De Gints Zilbalodis, Matīss Kaža
Un chat se réveille dans un univers envahi par l’eau où toute vie humaine semble avoir disparu. Il trouve refuge sur un bateau avec un groupe d’autres animaux. Mais s’entendre avec eux s’avère un défi encore plus grand que de surmonter sa peur de l’eau ! Tous devront désormais apprendre à surmonter leurs différences et à s’adapter au nouveau monde qui s’impose à eux.
Notre avis : **
Présenté à la sélection Un Certain Regard à Cannes, Flow de Gints Zilbalodis est un bain d’eau et de verdure qui se limite pourtant au strict minimum puisqu’il s’agit de suivre un chaton au cours de son épopée survivaliste lors d’un déluge digne de l’épisode biblique de la Genèse, dans une nature parfois accueillante, parfois hostile, mais toujours belle, qui transforme l’œkoumène en surface marine dont seuls dépassent les plus hauts arbres et sommets.
Ce qui fait l’intérêt de ce film qui se réduit donc à suivre un chat, animal fédérateur s’il en est sur les réseaux sociaux, comme si l’on était dans un jeu vidéo derrière un First Person Shooter en passant de tableau en tableau, ce sont les travellings incroyables réalisés par simulations 3d, toute l’animation étant faite de façon numérique. Les possibilités des caméras y sont illimitées et le réalisateur se sert de cette opportunité pour nous faire ressentir tous les chocs, chutes, sauts, contacts, courses, de l’animal en usant de travellings avant, arrières, circulaires, aériens, suivant cette prise de vue « atmosphérique » qui caractérise la 3d.
Même si Flow pêche parfois par son graphisme qui laisse trop voir la technique numérique et ressemble à une cinématique de jeu vidéo, le design est cohérent et attrayant au point que le véritable voyage devient précisément celui de la compréhension des possibilités de cette technique. En cela Flow est un film étonnamment didactique, qui pallie l’absence de narration « humainement psychologique » par la démonstration en acte de la virtuosité permise par une technologie. Il faut reconnaître aussi que les interactions entre les animaux et la thématique de la survie suffisent à soutenir une tension narrative et émotionnelle importante.
Ainsi la dimension escapist de l’animation est due à la reconstitution à la fois vidéoludique et cinématographique d’une nature foisonnante d’un vert tendre propre à la forêt lettone mais aussi de combes, de montagnes, de lacs, de villes antiques, de pics rocheux, de fonds marins qui rappellent les grandes épopées immersives de la série Avatar de James Cameron. Il y a également dans Flow un incroyable travail sur la bande son qui permet de ressentir toutes les matières, les textures, les densités, les hauteurs de son, les chants et bruits d’animaux, les écoulements. Autant qu’une expérience visuelle immersive Flow est une expérience auditive immersive assez complète.
Même si la course sans fin du chaton avec son arche de Noé laisse des moments de creux, le dépaysement de cette planète déshumanisée et réanimalisée est assuré par le flow (lé débit, le style) de l’eau comme de la mise en scène parfois linéaire, parfois circulaire, parfois aussi violent qu’une vague. En accord avec Télérama, Flow, « nous emporte [bien] comme une vague. Le “survival” animalier et sans parole du réalisateur letton Gints Zilbalodis est [bien] un enchantement visuel et narratif ».
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