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L’Envol: Féminin, poétique et passionnant

Mis à jour le 14 février, 2023

Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. Passionnée par le chant et la musique, la jeune fille solitaire fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet que des voiles écarlates viendront un jour l’emmener loin de son village. Juliette ne cessera jamais de croire en la prophétie.

Trois ans après Martin Eden basé sur le roman de Jack London, le cinéaste italien Pietro Marcello signe une autre adaptation littéraire. Il explore cette fois-ci l’univers romantique de l’écrivain révolutionnaire russe Alexandre Grine, en utilisant Les Voiles écarlates, une nouvelle publiée en 1923, comme point de départ. Il décide d’amener l’histoire en France et de la raconter dans le contexte de l »entre deux guerres.

Le récit commence avec Raphaël, un soldat de retour chez lui après la guerre, qui va découvrir la tragédie arrivée à sa famille en son absence. Au début, nous le pensons le personnage principal. Dès les premiers images, tournées sur pellicule et avec une lumière très contrastée, Pietro Marcello montre sa sensibilité pour la matière. Dans un milieu populaire de la campagne française, au début du 20ème siècle, il filme les textures et les couleurs avec de l’intensité. Il s’attarde suffisamment longtemps, et avec de la précision, sur les gestes, les visages. Sa mise-en-scène met en valeur les objets (le peu d’objets dont disposent ces personnes défavorisées), lesquels créent un véritable lien avec les personnages. La qualité de l’image nous fait sentir l’insalubrité des lieux, la pauvreté des paysans, la froideur des intérieurs, la difficulté de marcher sur la terre boueuse. Ainsi le cinéaste, avec son regard de documentariste, arrive à construire un monde, matériel, dur, cruel, refermé sur soi, qui va plus tard étouffer Juliette, la fille de Raphaël (le vrai personnage central donc).

Juliette commence à grandir, commence à découvrir ce monde, et à s’y opposer. A travers l’art, la nature, et l’imagination. L’Envol raconte la belle histoire de l’émancipation de Juliette; seule, forte, blessée, intranquille, rêveuse. Elle échappe aux contraintes sociales, s’émancipe. Non grâce à l’amour, mais parce qu’elle n’a jamais arrêté de développer un autre monde, un monde intérieur. Comme la première partie du film, la deuxième partie révèle devant nos yeux les détails quotidiens, mais différemment, avec plus de douceur, plus de poésie. Dans ce nouveau monde, les chansons et les beaux paysages naturels reflètent souvent l’état d’esprit de Juliette.

Bien entouré sur cette production française, Pietro Marcello a pu confier ce récit romanesque à des acteurs, tous brillants, qui rajoutent à la crédibilité de la mise-en-scène; Noémie Lvovski, Louis Garrel, Raphaël Thiéry et surtout Juliette Jouan, qui, dans son premier rôle cinématographique, incarne une héroïne inoubliable.

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