Mis à jour le 18 août, 2015
Sorti fin juillet en dvd, Hacker (Blackhat) signe le grand retour de Michael Mann, six ans après Public Enemies. Thriller, Hacker réinvestit le classique « whodunit« d’une forme contemporaine. Cette association de tradition et de modernité constitue la principale qualité de cette œuvre conceptuelle et sensible.
Retrouver les traces
De l’Amérique à la Malaisie en passant par la Chine, le trajet de Nicholas Hathaway (Chris Hemsworth), ex-hacker spécialisé dans le piratage bancaire, prend la forme d’un parcours métaphysique. « Méta », car le film de Mann dépasse la matière ou plutôt la transperce, l’infiltre, pour mieux la faire voir. La séquence d’introduction en fournit la plus belle des illustrations. La caméra s’engouffre à l’intérieur des circuits d’un processeur électronique, cheminement dont le terme aura pour conséquence la destruction d’une centrale nucléaire. Ce lien du micro et du macro est d’abord permis par l’usage du numérique dont Mann, aux côtés de David Fincher, fut l’un des premiers adeptes. Cette quête de l’immatériel est aussi celle de Nicholas, parti à la poursuite d’un hacker terroriste laissant derrière lui des indices sous forme de codes informatiques. Ces traces changent sans cesse, se transforment, disparaissent, à l’instar de leur instigateur. Pour le vaincre, Nicholas devra faire preuve d’une maitrise du corps et de l’esprit, les séquences de course-poursuite répondant aux longues séances de hacking. Peu à peu, l’écran dévoile son envers.
D’un effet synesthésique
Dans les airs, un avion navigue vers l’horizon. Mann accompagne son vol par un travelling vertical. L’opposition des dynamiques, comme dans cette belle scène voyant Nicholas courir à contre-courant d’une procession religieuse, rend sensible le mouvement de l’appareil. Un insert sur une nuque, l’utilisation du ralenti, les jeux des surfaces et des reflets, la répétition d’un geste filmé selon différents angles, ou l’usage d’une courte focale venant scinder l’avant et l’arrière-plan, auront le même effet : celui de traduire une sensation.
En ce sens, Hacker retrouve la triade essentielle de l’art cinématographique : corps, espace, mouvement. Ce sont ceux de Nicholas et Lien (Tang Wei), progressivement contaminés par le flou, narguant les caméras de surveillance en défigurant leurs images. Un dénouement visuel qui constitue le plus beau des happy-end.
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