Le festival de Cannes en a pris l’habitude, et sur les réseaux sociaux beaucoup stipulaient que cela interviendrait ce mardi (par comparaison à ce qui se fit dans les éditions précédentes), un complément de sélection – peut être pas le dernier, si l’on se fie là aussi aux éditions précédentes – vient de paraître.
Quelques jour plus tôt, c’était l’affiche qui fut dévoilée, déjouant là aussi des pronostics qui auraient souhaité une affiche hommage qui à David Lynch, qui à Emilie Dequenne, peu avaient vu venir les 60 ans d’un homme et une femme, et ce nouvel hommage à Claude Lelouch.
La Quinzaine a elle annoncé qu’Alain Chabat serait son invité d’honneur, qu’il aura le droit à sa masterclasse et à projeter un film surprise.
Voici le complément de sélection:
COMPÉTITION
DIE MY LOVE de Lynne Ramsay
MOTHER AND CHILD de Saeed Roustaee
UN CERTAIN REGARD
LOVE ME TENDER d’Anna Cazenave Cambet
UN POETA de Simón Mesa Soto
O RISO E A FACA (LE RIRE ET LE COUTEAU) de Pedro Pinho
THE CHRONOLOGY OF WATER de Kristen Stewart – 1er film
CANNES PREMIÈRE
RENAI SAIBAN de Kōji Fukada
ÁSTIN SEM EFTIR ER d’Hlynur Pálmason
MAGALHÃES de Lav Diaz
SÉANCES DE MINUIT
LE ROI SOLEIL de Vincent Maël Cardona
HONEY DON’T d’Ethan Coen
SÉANCES SPÉCIALES
AMÉLIE ET LA MÉTAPHYSIQUE DES TUBES de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han – 1er film
MAMA d’Or Sinai – 1er film
ARCO d’Ugo Bienvenu – 1er film
QUI BRILLE AU COMBAT de Joséphine Japy – 1er film
ET DANS LE CADRE D’UN HOMMAGE À PIERRE RICHARD
L’HOMME QUI A VU L’OURS QUI A VU L’HOMME de Pierre Richard
Voici les affiches officielles, et le texte d’accompagnement:


Un homme.
Une femme.
Une plage déserte.
Un ciel tourmenté.
Une musique enivrante.
Une idée surgie 3 mois auparavant.
Un tournage de 3 semaines.
Une scène de 20 secondes.
L’éternité ne dure finalement qu’un instant.
C’était il y a 60 ans : en 1965, deux êtres abîmés qu’incarnent Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant se rencontrent, se séduisent, résistent pour enfin virevolter sous la caméra incandescente de Claude Lelouch. La Palme d’or à Cannes en 1966, les deux Oscars à Hollywood en 1967 comme les dizaines de récompenses à travers le monde valent peu à côté de ce moment grandiose de tendresse, de simplicité et de beauté.
Parce que cette étreinte (l’anagramme d’éternité !) est sans doute la plus célèbre du 7e Art, parce qu’on ne peut séparer un homme et une femme qui s’aiment, parce qu’on ne peut séparer cet homme-là de cette femme-là, le Festival de Cannes choisit pour la première fois de son histoire de présenter une double affiche officielle. Un homme et une femme. En regard, mais réunis.
— Lui : Dans la vie, quand une chose n’est pas sérieuse, on dit c’est du cinéma. Pourquoi vous pensez qu’on ne prend pas le cinéma au sérieux ?
— Elle : Peut-être parce qu’on y va que quand tout va bien ?
— Lui : Alors vous pensez qu’on devrait y aller quand tout va mal ?
— Elle : Pourquoi pas ?
Quand l’époque semble vouloir séparer, cloisonner ou soumettre, le Festival de Cannes souhaite (ré)unir. Resserrer les corps, les cœurs et les âmes. Encourager la liberté et figurer le mouvement pour mieux le perpétuer. Incarner le tourbillon de la vie pour la célébrer, encore et encore.
Tous deux lauréats du prix d’interprétation à Cannes (1969 pour lui avec Z, 1980 pour elle avec Le Saut dans le vide), cet homme et cette femme ne sont plus. Ces deux affiches sont aussi un hommage. Héros magnifiques de délicatesse et de séduction, Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant irradient à jamais la pellicule de nos existences comme ces deux affiches dont les couleurs disent l’intensité d’une passion amoureuse qui triomphe du désespoir. Cette lumière ne vient plus du ciel, aujourd’hui troublé de toutes parts par une actualité funeste ; elle surgit de la fusion irradiante de deux êtres qui réconcilient avec la vie.
Crédit des affiches officielles du 78e Festival de Cannes : © Les Films 13 – Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966) / Création graphique © Hartland Villa
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