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The Brutalist de Brady Corbet

Mis à jour le 3 septembre, 2024

Un film de Brady Corbet

Avec: Adrien Brody, Guy Pearce, Felicity Jones, Joe Alwyn, Raffey Cassidy, Stacy Martin, Isaach De Bankolé, Alessandro Nivola, Emma Laird, Jonathan Hyde

Lorsque l’architecte visionnaire László Toth et sa femme Erzsébet fuient l’Europe pour reconstruire leur héritage et assister à la naissance de l’Amérique moderne, leur vie est changée à jamais par un mystérieux et riche client.

Notre avis: **(*)

Une œuvre qui tout à la fois ne manque pas d’ambition et comprend une part singulière, pour un film américain, en compétition à Venise 2024, nous apprécions l’initiative. Qui plus est, difficile de taxer le film d’objet de mode, netflixien ou amazonien comme nous avons pu en voir ces dernières années, qui ne savent pas mettre en pause certaines idées formelles intéressantes au départ mais qui rapidement prennent le pli sur tout le reste jusqu’à écraser leur sujet eux même (Blonde par exemple). The brutalist lorgne même, par son ambition narrative ample (un homme, une famille, un destin, une époque, un pays, une société, un art), son temps long, – si rare dans le cinéma américain hormis des Beatty ou autres Lumet, et ses thématiques décadentes, traumatiques du côté de Visconti (un lointain cousinage dirons-nous). Sur la forme, le récit s’étale sur plusieurs décennies, dont quelques extraits nous sont proposés, entre deux coups d’accélérateurs – à la Star Trek nous nous transposons parfois dans une nouvelle bulle spacio temporelle sans coup férir – avec pour fil constructeur une œuvre pharaonique, de l’ordre de celle que l’on ne termine jamais, à la manière d’un film trop ambitieux ou qui s’attaque à un sujet trop grand ou inattaquable. La métaphore vaut notamment pour ce que le film finira par révéler, Brady Corbet se rappelant qui sait aux bons souvenirs de ses débuts d’acteur (le très singulier, magnifique et hardcore Mysterious Skin de Gregg Araki). Qui plus est, The brutalist , sur la forme, surprend par quelques très belles qualités. En premier lieu, il convient de mettre en avant le travail formidable réalisé sur le son et la musique du film, qui n’a de cesse de venir réhausser les images, traduire les perceptions, plus que de les souligner, le tout dans une ambiance avant-gardiste manifeste, une sorte d’acid jazz électrisé que l’on viendrait agrémenter de beats hyper rapides. Le travail sur l’image lui aussi se remarque, que ce soit la recherche d’une photographie Kodak (70 mm), le travail sur les flous, là aussi pour évoquer des perceptions perturbées, des moments d’errance cérébrales, mais aussi ces séquences plastiques à valeur d’accélération temporelle, ou des photocollages mis en musique et en son évoquent les changements que l’écoulement du temps autorise, quand ils n’évoquent pas directement la thématique auquel le film va se raccrocher. De l’ambition, de la singularité, et quelques excellentes idées, de la tenue même, les dés eurent du en être jetés et nos esprits totalement conquis. Mais pour cela, il eut fallu, que le sujet nous soit plus choc, qu’il ne s’égare pas du côté du sempiternel américan dream retourné, (ici le conte de fée s’invite très souvent, même aux pires instants supposés – la joie de l’écriture cinématographique – , mais à quel prix !), que le rythme du film et sa durée correspondent à ce qu’il avait réellement à nous dire (3h qui en valaient probablement 2, la lenteur en soi n’étant pas à incriminer, elle instaure une intéressante part de mystère et tend à épaissir les intrigues, les épreuves, en les rendant plus véridiques) et surtout que notre attention puisse être entirement captée par l’écriture, qui en bien des aspects nous semblent celle d’une série, qui se laisse du temps pour approfondir ses personnages et s’autorise des pauses plaisirs, des redondances narratives, des insistances pour combler les inattentions tout en veillant à régulièrement proposer des revirements soudains. Si nous évoquions un lointain cousinage avec Visconti, nous venons ici d’en déterminer la limite principale

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