une mise en images, parfois de façon métaphorique, mais le concept philosophique qui se cache derrière cette pensée profonde, hautement symbolique qui rapproche l’enfermement en prison de l’enfermement domestique, qui raccroche à la pulsion de vie que la liberté peut procurer, notamment la liberté de briser des tabous, en lui, restait difficile à saisir, et Martone s’en voit obligé de terminer son film avec des images d’archive de Goliarda Sapienza l’exposant elle-même.

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