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#Cannes2019 – Critique de Little Joe de Jessica Hausner

Mis à jour le 30 juin, 2019

Little Joe de Jessica Hausner avec Emily Beecham, Ben Whishaw, Kit Connor, Phenix Brossard

Alice créé une nouvelle plante en faisant des croisements et la nomme « Little Joe », surnom qu’elle donne à son jeune fils. Mais soudain, toutes les personnes qui entrent en contact avec les plantations échangent leur corps…

Little joe est, à ce stade de la compétition, avec Les misérables, l’un des films les plus fluides et intéressants de la présente compétition cannoise. Le point de départ du récit est l’invention d’une fleur synthétique, nommée Little joe, mise au point dans un laboratoire. Cette fleur nécessite des soins infinis, de l’affection. En retour, elle récompense son propriétaire en exhalant une odeur qui le rend heureux. Inventée en violation de certaines règles du laboratoire- test et contrôles notamment d’allergologie -, ne comporte telle pas des risques pour tout ceux qui l’approchent ?

Ce film de Jessica Hausner se singularise rapidement par sa musique d’inspiration japonaise, utilisée à très bon escient, comme on ne l’avait pas vu avant. La façon de filmer détonnent des standards, que ce soient les travelling glissants, ou les cadres, comme celui où deux personnes se font tout d’abord face avant que la caméra n’avance jusqu’à les occulter du cadre. La forme s’attache ainsi à rendre un effet clinique, et vise à perturber le spectateur, à l’interroger.

L’idée du film est très bonne -nous ne vous la spoilerons pas plus. Un David Cronenberg de la grande époque, avec un tel scénario nous en aurait fait un film prenant aux tripes, malaisant, nous contaminant tel les personnages du films, Jessica Hausner choisit un traitement clinique, dans l’ensemble froid, mais parfaitement étudié pour que certaines ambiguïtés puisse exister. Le spectateur a devant un tel film une zone de liberté pour interpréter de quelle côté se trouve la raison, et se faire ses propres certitudes. Ceci étant dit, et quoi que Little Joe est un bon film que l’on regarde de bout en bout avec intérêt, il est plus probable, au vu de son casting très britannique qu’il soit primé au festival de Dinard – où nous avions découvert 4 des acteurs, Phenix Brossard en tête, qu’au palmarès cannois.

Si sa portée métaphorique fonctionne et ne fait aucun doute – la critique sociale est proche de celle de Loach, les gens se déshumanisent, deviennent leurs propres avatars dans un monde où les apparences prennent le dessus, ils cultivent l’indifférence vis à vis des autres, leur attention étant déroutée vers un bonheur artificiel – critique applicable aux festivaliers Cannois par ex sic- son défaut est de ne pas nous communiquer l’effroi que l’on imagine voulu par la réalisatrice.

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