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I Love Peru de Raphaël Quenard et Hugo David

Mis à jour le 5 août, 2025

Un film de Raphaël QuenardHugo David

Lancé dans une course effrénée vers le succès, un comédien biscornu abandonne ses plus fidèles alliés. Seul face à lui-même, une vision troublante le percute. Direction le Pérou pour une aventure spirituelle.

Hugo David déconstruit, avec sa complicité, l’image de Raphael Quenard qui nous apparaît soudainement plus complexe, moins trublion, moins imbécile heureux comparative au rôle qu’il se donne dans les médias. Nous le voyons s’amuser des mots, de son côté très destroy, apparaître à l’écran dans un état d’ébriété manifeste, (et il semble difficile de penser que ces extraits puissent être fictifs). Hugo David – et nous nous demandons dans quelle mesure Raphael Quenard lui même – nous livre le portrait d’un fou, joueur souvent, sympathique par certains aspects, rebutant par d’autres, en proie à des démons. Mais aussi un portrait plus sensible qu’il n’y paraît, celui d’un jeune homme qui n’a pas honte de montrer ses fragilités et de se montrer par instant (même si son ego ressort dans tous les plans) sous un jour peu reluisant. Il assume pleinement la vulgarité, à des fins comiques, se jouant de la limite à ne pas franchir – allant jusqu’à s’accoler une rumeur de pédophile sortie de nulle part si ce n’est de son cerveau perturbé-. Ces monologues rentre dedans, provocateurs à deux francs, malaisants, il en use et en abuse avec ses complices (au casting nous retrouvons Marina Fois, Benoit Poelvoorde, Michel Hazanavicius, Gustav Kervern, Jean Pascal Zadi notamment, à qui il donne plus ou moins le même rôle, en quasi avatars du spectateur), la fiction intervenant ici pour rejouer des situations plus ou moins vécues par Quenard du temps, où jeune comédien sorti de nulle part, il harcelait toute personne qui pouvait éventuellement lui permettre de gagner en popularité, lui permettre d’atteindre ses rêves. Cela sans limite, notamment avec cette scène avec Kervern trashissime, que Groland n’aura pas même osé, où Quenard écarte les fesses face caméra. Cette composante surécrite, vise à nous montrer les pires défauts de Quenard, prêt à tout pour réussir, Hugo David insistant pour sa part plus sur sa radinerie naturelle, mais vaut surtout contraste. Car, outre ses effets rythmiques – et malgré tout comique- ses passages visent à renforcer un autre geste entrepris par les deux camarades, celui d’une mise à nue doublé d’une plongée dans un spleen poétique. Bien plus inventif que ce nous aurions escompté, Quenard part au Pérou, avec son ami Hugo, pour oublier, traîner son mal être, se retrouver et espère-t-il retrouver sa bien aimée, se reconstruire, le tout animé par des visions de Condor oniriques. La poésie s’invite alors, comme l’espérait et le clamait Quenard quand son ami le filmait partout, jusqu’aux toilettes, du quotidien, de nulle part, du burlesque vers lequel le récit se dirige, le tout conclut par une séquence finale que ne renierait pas par exemple un cinéaste comme Otar Iosseliani, en pure fantaisie. Un premier film à deux plutôt réjouissant, malgré son mauvais goût assumé, malgré son « male gaze », malgré le « too much » permanent du rôle. Sans être cinématographiquement grandiose, on se prend à chercher à faire le tri entre le vrai et le faux, à se demander si nous sommes face à docufiction, ou à une fiction aux allures de documentaires. Malin.

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