Mis à jour le 27 mai, 2023
Un film de Marco Bellocchio
Avec: Paolo Pierobon, Fausto Russo Alesi, Barbara Ronchi, Filippo Timi, Fabrizio Gifuni, Andrea Gherpelli, Samuele Teneggi, Corrado Invernizzi, Leonardo Maltese, Enea Sala
L’histoire d’Edgardo Mortara, un jeune juif vivant à Bologne, en Italie, qui, en 1858, après avoir été baptisé en secret, a été arraché de force à sa famille pour être élevé comme un chrétien. La lutte de ses parents pour libérer leur fils s’inscrit dans une bataille politique plus vaste qui oppose la papauté aux forces de la démocratie et de l’unification italienne.
Notre avis 1: **
L’enlèvement ne suscite hélas pas le même engouement que le Traître qui de notre point de vue aurait du repartir avec la Palme en 2019 dans une compétition qui n’était pas si relevé que cela … Nous pouvions donc penser, à l’instar d’autres critiques qui plaçaient de beaux espoirs dans cette histoire de rapt d’enfant orchestré par le pape en personne, que les mêmes ingrédients produiraient les même effets, pour peu que la même recette fut suivie … En l’occurrence, un élément pouvait déjà nous mettre la puce à l’oreille, Bellochio a de tout temps été inconstant, il alterne les franches réussites avec des films certes intéressants, mais à la portée moindre. Ainsi, très récemment, sa série sur Aldo Moro a été portée aux nues par quelques confrères, et il est vrai que le premier épisode de cette dernière nous rangeait dans ce clan des adulateurs. Mais le second épisode – il faut dire que l’écriture sérielle obéît à des codes que nous pourfendons volontiers- nous fit très vite regretter la maestria et l’intensité d’un Buongiorno Notte (l’envers du décor de l’Affaire Aldo Moro, abordée dans la série sous un angle différent, non plus du côté des ravisseurs). Le traître, récit ample digne d’une époque cinématographique en désuétude – les 70s, et si italien par nature, se prêtait parfaitement à un traitement que certains disent baroque, que nous préférons nommé appuyé, démesuré, et se prêtait surtout magnifiquement à l’inventivité formelle du maitre italien: le burlesque ne pouvant être mieux servi par les trouvailles de mise en scène, l’épique mieux ressorti que par les approches mouvementés si fréquentes dans les opéras. Le ton sur ton fonctionnait alors à merveille, se servant mutuellement. Avec le ravissement, le propos est bien différent. D’une tragédie fantasque, aux éléments comiques naturels, nous passons à une tragédie historique, politique et religieuse. Très vite, il nous semble que Bellochio se trompe lorsqu’il épouse des codes de direction d’acteurs qui visent à la recherche systématique d’une intensité maximale, ou lorsqu’il impose des airs symphoniques écrasant toute tentative de petite musique de nuit. Nous aurions attendus plus de nuances, des regards plus attendris, des larmes plus fines, des cris moins forts, des douleurs plus profondes, des réactions plus graduelles. Ceci étant, Bellochio nous donne à voir, et le spectacle opère, par instants, et permet effectivement de hausser l’intensité dramatique. Car, outre cet accord imparfait entre le fond et la forme, notre œil critique s’est porté sur le sujet et les thématiques exposés. Que racontent-ils de notre monde ? Quel message Bellochio véhicule-t-il ? En quoi touche-t-il à quelque chose d’universel, qui dépasse l’anecdote historique italienne ? Il nous a semblé, pour dire vrai, qu’une fois n’est pas nécessairement coutume, la grandeur du sujet a été surévaluée par le réalisateur italien, et qu’il vient écraser l’entreprise formelle par ailleurs plus qu’honorable. L’action tend à prédominer, les détails manquent, les comportements dogmatiques, dictés par les fois et croyances nous semblent bien étrangers, pour ne pas dire théâtraux, les ramifications politiques, les enjeux connexes, les ponts avec notre société présente nous semblent dépeints au rouleau, ou au pistolet à peinture, plus qu’au trainard.
Notre avis 2: ****
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