Last updated on 17 juin, 2024
Un film de Ariane Louis-Seize
Avec: Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante, Sophie Cadieux, Noémie O’Farrell, Arnaud Vachon, Marie Brassard, Madeleine Péloquin, Gabriel-Antoine Roy, Isabella Villalba
Sasha est une jeune vampire avec un grave problème : elle est trop humaniste pour mordre ! Lorsque ses parents, exaspérés, décident de lui couper les vivres, sa survie est menacée. Heureusement pour elle, Sasha fait la rencontre de Paul, un adolescent solitaire aux comportements suicidaires qui consent à lui offrir sa vie. Ce qui devait être un échange de bons procédés se transforme alors en épopée nocturne durant laquelle les deux nouveaux amis chercheront à réaliser les dernières volontés de Paul avant le lever du soleil.
Notre avis: **
Un film de vampire en bonne et due forme dans son essence, mais qui s’aventure du côté du film teenage à l’américaine. A l’instar de ce ce que Jarmush avait réussi avec Only Lovers left alive, Ariane Louis-Seize vise à proposer une esthétique différente de celle qui s’intéresse à renforcer l’effroyable, pour mieux se recentrer sur la question philosophique que le mythe embrasse, et ce en quoi notre époque, ses questionnements sur notre futur commun et la prise de conscience qui en émane, peuvent donner lieu à une actualisation de cette dernière. En optant pour le décalage, le film trouve certes sa note principale du côté de la comédie, dans l’ensemble agréable et plutôt bien amené, même si un rien répétitif. Mais il effectue également un rapprochement intriguant avec le mal être parfois vécu lors de l’adolescence, ses affres et ses peines, lorsque le champs des possibles, des ambitions et des espoirs se voit fortement rétréci par la confrontation au réel, au regard des autres, et pose plus que jamais la question de l’envie de vivre dans une planète et un monde qui vrille et se délite. Ainsi, en imaginant une histoire romantique entre un jeune homme suicidaire, qui n’aspire plus à vivre, ou à se battre contre ceux qui lui mène la vie dure, et une jeune vampire qui, dotée d’empathie, ne souhaite pas tuer des personnes sensible, Ariane Louis-Seize cherche tout autant à émouvoir par de bons sentiments, à défendre des causes qui lui sont chères: la cause animale, la sauvegarde de la planète, l’acceptation des différences, le droit à la sensibilité, qu’elle rend hommage à un genre, ou le renouvelle. Tout en sincérité, elle livre un film qui recherche un certain équilibre entre un message personnel et des références assumées, le tout empreint de légèreté. Le tout eut cependant été bien plus brillant si cela ne s’inscrivait pas dans une tendance trop marquée du cinéma mondial de vouloir croiser le film de genre et le revisiter, telle une recette à succès … Car si le geste de Jarmush tenait de l’originalité, difficile hélas de ne pas également dresser un parallèle avec des machineries à la Twilight, ou autres séries particulièrement ineptes, qui surfent sur un concept bien plus qu’ils n’ont de valeur artistique. Si la légèreté de Vampire Humaniste cherche suicidaire consentant se prête à faire ressortir les traits comiques, elle désert par contre l’ambition plus politique – ou métaphorique – que le film aurait pu prendre, et par là, son impact.
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