Nous sommes en 1847 et l’Irlande est aux prises avec la Grande Famine qui a ravagé le pays pendant deux longues années. Feeney, un Ranger irlandais endurci qui se bat pour l’armée britannique à l’étranger, abandonne son poste pour rentrer chez lui et se réunir avec sa famille séparée. Il a vu plus que sa part d’horreur, mais rien ne le prépare à la destruction désespérée de sa patrie par la famine qui a brutalisé son peuple et où il semble n’y avoir aucune loi et aucun ordre. Il découvre que sa mère est morte de faim et que son frère a été pendu par la main brutale des Anglais.
Avec peu d’autres raisons de vivre, il se lance dans une voie destructrice pour venger sa famille, remontant systématiquement la hiérarchie politique et sociale de l’Irlande. Hannah, un soldat britannique vieillissant et célèbre traqueur de déserteurs, est envoyé pour arrêter Feeney avant qu’il puisse continuer à attiser les feux de la révolution. Mais Hannah et Feeney sont de vieux camarades de l’armée avec un respect mutuel forgé par leur temps à se battre ensemble. Les liens personnels et les allégeances changeantes font que les deux hommes remettent en question leurs motivations, car ils sont mis à l’épreuve par le paysage infernal de «la grande faim
De Lance Daly, Sarah Greene, Hugo Weaving, James Frecheville, Stephen Rea, Freddie Fox, Barry Keoghan, Jim Broadbent, et Moe Dunford.
Black47 relève assurément d’un ambitieux projet. Outre son casting cinq étoiles, le film bénéficie d’une mise en scène très soignée, d’une photographie très travaillée, très surexposé et très désaturée pour produire un effet quasi noir et blanc, pour mieux rendre la réalité sociale, mieux faire ressortir la terre et non la verdure, mieux traduire l »époque et la blancheur des gens affamés.
La direction d’acteurs étonne dés les premières images et n’aura de cesse de le faire, le ton est posé, dur; froid et fort. Les premiers visages que l’on observe donnent le là, ce sont ceux d’hommes charismatiques, beaux par la force, la maturité qui se dégagent des traits mais aussi de la barbe. Ils ne nous sont pas tellement inconnus, puisque le premier visage sur lequel on s’attarde est celui de Hugo Weaving, celui de James Frecheville suivra peu après – les deux acteurs sont dans l’ensemble métamorphosés pour rentrer dans leur rôle .
Lance Daly livre un film puissant sur une période méconnue de l’histoire irlandaise et preque volontairement oublié des livres d’histoire -nous dira sûr de lui Jim Broadbent en conférence de presse. Le récit nourrit deux ambitions, dresse trois portraits.
Il narre d’une part une époque extrêmement difficile, une réalité sociale, et d’autre part s’intéresse à deux hommes forts qui se sont connus en Afghanistan où ils ont combattu ensemble pour l’état anglais,. Le premier est un irlandais qui a déserté son pays, et qui, de retour chez lui va se voir confronter à une triste réalité. Celle-ci suscitera chez lui un grand sentiment d’injustice et appellera une vengeance personnelle qui n’est pas sans rappeler l’entreprise qu’a suivi Arnaud Des Paillères avec Michael Kohlhaas. Le second est un homme devenu commissaire qui travaille pour les autorités – le film ouvre par une scène où ce dernier commet l’irréparable irrité par un prisonnier qui se refuse à dénoncer ses complices, et qui appuie sur le point faible du commissaire.
Le ton est froid et glaçant, aucunement dénué d’actions. Certains y ont vu une inspiration Eastwoodienne, d’autres ont même cru reconnaître des emprunts à Rambo – c’est pour dire ! – Quant à nous, nous citerions plus volontiers Bergman et pourquoi pas même Tarkovski (toute proportion gardée, nous parlons d’instants), et comme nous le disions Des Paillières…
L’impression d’ensemble que nous laisse le film est qu’il est plutôt dense, dans son intensité, dans la tension qu’il entretient – servi en cela par une musique et des bruitages appuyés – qu’il s’en dégage une puissance indéniable et qu’il est donc réussi – quand bien même le film appartient à un genre que nous ne chérissons pas nécessairement, qu’il fait la part belle à l’action et à la virilité – les femmes sont très absentes, seule Sarah Greene qui tient le rôle d’une pauvresse qui disparaîtra, victime du froid, de la misère, et du pouvoir en place, vient compléter le casting très masculin.
Il nous intrigue ceci dit, que sur IMDB on trouve trace d’un film éponyme daté de 2013 : http://www.imdb.com/title/tt3211806/ alors que par ailleurs le film serait une suite donnée au court métrage en Irlandais “An Ranger” (The Ranger), et que Lance Daly, scénariste et réalisateur du film à aucun moment dans la conférence de presse n’a évoqué l’existence de ce film là, rappelant très souvent qu’il n’existait que très peu de matériau exploitable sur cette période, et aucun film … Etrange …
https://we.tl/ogDyLEmBVT
Black47, diaporama de la conférence de presse #Berlinale2018
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