Mis à jour le 16 décembre, 2025
La jeune Nawojka, qui vit avec son père et ses frères dans la ferme familiale, cache un terrible secret : un pouvoir monstrueux, qu’elle pense hérité de sa défunte mère, s’éveille chaque fois qu’elle éprouve du désir. Lorsque Sandra, une femme libre et sulfureuse originaire du coin, revient au village, Nawojka est fascinée et ses pouvoirs se manifestent sans qu’elle ne puisse plus rien contrôler.
Avec: Maria Wróbel, Roxane Mesquida, Wojciech Skibiński, Kuba Dyniewicz, Przemysław Przestrzelski, Raphaël Thiéry, Jean-Baptiste Durand, Éva Lallier, Laurence Côte
Le court métrage précédent de Julia Kowalski (J’ai vu le visage du diable) nous apparaissait déjà prometteur – la référence prégnante à l’exorciste notamment, renouvelée, réactualisée – la promesse se confirme avec Que ma volonté soit faite, qui tout à la fois prolonge et prend un virage vis à vis de la forme courte. Pour ce qui constitue son second long métrage – après Crache cœur en 2015 déjà à Cannes, à l’ACID, la jeune réalisatrice franco-polonaise dit s’être appuyée sur le cinéma américain des 70, Friedkin de nouveau, sans l’ombre d’un doute, mais aussi De Palma aussi, qu’elle aurait croisé avec ses influences polonaises : Zulawski majoritiairement, mais aussi les premières œuvres de Polanski du temps où il co-écrivait avec Skolimowski.


Dans ce cinéma hautement atmosphérique, qui rappelle par exemple les aspirations de Lucile Hadžihalilović, le motif tient une place centrale: le sang écarlate vient colorer des corps mus par des puissances extérieures, qui leur échappent, le feu éclaire des visages saisissants, les cris et sons se font stridents, acérés, précis; la lumière propose en permanence de saisissants clairs obscurs, le récit avance graduellement vers l’étrange, tout en conservant une forte insertion dans le réel, voire épousant une fonction documentaire. A ce niveau, comme nous l’avions déjà noté dans J’ai vu le visage du diable, se font alors sentir des influences françaises, que ce soit Ne nous delivrez pas du mal de Seria, au titre proche, dont le film pourrait être un peu cousin, que ce soit Pialat quand il proposait Sous le soleil de Satan, ou encore le meilleur Dumont, celui qui s intéresse à la mystique dans un cadre rural et traditionnel (Petit quinquin, Hadejwisch, Hors Satan) et par extension Bresson, voire Dreyer. Nous pourrions également citer Catherine Breillat, la présence au casting de la toujours aussi intrigante Roxane Mesquida valant assurément clin d’œil.


Le récit commence par prendre son temps pour exposer ses personnages, et introduire une fausse piste formelle, quasi naturaliste, puis son intensité monte crescendo à mesure que nous découvrons ce que La jeune Nawojka ressent, vit. Tout le film nous est donné à voir sous son point de vue, changeant, à la fois craintif et admiratif, attirée par la liberté de Sandra, le danger, et sujette à des désirs qui se révèlent à elle, malgré elle. Nawojka, une jeune fille innocente, qui semble perdue, dans un monde âpre où le mal (le Mal aussi) rôde. La liberté de Sandra dérange les hommes, bouscule le qu’en dira-t-on, le mythe de la Sorcière s’invite alors dans chaque plan, dans chaque lumière, et le spectateur lui aussi peut tomber dans le vertige que cette figure renvoie. Convaincant formellement, et réussi, le film de notre point de vue aurait très bien pu prétendre à une place en compétition.













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