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Partir un Jour d’Amélie Bonnin

Mis à jour le 28 mai, 2025

Un film d’Amélie Bonnin

Avec: Juliette ArmanetBastien BouillonFrançois Rollin

Alors que Cécile s’apprête à ouvrir son propre restaurant gastronomique et à réaliser enfin son rêve, elle doit rentrer en catastrophe dans son village natal suite à l’infarctus de son père. Loin du bourdonnement de la vie parisienne, elle recroise par hasard son amour d’enfance ; ses souvenirs ressurgissent alors et ses certitudes vacillent…

Le court métrage éponyme d’Amélie Bonnin, que nous avions découvert au festival de Clermont-Ferrand, nous avait un peu laissés de marbre même si, reconnaissons-le, nos avis ne convergeaient pas nécessairement. Ce fut donc une surprise pour nous de voir que Thierry Frémaux et le comité de sélection aient eu l’idée de convier Partir un Jour à la fête, qui plus est en ouverture, nous ne nous y attendions pas. La surprise fut aussi ce soir de voir qu’effectivement Amélie Bonnin sait utiliser le temps long pour développer son histoire, ce qu’elle renferme, et nous proposer une comédie romantique bien équilibrée, agréablement rythmée. La réalisatrice assume d’emblée parfaitement le genre qu’elle convoque: la romance ringarde, à en faire son sujet. Elle s’avère également très à l’aise pour intégrer des chansons populaires dans son récit, là aussi avec un équilibre intéressant (en point de comparaison, Resnais, Bacri et Jaoui surdosaient sciemment dans On connait la chanson, Honoré et les airs d’Alex Beaupain aussi avait tendance à écraser la narration intrinsèque du film tout comme Ozon et son 8 femmes, le rapprochement en termes d’équilibre le plus approprié serait donc probablement à chercher du côté des comédies musicales de Demy, voire Jeanne et le garçon formidable d’Oliver Ducastel et Jacques Martineau, même si sur les thématiques nous nous rapprochons bien davantage de la légèreté des deux premiers cités, sans pour autant atteindre celle très assumée, dans la continuité de Sitcom, d’Ozon). Amélie Bonnin s’appuie sur de bonnes idées de mise en scène et des acteurs que l’on sent très investis dans le projet et très justes (on peut parler d’une très bonne direction d’acteurs donc, mentions spéciales à François Rolin rarement aussi crédible, une fois débarrassée de sa verve comique, et à Dominique Blanc, excellente comme souvent, qui complètent le duo formé par Bastien Bouillon, parfois inégal dans ses compositions, mais ici, tout comme dans le court métrage, plein de sincérité, et Juliette Armanet, au naturel désarmant, et à la note juste). Le tout se regarde sans notable baisse de rythme, instaurant une atmosphère d’ensemble mélancolique, même si la trame narrative pas trop éculée manque de rebonds autres que les fameux obstacles et résolutions de conflits intérieurs enseignés dans toutes les écoles de cinéma. En bémol, cependant, le regard porté sur les personnages – et sur la province – nous a semblé double, porteur d’une certaine ambivalence. La comédie romantique devrait sans aucun doute parler aux néo-parisiens qui ont quitté leur province crasseuse avec, ceci-dit une part de nostalgie, mais qu’en sera-t-il du public provincial ? Car certes une tendresse envers ceux qui restent cramponnés à leur terre première se dégage, mais la caricature – et la condescendance si parisienne – s’invite malgré elle, tant le personnage d’Armanet porte en elle la conviction profonde d’Amélie Bonnin, que le choix de vie provincial convient à ceux qui s’interdisent l’ambition, tant elle appuie sur le contraste entre le raffinement de la haute gastronomie et la restauration traditionnelle des « routiers », tant elle insiste sur le crasseux et l’absence d’horizons, tant elle oublie de montrer précisément les contrastes que la Province peut elle-même comporter. Mais, notons ceci-dit, qu’Amélie Bonnin se sert intelligemment du personnage du père – qui dans un petit carnet consigne des phrases prononcées par sa fille qui l’ont vexé, se reconnaissant en contre-référence- pour se remettre partiellement en question, ou en tout cas prendre en considération que de tels jugements tout faits portent en eux une part de mépris, mais nécessaires et inéluctables pour qui aspire à la réussite, considère-t-elle.

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