Mis à jour le 13 février, 2023
Sophie contemple les moments de joie partagée et la nostalgie intime des vacances qu’elle a passées avec son papa vingt ans plus tôt. Des souvenirs, réels et imaginés, comblent les vides entre les enregistrements avec son miniDV, alors qu’elle tente de concilier le père qu’elle a connu et l’homme qu’elle ignorait.
Sosu le Soleil (Aftersun) démarre par quelques images amateurs hésitantes et nous propose une entame déroutante, plutôt hachée, semblant effleurer un sujet qui tarde à se dessiner. La réalisatrice écossaise Charlotte Wells s’autorise à chercher une forme appropriée plutôt qu’affirmer des idées. Une certaine langueur se met en place. Passées les quelques hésitations, il devient plus limpide que l’intention principale réside dans la relation père fille, mais aussi et surtout dans les non dits, les ellipses, que la forme vient à épouser; suggérer, évoquer par bribes, avancer à pas cachés.
Montrer le contexte plutôt que le drame, montrer le ciel bleu plutôt que s’attarder sur les nuages. Un ton particulier s’installe, rappelant par exemple celui de Somewhere de Sofia Coppola. La lenteur du récit, sa précision, son temps suspendu trouvent alors tout leur sens. L’intrigue s’installe, et l’image n’en devient que plus captivante, d’autant que les premiers essais formels plutôt anodins viennent eux aussi à s’affirmer davantage, à prendre corps et véhiculer une impression singulière, arty. Des portraits se dessinent, le regard de la réalisatrice s’affirme, doux et en empathie avec ses personnages. Les quelques images subliminales disséminées tout au long du film trouvent dans une scène finale artistiquement très intéressante toute leur justification. L’émotion jusqu’alors masquée, que l’on devinait dans les yeux aimant de la jeune actrice Frankie Corio vient à s’inviter de façon tout à la fois subliminale et expressive …
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