Last updated on 11 février, 2018
L’édition 2016 du festival Lumière est terminée et nous nous languissons déjà d’assister à celle de 2017. Cette huitième édition parfaitement organisée a joué les prolongations puisqu’elle s’étendait sur neuf jours soit deux de plus que les années précédentes. Neuf jours intenses passés à hanter les salles de cinéma lyonnaises pour y écouter Quentin Tarantino, le chanteur Christophe et les ambassadeurs du festival mais aussi assister à la projection des trente films du programme que nous nous étions concoctés.
Le prix Lumière 2016 a été remis à l’actrice Catherine Deneuve, le prix Bernard Chardère a été décerné au journaliste et critique Michel Ciment et le premier prix Fabienne Vonier a été attribué à la productrice Margaret Menegoz et à la distributrice Régine Vial. Mais le festival Lumière n’a pas pour vocation de mettre en compétition individus et films. C’est une manifestation dédiée à la mise en valeur d’un cinéma de patrimoine en s’appuyant sur les copies restaurées produites par de multiples programmes de restauration entrepris à travers le monde.
Il n’y a donc pas de palmarès officiel du festival Lumière, mais voici nos coups de cœur sur la base des trente films découverts ou redécouverts lors de ce rendez-vous cinéphile :
- Acteur : William Powell dans L’introuvable (1934, S. Van Dyke) en enquêteur privé, toujours un verre à la main, donc rarement sobre mais jamais ivre, livre une performance de grande classe.
- Actrice : Bette Davis dans Eve (1950, Joseph L. Mankiewicz) qui, dans un casting Hollywoodien tiré à quatre épingles, aboie et intervient comme un chien dans un jeu de quilles, un régal.
- Décors : ceux d’Alexander Golitzen, Russell A. Gausman et Ruby R. Levitt pour Lettre d’une inconnue (1948, Max Ophuls) qui, magnifiés par une excellente maîtrise de la lumière, permettent d’afficher à l’écran une minutieuse reconstitution tant intérieure qu’extérieure du Vienne du début du XXème siècle.
- Dialogues : ceux, poétiques, de Jacques Prévert dans Les enfants du paradis (1945, Marcel Carné), mais aussi ceux, caustiques, de Henri Jeanson dans Marie-Octobre (1959, Julien Duvivier)
- Documentaire : Voyage à travers le cinéma français (2016, Bertrand Tavernier), œuvre somme fruit d’un long travail et hommage aux réalisateurs, acteurs, scénaristes et compositeurs des années 30 aux années 70. Déjà classique et indispensable, à voir toute affaire cessante !
- Filmographie : celle de Buster Keaton, tout public, un burlesque intemporel qui, près d’un siècle après sa réalisation, demeure d’une efficacité redoutable. A redécouvrir !
- Mise en scène : Michael Cimino pour La porte du paradis (1980) fait preuve de virtuosité. Les décors naturels ou reconstitués sont vertigineux, les mouvements de caméra sont complexes et parfaitement réalisés, la captation de la lumière naturelle est saisissante, les figurants se comptent par centaines et les reconstitutions de combats relèvent de la chorégraphie. Michael Cimino était un génie du 7ème art.
- OFNI : il nous est impossible de départager deux films pourtant très différents.
- La chanson du coeur (1932, Mario Volpe), premier film parlant et chantant égyptien, une étrange œuvre composite et ultra rare qui s’apparente à une bulle cinématographique de 87 minutes à jamais en suspension entre deux époques, celle du cinéma muet et celle du cinéma parlant.
- Break-up, érotisme et ballons rouges (1965, Marco Ferreri), film rare, étrange, abstrait que tout rapprochement à un film déjà vu est vain.
- Restauration : Studio Canal pour sa restauration 4K de Indochine (1992, Régis Wargnier) qui surligne les nombreuses qualités esthétiques du film (beaux mouvements de caméra, superbe photographie, somptueuses lumières).
- Scénario : Joseph L. Mankiewicz et Vera Caspary pour Chaines conjugales (1949, Joseph L. Mankiewicz) déploient un scénario adapté d’un roman de John Klempner. Original, rigoureux et intelligent, ce canevas jouit en supplément d’une narration moderne (voix-off et longs flashbacks en écho).
- Spectateur inattendu : Quentin Tarantino en visite dans le domicile bien rangé de Dorothy Arzner (L’obsession de Madame Craig, 1936), un univers diamétralement opposé à celui de l’auteur de Pulp fiction. Doit-on donc s’attendre à une Madame Craig version « Pulp » ? Mystère !
Cette dernière « catégorie » est aussi l’opportunité de remercier Quentin Tarantino pour sa magistrale leçon de cinéma délivrée lors de sa master class. A masterpiece by Quentin Tarantino !
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