Mélanie Toubeau, plus connue sous le pseudonyme @lamanieducinéma (sur Instagram, YouTube, TikTok, Facebook et X) signe un livre captivant à paraitre le 20 novembre, qui retrace en 224 pages, l’épopée du cinéma mondial. À travers 5 thèmes (les inventions, les événements…) et 45 personnalités (des frères Lumière à Agnès Varda, en passant par Walt Disney ou Jordan Peele), l’autrice invite à (re)découvrir les pionnières et pionniers, les inventions révolutionnaires et les moments emblématiques qui ont façonné l’histoire du grand écran. De ses origines à ses lieux mythiques, ce voyage onirique célèbre les 130 ans d’un art qui continue de fasciner petits et grands. Un ouvrage incontournable pour les passionnés du septième art. Propos recueillis par Pierre Sokol
Pierre Sokol (P.S.) : Comment avez-vous sélectionné les 45 personnalités, lieux, événements ou inventions présentés dans votre livre ? Y a-t-il eu des choix difficiles ou des figures que vous regrettez de ne pas avoir incluses ?
Mélanie Toubeau (M.T.) : Ça a été un choix assez ardu. Il y avait des figures que je savais que je voulais inclure, de par leur importance dans l’histoire du cinéma (les frères Lumière, Edison, Méliès, Chaplin, Varda…) mais sélectionner 45 thèmes sur 130 ans, en sachant d’avance que ce serait non-exhaustif, c’était compliqué. Je ne voulais pas me cantonner aux sujets qu’on apprend habituellement dans les livres d’histoire du cinéma (donc les figures masculines, blanches et occidentales). J’ai fait le choix d’inclure également des portraits de femmes que l’Histoire a oublié, ainsi que des artistes orientaux, africains ou océaniens dont on ne parle pas souvent. Bien sur, ces choix se sont également faits par mes biais et ma propre éducation à l’histoire du cinéma. Evidemment, je regrette de ne pas avoir pu inclure plus de noms, mais ce sont des choix éditoriaux et de nombre de pages imposées. Mais peut-être un jour un volume II avec ceux que j’ai oublié.
P.S. Comment avez-vous abordé la recherche pour ce livre ? Quelles sources (archives, interviews, films, podcast etc.) ont été les plus précieuses ?
M.T. Ça fait près de 10 ans que je travaille sur l’Histoire du cinéma, donc j’ai pu regrouper depuis toutes ces années de nombreuses documentations et ouvrages sur les figures, inventions et événements dont je parle dans le livre. Le chapitre sur Georges Méliès a été le plus simple à écrire, ça fait 15 ans que je travaille sur ce sujet, quasiment tout m’est venu de tête. Chaque chapitre est scindé en deux parties, une biographie puis une partie sur l’apport de la personnalité dans l’histoire du cinéma. Pour la première partie, je lisais et regardais de nombreux documentaires pour être la plus succincte et générale. Pour la seconde, il s’agissait de recherches personnelles et d’articles ou interviews qui ont permis de m’aiguiller. Disons aussi que ma carte de la Bibliothèque de la Cinémathèque française a été bien rentabilisée !
P.S. En tant que créatrice de contenu spécialisée dans les coulisses du cinéma, comment avez-vous structuré vos portraits pour captiver à la fois les cinéphiles avertis et les novices ?
M. T. Ce livre, c’est exactement ce que j’aurais aimé lire quand j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire du cinéma. On a tous et toutes déjà entendu parler de la Nouvelle Vague, de Hitchcock, de Hayao Miyazaki, du Cinémascope… Mais d’où viennent-ils ? Et qu’ont-il fait pour réellement révolutionner le cinéma ? C’est avec ces deux questions que j’ai bâti mes chapitres. Je trouve qu’il est toujours intéressant de revenir sur l’histoire de la personne pour mieux la comprendre, puis de détailler ensuite son œuvre pour en aborder les aspects originaux et innovants. Le choix des thèmes permet aussi bien aux débutants qu’aux experts en histoire de cinéma de s’y retrouver, car j’aborde des sujets connus dans les grandes lignes par le grand public (George Lucas et Steven Spielberg par exemple), mais avec des twists plus précis et moins partagés (Dorothy Arzner et Lois Weber).
P.S. Votre expérience avec La Manie du Cinéma et des formats comme « T’as la Ref ? » semble avoir nourri ce projet. Comment votre interaction avec votre public (via votre média ou vos réseaux) a-t-elle influencé votre envie d’écrire ce livre ?
M. T. L’idée du livre m’est venue quand j’ai réalisé une vidéo sur la première séance du Cinématographe Lumière et que je me suis rendue dans la pièce où elle aurait eu lieu. Ce jour-là, j’ai compris que, grâce à La Manie du Cinéma, je pouvais vivre des expériences incroyables et partager ma passion pour l’Histoire du Cinéma. Et depuis, à travers mes vidéos, je le fais. Mais un livre me paraissait une meilleure manière de toucher un public plus large, car c’est un objet qu’on conserve, qu’on étudie, qu’on garde, pas comme une vidéo qui a un côté assez éphémère. Comme avec mon premier livre, je voulais laisser une trace de ma passion que j’avais envie de partager aux autres
P.S. Y a-t-il un portrait ou une anecdote dans le livre qui vous tient particulièrement à cœur, et pourquoi ?
M.T. Le tout premier chapitre que j’ai écrit, c’est celui de Georges Méliès, et je l’ai écrit de tête. Je connais tellement sa vie et son œuvre par cœur, que tout m’est venu d’un coup alors que j’attendais un train pendant 3h dans un café d’un petit village. On m’a souvent demandé quand est-ce que j’écrirais un livre entier sur lui, ce n’est pas le cas ici, mais c’est un bon début !
P.S. : Vous mentionnez des noms comme Agnès Varda, Walt Disney, Jane Campion et Jordan Peele. Y a-t-il une figure ou un moment moins connu ou oublié de l’histoire du cinéma que vous êtes particulièrement fière d’avoir inclus ?
M.T. Il y en a tellement ! Je connaissais beaucoup des noms des personnalités que j’ai incluses dans le livre avant de l’écrire. Mais il m’en fallait des inconnues, même pour moi. J’ai donc découvert le travail de Satyajit Ray ou de Ousmane Sembène, qui sont deux cinéastes incroyables qui ont marqué le cinéma indien et africain. Je me suis passionnée pour leurs vies et leur filmographie, et j’espère que ça se ressentira dans ces pages.
P.S. Vous parlez du cinéma comme un art de partage. Comment ressentez-vous cette dimension aujourd’hui, à l’ère des plateformes de streaming et des réseaux sociaux, comparée aux projections collectives des débuts du cinéma ?
M.T. Je pense que le cinéma a été et sera toujours un art de partage. Que ce soit en salles tous ensemble, ou en discutant sur les réseaux sociaux à travers de courtes vidéos. On a assez de recul maintenant pour pouvoir se faire une culture cinématographique et analyser ce qu’on voit. Je suis une ardente défenseuse de la salle de cinéma pour tout ce qu’elle raconte sur cette industrie et son histoire, mais que ce soit chez soi ou en salles, je dirais toujours que le plus important, c’est de voir des films. Beaucoup de films !
P.S. À qui s’adresse principalement « Une histoire de cinémas » ? Cherchez-vous à toucher les novices, les cinéphiles aguerris, ou un mélange des deux ?
M.T. Ce livre s’adresse à tout le monde. A l’étudiant en cinéma qui veut comprendre plus facilement ce qu’est la Nouvelle Vague, au cinéphile aguerri qui n’a jamais entendu parler de Mary Pickford, au président du ciné-club de son village qui a envie de partager ce qu’Alfred Hitchcock a voulu dire dans ses films ou à n’importe qui aurait envie de découvrir le cinéma de Lotte Reiniger, Ray Harryhausen ou Jane Campion. Je pense que c’est un livre très accessible, qui ne prend pas les lecteurs pour des ignorants, et qui permet de se passionner, comme moi, pour l’Histoire du Cinéma.
P.S. Vous parlez de faire rêver les lecteurs. Y a-t-il une histoire ou un chapitre de votre livre dont vous espérez qu’il suscitera particulièrement l’émerveillement ou la curiosité ?
M.T. C’est comme me demander de choisir entre mes enfants quel est mon préféré ! Bon ok, je n’ai pas d’enfants, mais l’idée est là… Pour moi, toutes les histoires sont intéressantes ! Je pense que celle qui m’a toujours fait le plus rêver, c’est celle du Festival de Cannes, je trouve son évolution magique. Mais écrire ce livre m’a aussi permis de découvrir plein de choses sur l’invention de la télévision, de la Cinémathèque française ou des monteurs du Nouvel Hollywood !
P.S. Vous avez collaboré avec l’illustrateur Simon Delart pour enrichir votre livre d’images. Comment ses illustrations contribuent-elles à rendre cette histoire du cinéma plus vivante ou accessible ?
M.T. Je pense que c’est le livre de cinéma le plus beau que vous pourrez jamais avoir dans vos mains. Simon a travaillé à 45 illustrations originales (Plus cette couverture si fantastique). Ce projet n’aurait pas été le même sans lui, je l’ai inclus tout de suite parce que je voulais que ce livre ne soit pas juste intéressant, mais une belle pièce à regarder et à exposer chez soi. Simon est un illustrateur de génie, et son art rend ce livre plus beau et important que jamais.
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