Mis à jour le 10 novembre, 2024
Un film d’Emmanuel Mouret
Avec: Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Damien Bonnard, Grégoire Ludig, Vincent Macaigne, Éric Caravaca
Joan n’est plus amoureuse de Victor et souffre de se sentir malhonnête avec lui. Alice, sa meilleure amie, la rassure : elle-même n’éprouve aucune passion pour Eric et pourtant leur couple se porte à merveille ! Elle ignore qu’il a une liaison avec Rebecca, leur amie commune… Quand Joan décide finalement de quitter Victor et que celui-ci disparaît, la vie des trois amies et leurs histoires s’en trouvent bouleversées.
Notre avis: **(*)
Emmanuel Mouret nous livre non pas un mais plusieurs récits dont il a le secret. En musique classique, nous pourrions aisément parler de variations. Dans son style très reconnaissable, empreint de frivolités, badinages et conversations psychologiques de personnages aux émois prononcés, il poursuit une œuvre qu’il a de lui même toujours placé du côté de ceux de ses comparses qui se sont emparés au cinéma (comme d’autres en littérature ou en musique) du sujet amoureux, de Rohmer à Truffaut, de Lubitsch à Allen. Les bons mots se succèdent, les rencontres se multiplient, le hasard, le destin ou la providence s’invite généreusement pour pimenter l’existence des personnages principaux, ici trois amies choisies pour leur contraste. Plus précisément, Camille Cottin nous l’apprend en conférence de presse, le film aurait pu s’intituler une femme honnête. Mouret prend ici en effet un malin plaisir à confronter trois femmes différentes, unies par un lien d’amitié dont le postulat voudra qu’il soit indéfectible, malgré le contraste de tempérament, de convictions profondes, et de trajectoires personnelles. Il questionne, dans un mélange de subtilité, d’amusement mais aussi de frivolité – qui fait le charme de son cinéma- la question du rapport à la sincérité, à l’honnêteté vis à vis de l’autre, mais aussi vis à vis de soi-même. Il questionne tout autant la question des scrupules, de la permanence de l’état amoureux, la recherche ou au contraire la fuite des passions, de ses affres. Il imagine plusieurs conséquences possibles à ce rapport à l’autre, de la plus tragique (le drame ultime, le destin brisé) à la plus légère (la résurgence d’un amour en apparence éteint). A démultiplier ainsi les propositions, vis à vis de ses films précédents, Mouret gagne parfois en dynamisme, voire en jovialité d’ensemble (malgré l’omniprésence de la part tragique, voire même l’inexorabilité latente de cette dernière), quelques dialogues particulièrement bien sentis ou rebondissements de situation marquent les esprits. Mais il y perd également en intensité, abandonnant en chemin, ou réduisant un peu trop des premières pierres posées, matière évidente à identifications, qui cesseront d’agir dés lors qu’une nouvelle intrigue vient clore la première. Less is more souvent, serait-on tenté de dire, même si parfois trop n’est jamais assez, adage qui pourrait expliquer l’omniprésence de la musique classique, dans toute l’œuvre d’Emmanuel Mouret, mais ici plus encore qu’à l’accoutumée, en surimpression permanente. Ces petits défauts viennent contrarier la réussite assez manifeste d’une autre intention du réalisateur, celle consistant à s’appuyer sur la nature (présumée) même des actrices, pour offrir un contraste permanent, et ainsi fuir le dogmatisme. Si vérité morale il peut y avoir, elle ne peut l’être que dans la subjectivité d’une personne, de sa façon d’être, du rapport à l’autre, et de sa propre façon d’appréhender cette même vérité. Questionné sur le sujet, Emmanuel Mouret reconnaît qu’il n’a pas retenu India Hair, Camille Cottin, et Sara Forestier sans arrière-pensée sur l’image qu’elles pouvaient renvoyer d’elles même, et donc leur nature supposée, quand ces dernières se sont plus ou moins reconnues dans leurs partitions (India Hair a senti une part profonde d’elle même percée, Sara Forestier a au contraire eu l’impression de composer un personnage aux antipodes de ses propres convictions – sur le fait de trahir sans trop de scrupules apparents, sa meilleure amie, Camille Cottin ne se livrant elle que très peu).
Notre avis (2): ***
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