À la fin du mois d’août, Léna, 25 ans, débarque à Arles pour rejoindre Marius, un amour de vacances passées. Celui-ci tarde à se montrer. En l’attendant, elle rencontre Maurice, boulanger saisonnier, qui la présente à son ami Ali, sympathique gladiateur occasionnel. Marius finira par arriver et tous les quatre, liés par le hasard de la rencontre et une complicité spontanée, se retrouveront les deux étés suivants, à Étretat puis à Ibiza.
Mourir à Ibiza, le premier long-métrage collectif d’Anton Balekdjian, Léo Couture, et Matteo Eustachon, offre une belle découverte, à partir d’un récit de jeunesse que l’on pense déjà vu au cinéma (autour du film on parle beaucoup – et légitimement – d’Éric Rohmer et de son Conte d’été) mais qui surprend par sa fraîcheur, par son humour, par sa spontanéité, surtout par la présence naturelle de son actrice principale, qui porte à l’écran le mode de vie de vingtenaires d’aujourd’hui. Il y a toutefois un sentiment d’étrangeté qui émane du film, quelque chose de connu et d’inconnu à la fois. Commençons par le titre: pourquoi « mourir » à Ibiza?
Le film, qui assemble trois court-métrage, tournés avec peu de moyen en trois étés consécutifs avec les mêmes acteurs et la même équipe de tournage, observe, avec précision, les évolutions des sentiments amicaux et amoureux de quatre jeunes adultes, entre le désir et l’hésitation, durant trois ans. Mais parmi les quatre, une porte l’histoire avec elle du début à la fin: Léna, une fille d’esprit nomade, un peu réservée, un peu perdue aussi. A travers les trois épisodes que nous vivons avec elle, en suivant l’histoire des rencontres hasardeuses de Léna, le style réaliste que les trois jeunes cinéastes proposent, fascine.
Dans les décors estivaux et lumineux de trois villes différentes, il se passe quelque chose d’ambiguë mais de très réel entre les personnages. Les cinéastes ont donné une confiance totale à leurs acteurs pour incarner ce réel, et pour donner l’impression d’une forme de liberté de mouvement et de parole. Parfois improvisés, parfois non, les dialogues font ressortir en tous cas les traces d’une écriture libre et collective de scénario, transmise à l’écran. Le fait de travailler à partir d’expériences communes, proches du quotidien, les a beaucoup aidé à construire une œuvre singulière, particulièrement crédible, et qui donne envie de suivre leurs prochains films.
Voici notre rencontre avec l’équipe du film, réalisé dans les locaux du FID à Marseille, en juillet 2022, animé par Shiva Fouladi:
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