Sabrina Levoye illumine 16 ans en interprétant le rôle principal Nora. Le dernier film de Philippe Lioret interroge le vivre ensemble sous un angle social et politique, à l’aune d’une affaire de racisme ordinaire qui prend des proportions inattendues. Mais, il l’interroge également du point de vue de deux adolescents amoureux – Nora et Léo – qui aspirent à un avenir différent de celui que leur famille leur réserve, engluée dans des considérations de classe ou religieuses. Sabrina Levoye a bien voulu se prêter au petit jeu de l’interview portrait et de revenir avec nous sur ses premiers pas très remarqués.
Le Mag Cinéma(L.M.C.) Peux-tu nous présenter ton parcours avant de devenir le rôle principale de 16 ans ? Et notamment, peux-tu évoquer tes premières envies de cinéma …
Sabrina Levoye (S.L.) : Avant 16 ans, je faisais un bac ES, et je prenais des cours de théâtre dans ma ville, j’ai fait du théâtre pendant 2 ans. J’ai eu envie de faire du cinéma depuis que je suis en CM2, je regardais Disney Channel et j’ai eu un déclic, je me suis dis « mais c’est ça que je veux faire plus grande », et cette envie ne m’a jamais quitté.
L.M.C. Comment s’est passée ta première rencontre avec Philippe Lioret ?
S.L. La première fois que j’avais vu Philippe Lioret, j’étais super stressée. C’était pour savoir si j’allais être sélectionnée ou non, on devait jouer une scène et j’étais très réservée, j’avais du mal à être naturelle, à être moi-même. Je jouais un personnage et ça se voyait. Philippe ne souhaite pas qu’on joue le personnage mais qu’on soit nous-même ! Puis, à un moment, j’ai eu les larmes aux yeux car je pensais ne pas avoir le rôle, j’étais déçue de moi… et j’ai réussi à refaire la scène dans l’état, ça m’a permis de relâcher la pression et d’arrêter de me regarder, de simplement me laisser aller. Et après ça, je pense que j’avais compris comment être dans la situation.
L.M.C. Connaissais-tu son cinéma et avais-tu vu et aimé quelques uns de ses films ?
S.L. Je ne connaissais pas son cinéma lorsque j’avais passé le casting, mais j’ai pu voir ses films par la suite, et j’ai adoré, vraiment je suis super contente d’avoir pu commencer avec un tel réalisateur.
L.M.C. Peux-tu nous parler du casting, comment cela s’est passé, ce que tu as ressenti notamment quand on t’a rappelé pour te dire que le rôle était pour toi ?
S.L. Le premier casting c’était avec une directrice de casting, ça s’est super bien déroulé ! Je lui ai dis que je stressais en arrivant, et on a beaucoup parlé avant de commencer la scène, ça m’a mis en confiance. Le jour où on m’a rappelé pour me dire de passer un second casting restreint ( le callback) j’étais super contente, j’ai sauté partout et je suis allée voir mes parents en criant. Quand j’ai eu le rôle, je ne réalisais pas que c’était moi, même durant le tournage, j’avais pas encore réaliser.
L.M.C. Quel a été l’élément qui te plaisait le plus quand tu as découvert le scénario ? et d’une manière générale, quelle idée te faisais-tu du film et de ton personnage à ce moment là ?
S.L. J’ai beaucoup aimé l’histoire de Nora et Léo, le fait qu’ils s’aiment et qu’ils fassent tout pour être ensemble, ils passent à travers les rangs social et l’ethnie de l’autre, ils s’en foutent. Ils veulent juste se battre pour être heureux ensemble.
L.M.C. Quelles indications Philippe Lioret t’a-t-il données sur ton personnage ?
S.L. Nora est une fille sensible et déterminée. C’est d’ailleurs ce qui était écrit sur l’affiche du casting, j’ai gardé ces deux mots en tête tout le long du tournage.
L.M.C. Comment t’es tu préparée avant le tournage, et comment as-tu nourri ton personnage de ta propre expérience personnelle ? Est-ce qu’il y a un peu d’elle en toi, ou de toi en elle ?
S.L. On a pu faire des répétitions, on a répété 2 mois, 3 mois avant le tournage. On a travaillé comme au théâtre, on a refait tout le scénario avec tous les acteurs et avec une petite caméra. Ça nous a beaucoup aidé à nous habituer à la caméra, à apprendre à connaître les autres acteurs. Je me suis beaucoup inspiré de ma vie, il y a beaucoup de scènes que j’avais vécues alors j’ai essayé de m’y replonger pour trouver l’émotion juste.
L.M.C. Jouer une jeune fille de 16 ans, c’était ton âge au moment du tournage ? … Tu as eu à faire appel à tes souvenirs ? Tu as eu à proposer des vêtements de ton propre garde robe ?
S.L. J’allais avoir 17 ans, je n’ai pas eu beaucoup de mal à replonger dans mon propre passé. Oui la plupart des vêtements de Nora venaient de ma garde robe !
L.M.C. Quelle synergie et ambiance y avait-il sur le plateau avec les autres acteurs, notamment avec les 2 garçons qui jouent ton frère et ton amoureux dans le film ?
S.L. L’ambiance était tellement bienveillante. Je suis chanceuse d’être tombé sur ces acteurs pour ma première fois; dès que j’étais stressée ou que je manquais de confiance dans mon jeu, ils étaient là pour me rassurer!
L.M.C. Tu travailles aujourd’hui pour une entreprise française, et ton patron actuel est au casting… Etrange hasard ?
S.L. Olivier est un homme admirable, quand le film a fini d’être monté, on a eu une projection privée. C’est là où je l’ai rencontré pour la première fois ! Et il avait entendu que je travaillais a Burger King et m’a proposé un poste dans son entreprise pour m’aider a m’en sortir financièrement le temps que le film sorte, et que ma carrière se lance petit à petit ! Alors un grand merci à lui.
L.M.C. On imagine que tu as vu le film sur grand écran déjà plusieurs fois … Quel effet te fait-il ? Est-il semblable à l’idée que tu t’en faisais quand tu tournais ou quand tu découvrais le scénario ?
S.L. Oui, le film correspond à ce que j’imaginais. Je le trouve juste et réel. Ce qui est le plus dur c’est de voir son propre jeu, sa manière de parler et de bouger. On se focalise sur les défauts, j’ai beaucoup de mal à me regarder ou à m’entendre.
L.M.C. Comment imagines-tu la suite de ta carrière ? Déjà des projets à venir peut être ?
S.L. Pour le moment je n’ai pas de projet, j’espère en avoir dans quelques mois. Mais le tournage m’a confirmé l’envie de continuer dans le cinéma.
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