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Cannes2014: Party Girl : un premier film bien écrit et émouvant

Last updated on 24 septembre, 2014

 

partygirl
Party Girl de Samuel Theis, Marie Amachoukeli, Claire Burger

Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser. Les noms des réalisateurs vous sont probablement encore inconnus. Pourtant, il est fort à parier que vous entendiez parler d’eux sous peu … Marie Amachoukeli, Samuel Theis et Claire Burger s’étaient fait connaître en 2008, avec un court métrage – film de fin d’études de la Fémis – intitulé Forbach, qui avait rencontré un joli succès d’estime là où il fut projeté,  et reçut quelques récompenses (Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand 2009, 2ème prix Cinéfondation 2008 à Cannes notamment). Samuel Theis s’y mettait en scène en jeune comédien fraîchement célèbre vivant à Paris, qui le temps d’un court séjour revient à Forbach sa ville d’origine pour s’y faire célébrer en tant que fierté locale, et  retrouver sa mère et son frère tant aimés. On y notait une qualité de narration, d’écriture, et une inclination à traiter des sujets hors mode, à traiter la question familiale et provinciale. Cette auto-fiction présentait un paradoxe notable:  alors qu’on aurait pu lui reprocher la mise en avant de soi, l’intérêt vient au contraire du regard porté, lequel s’avère emprunt de modestie, de tendresse pour cette région de Forbach et ses habitants. Les trois comparses, amis, reviennent avec un premier film qui s’intéresse de nouveau à une histoire se déroulant du côté de Forbach, à la frontière Franco Allemande, où le temps semble s’écouler différemment qu’à Paris. Quoi que Samuel Theis campe toujours un habitant de Forbach, avec un niveau d’éducation supérieure au reste de sa famille, sa participation en tant qu’acteur dans Party Girls est bien plus de l’ordre du caméo. Il n’est pas le sujet principal ni ne doit l’être. Le sujet se prénomme Angélique, personnage inspiré de la vraie mère de Samuel Theis. Sur scène, lors de la soirée d’ouverture, les 3 réalisateurs ont tenu à faire monter toute l’équipe du film, Samuel Theis lui, a tenu à mettre en avant son amitié avec Claire Burger et Marie Amachoukeli.

Les premières images du film marque le ton, le temps, le lieu. Angélique, employée dans un cabaret, a la possibilité de changer de vie quand Joseph, un homme simple et seul, lui annonce vouloir partager sa vie avec elle. Plutôt que de parler de réflexion sur l’amour, nous notons la qualité d’observation, le temps pris pour introduire le personnage principal, sa façon d’être, sa psychologie , ce qu’elle aime, ce qu’elle est, mais aussi et surtout ses blessures. Le regard posé sur Angélique comme sur Joseph est bienveillant.  Nous ne sommes pas si loin d’un film de Ken Loach auquel on enlèverait toute misère, d’un film de G. De Kervern et B. Délépine auquel on aurait ôté toute intention comique ou outrancière – en moins poétique, ou même de Tournée d’Amalric sans son esprit Rock n Roll, en plus familial. Angélique est au centre du récit, ses peurs, ses doutes, ses erreurs, son passé, ses errements, ses incertitudes sont peu à peu levés. Au centre du film nous trouvons également la question de la confiance à l’autre, celle du bonheur, mais aussi  celle de la fausse simplicité. Le personnage de Joseph – sosie officiel Forbachoix de Luc Besson – est moins développé, il est un homme simple et bon, c’est ainsi qu’on nous le présente, sans que cela puisse être mis en doute. La mariage se profile. L’émotion est de mise, comme pour le mariage d’un proche. L’indicible se révèle pourtant le plus touchant, l’histoire dans l’histoire. La valse des mariés se fait au son de Mike Brandt dans une version germanophone de Laisse moi t’aimer. Simplement. Le rock mélancolique n’est pas si loin.

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