Mis à jour le 29 mai, 2016
Cadre, corps, impression de mouvement. Outre le plaisir de (re)découvrir l’œuvre d’un cinéaste oublié, la ressortie en salles la semaine dernière de Deep End (Jerzy Skolimowski, 1970) nous aura permis de nous rappeler quelques fondamentaux du médium cinématographique.
Initiation
L’adolescence ou l’âge des découvertes. Pour évoquer cet apprentissage de la vie, Jerzy Skolimowski et ses co-scénaristes, Jerzy Gruza et Boleslaw Sulik ont l’idée géniale de situer leur récit dans l’espace confiné d’un établissement de bains publics londonien. De cabine en cabine, le jeune Mike (John Moulder-Brown) devra apprendre au contact des autres dans un constant corps à corps. À ses côtés, Susan (Jane Asher), s’offre aux désirs vorace des clients mâles de l’établissement, pure surface plane que la magie du montage viendra creuser et approfondir d’un volume émotionnel. Mais dans le huis-clos étouffant des bains, les rencontres et le désir ne peuvent que butter contre les murs d’un cadre oppressant. Forcés au surplace, le ballet des corps ne pourra que s’accomplir dans une auto-destruction charnelle.
Atmosphère, atmosphère
Sous la neige ou immergé dans l’eau, la caméra de Skolimowski ne fait qu’un avec les corps filmés. Synesthésique, Deep End procure à son spectateur des impressions mouvantes. Fluctuantes, les images partagent l’instabilité fébrile du jeune héros. La course du désir est aussi une course contre la montre, en dénotent les corps flétris venus aux bains réclamer leur dose de chair fraiche.
La résolution du film a ceci d’indécidable que le spectateur ne peut discerner le macabre de la sensualité ambiante. Le film de Skolimowski nous enjoint à accorder aux deux le même regard fasciné.
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