Mis à jour le 21 mai, 2025
Un film de Robin Campillo
Avec: Eloy Pohu, Maksym Slivinskyi, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez, Malou Khebizi, Nathan Japy
Enzo, 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. Pressé par son père qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon.
Notre avis: **
Un film de Laurent Cantet réalisé par Robin Campillo, avec Elodie Bouchez (entre autres). Chacun de ces 3 noms se retrouvent dans la signature du film. Nous reconnaissons très nettement des thématiques qui traversent l’ensemble des films de Laurent Cantet, que ce soit l’apprentissage (le film d’apprentissage), l’éducation, la question sociale et sa place dans la société, mais aussi l’adolescence. Le film dresse un portrait annonce Robin Campillo sur la scène du Théâtre Croisette lors de la première du film à la Quinzaine des cinéastes, son objectif : nous faire partager les sentiments que traversent Enzo, sentiments particuliers. Le film se construit d’ailleurs à rebours de Ressources Humaines, il part du principe qu’Enzo, né dans une famille aisée, ne trouve pas sa voie, sa voix, écrasé par la surprotection de son père, l’amour de sa mère (il est le petit chéri), et la réussite scolaire du grand frère. Sans être en rébellion, il se cherche, ne se trouvant pas de talents particuliers, ou ne sachant pas les voir. Même l’art pour lesquels il semblerait avoir des dispositions ne trouve pas grâce à ses yeux, il a besoin de se confronter à du concret, à se considérer utile, à s’affirmer par un choix qui serait le sien, en totale indépendance. La patte Robin Campillo se voit également dans la réalisation, lumineuse, plus lumineuse par exemple que l’établi pourtant tourné dans le Sud également. Et puis il y a Elodie Bouchez, qui nous renvoie malgré elle aux Roseaux Sauvages de Téchiné (même si sa filmographie compte bien d’autres références, le thème de la découverte de ses désirs, de son corps, de son attirance pour les autres, ici de l’homosexualité et ses conséquences psychologiques ou en terme d’affect, nous rapproche bien plus de Téchiné que de Zonca, pour citer un autre réalisateur qui révéla le talent de Bouchez dans ses premiers rôles). Le tout fonctionne plutôt bien, parce que les choses sont montrées adroitement, laissant entrevoir la complexité du sentiment traversé, bien servi par l’interprétation de l’ensemble des interprètes, Pierfranceso Favino très crédible dans le rôle d’un père très/trop soucieux de l’avenir de son fils, mais surtout Eloy Pohu, qui incarne Enzo, et Maksym Slivinskyi, dans le rôle de Vlad, objet de désir, de fascination d’Enzo, mais aussi père de substitution fantasmé. Le film, sans entrer dans la puissance intellectuelle, ou dans la force militante de certains autres des excellents films de Cantet (Entre les murs, l’établi, Ressources humaines, l’Atelier, …) partagent avec eux un sens du détail, du réalisme, qui accordent à la fiction une part de réel tangible, et ils comportent également, quelques moments de révélations bien amenés.
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