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Rencontre avec Olivier JAHAN et Emma DE CAUNES – LES CHÂTEAUX DE SABLE

Mis à jour le 25 mai, 2015

Le film très réussi « Les châteaux de Sable » d’Olivier Jahan avec Emma De Caunes, Yannick Rénier, Alain Chamfort sortira en salle le 1er Avril. Nous avons rencontré Oliver Jahan et Emma De Caunes.

Emma, comment êtes-vous rentrée dans ce projet ?

Emma De Caunes [E] Je suis très attachée à Olivier. J’aurais pu lui dire oui sans même lire le scénario, j’ai une confiance en lui absolue. Je pense que c’est un grand cinéaste. A chaque fois que nous avons travaillé ensemble ce fut de belles expériences. Un autre point important est qu’il a co-écrit le film avec Diastème, avec qui j’ai beaucoup travaillé aussi, au théâtre, au cinéma. J’étais un peu prêt certaine que le mélange de leur deux plumes allaient être du sur-mesure, ils me connaissent assez tous les deux pour à la fois me surprendre et prendre en compte mes aspirations– enfin un rôle de Femme avec un grand F..

Olivier Jahan [O] [Rires]Tu fais ton Dalida là …

 [E] Oui une femme qui traverse les « choses » qu’une femme  traverse dans une vie, qui corresponde à l’âge que j’ai, à un moment charnière de sa vie, où elle doit faire des choix, où elle doit avancer . C’est exactement ce dont j’avais envie à ce moment là, on était très synchro,  je pourrais développer très longuement. Ce personnage est magnifique parce qu’on démarre avec une petite fille qui perd son papa, et sans spoiler le film, on peut dire qu’à la fin du film elle a grandi, elle s’est transformée, elle a fait un choix, elle avance. C’est très agréable de jouer un personnage qui passe par plein d’émotions, qui évolue en si peu de temps.

Devoir faire un choix, est-ce une idée maîtresse du scénario ?

[O] Oui. Enfin, c’est avant tout très autobiographique, puisque le film est tourné dans la maison de mon père, où il a vécu les dernières années de sa vie, où il est mort. Cette maison qu’on a d’abord essayé de vendre avec ma sœur, car elle était trop grande pour notre petite famille, nous a donné l’idée d’un film. J’étais avec Diastème et on s’est dit « Et si on écrivait quelque chose autour de ça ». Et tout s’est développé très vite, on a trouvé des points d’entrée au scénario très rapidement, entre l’histoire d’un couple déconstruit qui va se reconstruire, et l’histoire de la disparition de quelqu’un à qui l’on tient, et même si je n’aime pas employé ce mot, le deuil, ou plus exactement l’acceptation du deuil qui est autre chose – il ne faut pas faire peur aux gens ! . Tout cela avec cette décision de vendre la maison, Eleonore, perdue, déboussolée, qui est obligée de le faire pour des questions d’argent, même si elle n’a pas envie de le faire.. Il y a donc le choix de rentrer dans l’âge adulte et le choix autour de ce couple, que l’on explore à travers différents passages du film, le personnage de Samuel en parle beaucoup.

Sur internet, on trouve un titre alternatif Ker Salloux …

[O] Oui, le film s’appelait à l’origine Ker Salloux, nom du lieu dit où se situe la maison. Quand La Belle Compagnie, les distributeurs du film ont aimé le film et ont décidé de le distribuer, ils m’ont demandé de trouver un autre titre. On a beaucoup cherché, j’avais peur de tomber dans le travers du titre un peu neutre, qui ne veut rien dire du tout. Et le titre que l’on a trouvé est pas mal, pour preuve tout le monde nous pose la question, on le retient, .il est cité dans le film puisque c’est une chanson de Brassens, la longue chanson que Claire Andrieux chante à Eleonore  et Samuel. Et cela avait du sens, parce que « Les châteaux de sable » se construisent et se déconstruisent très rapidement, et c’est un peu l’histoire, on est dans une reconstruction quelque part.

[E] Et le clin d’œil à l’enfance aussi… Les châteaux de sable évoquent l’enfance, et Eleonore quitte l’enfance.

Le principe de la voix off était-il envisagé dés le scénario ?

[O] Le scénario était particulier. Il a été édité par La Belle Compagnie, vous pouvez le trouver. Il s’agit plus d’un objet littéraire que d’un scénario classique. On a écrit le projet très vite, on avait le décor, puis on s’est débarrassé de tout ce qui est pesant dans la lecture d’un scénario : des descriptions d’action, de mouvement, avant de rentrer dans un dialogue. On avait juste envie, de raconter de manière soignée ce qui s’était passé avant qui pouvait introduire une scène. On n’avait pas  envie de délaisser l’écriture au profit de l’intrigue. On a fait des propositions, avec des phases d’introspection, ou même des photos. C’était un objet plus qu’un réel scénario. On a fait un peu peur aux gens, même si c’était séduisant. Ils se demandaient comment on allait traduire ces passages du papier à l’écran. Quand il a été question de le tourner, cela a été en fait relativement  rapide entre les deux, je me suis dit que le texte que l’on avait écrit, pour être bien illustrer dans le scénario ne devaient pas être mis de côté, et on a trouvé cette idée de voix-off, mais pas uniquement. Il y a aussi les photos, les apartés comme je les appelle un peu de manière littéraire -terme j’aime beaucoup,- en essayant de trouver une fluidité, qui s’est travaillée au montage.  Je n’avais pas envie de perdre ce qui me séduisait dans l’écriture,  et ce n’est pas par flagornerie, – Diastème est meilleur écrivain que je ne suis, j’écris bien, mais puisqu’on a écrit à quatre mains et je me suis calqué sur le style que Diastème m’a imposé au départ-  Il ya des moments où la voix off apporte des choses peu habituels au cinéma, des perspectives.

[E] Et puis on découvre tardivement qui est cette voix off …

[O] Oui et il y a là un petit clin d’œil au film de Truffaut « La Femme d’à côté, » quoi qu’on découvre qui est la voix off à la fin.

Vous étiez influencé par la Nouvelle Vague ?

[O] Oui. Enfin je n’en sais rien. Non. Je le dis parce qu’on me l’a dit, mais il faudrait que je vérifie. Il y a un film qui s’appelle « Deux automnes, trois hivers » de S. Betbeder où il utilise aussi ce procédé là. Ce qui était plutôt un compliment pour moi, c’est que le cinéma de la Nouvelle vague voulait s’affranchir des contraintes, et effectivement sur le tournage on a essayé d’avoir une grande liberté. Cela a donné un courage cocasse où tout le monde courait partout, quand Emma avait cinq minutes, elle allait prendre des photos, et puis on s’est creusé la tête au montage !

Emma, comment avez-vous réagi à la lecture de cette objet littéraire…

[E] C’est justement ce qui m’a séduit. C’est tout sauf un scénario classique, c’est très audacieux, on se dit « Qu’est ce que c’est que ce truc » ; par exemple quand on lit « Eleonore pense qu’elle n’aurait pas du coucher avec ce chanteur » on se demande comment cela peut être tourné ! Moi ça me renseignait sur le personnage, sa back story ; et on a l’impression de les connaître. J’ai adoré ça, l’objet je dirais qu’il est audacieux, original, moderne, nouveau, « couillu » pardonnez-moi l’expression. C’est un peu « ça passe ou ça casse ». J’ai toujours dit à Olivier qu’il y a un peu deux tournages en soi, le montage permet de réécrire des choses, un peu comme un laboratoire, des scènes étaient tournées au cas où. Si on prend les photos de Fred Stucin, super photographe qui m’a servi de prof pour que j’ai l’air d’y connaître quelque chose à la photographie, elles donnent du sens au récit. J’étais ravi de participer à un truc où on ne se dit pas qu’on l’a vu mille fois. En même temps, l’histoire est simple, un deuil. Je savais qu’à travers la forme on allait faire quelque chose nouveau pour moi. Et puis on y rajoute certains aspects particuliers, on a pas attendu que des grands patrons nous donnent l’argent pour tourner, on a fait le film, dans l’urgence, dans la maison d’Olivier, avec une grande motivation. C’était très intense, sans gras, on est allé à l’essentiel, et c’est agréable. Un peu comme se jeter dans le vide, j’adore ça, ça donne des sensations. J’aurais peut être plus freiné des quatre fers si le projet était porté par un jeune réalisateur, le filet là, c’était Olivier quand même. Je savais que je pouvais lui faire confiance pour qu’il fasse quelque chose de chouette.

[O] Oui c’était une aventure. A mon niveau, c’était agréable, parce qu’à côté de mon métier de réalisateur, je fais pas mal de montage, et j’aime ça. Je me suis ici entouré d’un pote pour cela, j’avais fait des essais chez moi, je savais ce qui marchait ce qui ne marchait pas, et le montage était très marrant. J’étais rassuré, par exemple, la voix off qui a été rajouté à la fin, on a du l’enregistrer trois fois, et faire un peut tout à l’aveugle, ce n’était pas facile pour Christine, qui est une excellente actrice.

Vous aviez imaginé le casting dés le départ ? Alain Chamfort, Yannick Renier ?

[O] Cela s’est fait très simplement. Pour les personnages féminins, ca s’est fait très vite. il y avait d’abord Emma dont on a déjà parlé. Jeanne Rosa, j’avais déjà travaillé avec elle, c’est une amie de la famille d’Emma, de Diastème, de moi. On avait fait un court métrage ensemble où elle était formidable, j’avais envie évidemment de retravailler avec elle, et elle endosse le rôle avec panache. J’avais déjà travaillé également avec Christine Brücher, et il y avait une entente assez folle entre Jeanne et Christine. Le film s’est fait un peu sous l’égide de la famille. Gaelle Bona, je ne la connaissais pas. Alain Chamfort et Yannick Renier je ne les connaissais pas. Yannick était une évidence pour moi. J’avais déjà travaillé avec son frère Jérémy. Je trouve que c’est un comédien peut être sous employé,  en France on lui offre des rôles qui ne sont pas à la hauteur de son talent, c’est un comédien d’une finesse totale qui forme un couple que je trouve assez époustouflant avec Emma, ils jouent tous les deux sur le même terrain, ils s’amusaient ensemble. Quant à Alain Chamfort, l’idée m’est venue quand j’ai vu ce film que peu de monde a vu dans lequel il jouait qui s’appelle « Les jeux des nuages et de la pluie ». Je cherchais un personnage singulier pour le film. Je ne voulais pas d’un père un peu Breton, réaliste, je voulais un personnage évanescent, d’autant plus qu’il joue le rôle d’un fantôme. J’avais en tête son interprétation précédente où il a avait une présence incroyable. On s’est appelé, je lui ai envoyé rapidement le scénario par mail, on s’est rencontré, il m’a dit « je ne suis pas comédien ». Je lui rappelle qu’il avait joué dans un film … Il me répétait « oui, mais je ne suis pas comédien ».   A force, il m’a dit oui, quand il a rencontré Emma il lui a dit la même chose. Quand il est arrivé sur le tournage, il était préparé. Des scènes avec Alain se dégagent une tendresse qui me fait dire que ce choix était évident et heureux. Il aime beaucoup le film. Même si sa présence à l’écran est courte, elle est marquante. Pour l’anecdote, pour les besoins du film on a tourné une scène où Alain Chamfort fait la cuisine, fait la vaisselle, s’occupe de son jardin. J’ai dit à l’équipe « tourner une telle scène, voilà pourquoi je voulais faire du cinéma ! ». Humainement, c’est quelqu’un de formidable. N’est-ce pas Emma ?

[E] Papa !

L’écriture est approfondie. Que doit-on à vous et à Diastème ?

[O] Difficile de distribuer les points. Je suis très gré à Diastème d’avoir impulsé de tourner dans cette maison, après ce que j’avais vécu qui n’était pas simple. C’est lui qui m’a poussé aussi dans cette forme, il m’a envoyé les dix premières pages du scénario, je me suis dit « Ouh là », à la fois admiratif, et en me disant qu’il y avait du travail.

L’un n’était pas plus intéressé par les personnages que l’autre ?

[O] Non. Parce que l’intrigue était posée simplement. Sans spoiler, c’est l’histoire d’un couple qui part l’espace d’un week-end pour vendre une maison. On n’a pas eu besoin d’un séquencier. La trame était là. On avait envie d’un film qui soit très coloré en termes d’émotions, des choses les plus saugrenues, aux plus douloureuses. Et ce mélange des tons semble fonctionner. Le film n’est pas un drame, n’est pas une comédie non plus, c’est un peu les deux à la fois. Ce n’est pas un petit sourire de temps en temps, on bascule d’une franche rigolade à quelque chose de plus noire, et les personnages sont denses. On s’est permis des incursions dans leurs pensées, qu’on a du illustrer qui expliquent peut être que le spectateur peut ressentir ces choses plus fortement.

La maison de Brassens du côté de Lézardrieux, la nièce d’Hitler qui avait des relations avec son oncle, sont-ce des éléments fictifs ?

[O] Non, c’est tout à fait vrai. La nièce d’Hitler oui c’est connu. Pour Brassens, l’autre jour un monsieur me dit « Il n’a pas du tout vécu dix ans dans cette maison, il a vécu beaucoup plus longtemps que ça ». En tout cas ce qui est exact, c’est qu’il avait cette maison à Lézardrieux et qu’il y a vécu la fin de sa vie. Il y allait très souvent. Je ne le savais pas au départ ceci dit.

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Emma vous avez travaillé les détails de votre personnage, les bagues notamment.

[E] Oui, c’est une idée que j’ai eu assez vite. Puisqu’elle est photographe, je me suis dit que son outil de travail c’était ses mains, ses yeux aussi bien sûr, et j’ai eu envie de les habiller. C’est aussi une armure, une protection. C’est un détail que j’avais envie d’apporter qui a plu à Olivier, on était d’accord. Ensuite, pour travailler ce rôle, j’ai puisé en moi, comme tous les acteurs, et Olivier sait dans quelle direction m’amener. Ce qu’elle traverse durant ce week-end, c’est le grand huit, les émotions et on part du principe qu’elle picole et se bourre de médocs – vous le voyez toute ressemblance avec moi serait purement fortuite. Au début du film, elle a perdu son père, elle est vraiment en vrac, elle a des soucis d’argent, sentimentalement ca ne va pas bien non plus. Se replonger dans les souvenirs de son père, c’est Mururoa dans sa tête ! [Rires] Ce qui m’intéressait, c’était de chercher à travailler l’intériorité, à être borderline, sans tomber dans le pathos, dans les torrents de larmes permanents, ce n’est pas ça non plus la vie non plus, et Olivier est plus délicat que cela. C’est plus intéressant d’aller chercher l’intérieur, le contenu, qui parfois sort mal, contre la mauvaise personne, au mauvais moment. J’aimais bien cette idée de checker, que tout se remue, et que petit à petit elle retourne vers la lumière.

Comme je disais, j’étais ravie de ce rôle. Dans le cinéma français, des rôles de femmes, il n’y en a pas tant que ça, ce sont plus souvent des femmes de, ou des mères. Cela me permet d’explorer des rôles plus intéressants que mes premiers rôles, et ce sous la bienveillance d’un réalisateur que je connais.

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Le fait d’avoir démarré très vite, avec Un Frère, d’être très présente médiatiquement (pubs Crunch, Dim), de récolter des récompenses très rapidement (Césars, Prix Romy Schneider), n’était-ce pas finalement un handicap ?

[E] Oui, c’est un cadeau un peu empoisonné. C’est peu le cas pour toutes les jeunes filles, quand on a tout trop vite, trop fort, on se dit « Ah bon c’est comme ça, bon ça va être comme ça tout le temps ». On ne se dit pas que tout peut repartir aussi vite. Et c’est malheureusement comme ça, depuis l’histoire du cinéma, il y a des cycles, on est en tête de gondole, puis on disparaît, et on revient. Je ne regrette rien de ce que j’ai vécu, mais si j’avais le choix, je préférais que ce qui m’est arrivé m’arrive plus tard. Personne n’est prêt à vivre un succès jeune. Quand je vois tous ces gamins, qui par le biais des télé-réalités, des télé-crochets connaissent un succès à 18 ans et sont jetés en pâture, puis qu’on oublie deux ans plus tard, la plupart soit ils se foutent en l’air, deviennent camés, c’est trop violent pour eux. Moi je viens d’une famille du spectacle, je me sentais armée par rapport à cela, mais cela reste violent. On dit aux enfants « le feu ça brûle », tant qu’ils ne se sont pas brûlés… Je savoure d’autant plus mon retour au cinéma avec ce film, que ça fait longtemps que je veux revenir avec un projet que j’assume, qui me correspond, et qui trouveront leur public.

Un frère c’était un très beau rôle …

[E] Oui je ne regrette rien comme je vous dis, c’était un très beau rôle.

On a l’impression que vous avez pris du recul par rapport à des rôles dans lesquels on vous cantonnait et qui ne vous correspondaient pas…

[E] Oui, on a cette particularité en France: on met les gens dans une case, et on aime pas trop qu’ils en changent. Si vous jouez une fois la petite nana sympa, énergique, pêchue, vous jouez ensuite la petite nana sympa, pêchue

[O] A vie !

[E] Moi j’ai un peu fait le tour. C’était sympa. Je préfère jouer cela que la sale conne aigrie. Mais j’avais envie de faire d’autres choses, des émissions musicales que j’ai fait pendant 10 ans sur Canal, un peu de réalisation, j’ai écris. Les gens sont perturbés. Ils se demandent « Ouh là là, elle est DJ, elle présente une émission de musique, mais alors elle n’est plus actrice », et puis vous revenez au théâtre, alors ils ne comprennent plus rien. J’ai l’impression que j’ai un peu brouillé les pistes aussi. J’ai jamais rien calculé. A bonne école dans ma famille, on fait toujours ce que l’on a envie de faire, là où le vent nous porte, parce qu’on est curieux et qu’on a envie d’essayer des choses. Il y a des choses pour lesquels on est bons, d’autres où on est moins bons. En ce qui me concerne, tout ceci n’est que de l’ « Entertainment » comme on dit aux US, tout appartient au même univers, la musique comme le cinéma ou le théâtre, mais souvent,  les gens sont déstabilisés, et on peut moins penser à moi comme actrice.

Vous aussi Olivier, il s’est passé 10 ans entre vos deux longs métrages ?

[O] [Rires] Bah oui. En fait non. J’ai eu une autre vie. Mon premier long métrage s’est bien passé. Mais ensuite j’ai travaillé à la Quinzaine des réalisateurs, on a oublié que j’étais réalisateur, on m’a catalogué « sélectionneur de festival ». Mon premier film n’a pas très bien marché c’est vrai, on ne m’a pas fait de cadeau, à une époque où le cinéma français a coupé un peu les vannes, et a cherché à sélectionner très sévèrement les talents, quand auparavant on poussait plus facilement les gens à faire un deuxième film.  C’est encore plus compliqué aujourd’hui! Mais j’ai fait des courts-métrages, des moyens-métrages, des documentaires, et j’ai développé des projets qui n’ont pas été financés. Ce qui est agréable dans cette histoire, et on peut dresser le parallèle avec Emma, on revient dans la lumière alors que l’on a fait le film le moins calculé du monde ! Franchement, dans notre petite maison, à fabriquer notre film comme des artisans, des artistes, avec des passionnés … Si le film séduit, c’est probablement pour cet esprit.

Quelques mots sur la musique ?

[O] Avec Emma, on avait envie d’avoir un musicien qui nous plaise. On est tous les deux fans de musique. On a fait une shortlist tous les deux, et on s’est retrouvé sur Patrick Watson, parce qu’on trouve que c’est un musicien dément, qui peut faire des ballades déchirantes comme des expérimentations. On a échangé avec lui, on lui a envoyé le scénario en anglais, on lui a envoyé une lettre magnifique qui a été visée par tous, on lui a envoyé des maquettes, on passait par ces agents c’était un peu frustrant. Il avait vu les maquettes, il disait qu’on pouvait essayer et qu’on verrait après. Après le tournage, c’était une évidence pour nous qu’il fallait qu’on travaille avec lui, car tout collait au montage. On a passé 4 mois de stress énormes au cas où il aurait des demandes financières trop importantes, car c’est un canadien dont la musique est très utilisée sur des séries américaines. Les producteurs n’y croyaient pas. Un soir on lui a envoyé un lien avec un montage partiel Vimeo qui n’était pas fini, en français, alors qu’il est anglophone. Le lendemain, il appelle son manager et dit je veux en être. Pour moi c’était « Ouah! » un cadeau total. C’est de la musique existante, pas une musque écrite pour le film mais qui participe au charme du film de façon évidente, puisque tout le monde nous en parle …

 

 

 

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