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PLANETE B d’Aude Léa-Rapin

Mis à jour le 4 septembre, 2024

Un film d’Aude Léa Rapin

Avec: Adèle Exarchopoulos, Souheila Yacoub, Eliane Umuhire, India Hair, Souleymane Touré, Jonathan Couzinié, Léo Chalié, Grace Seri, Paul Beaurepaire, Marc Barbé

France, 2039. Une nuit, des activistes traqués par l’Etat, disparaissent sans laisser aucune trace. Julia Bombarth se trouve parmi eux. A son réveil, elle se découvre enfermée dans un monde totalement inconnu : PLANÈTE B.

Un film de science-fiction qui sur le papier et, les premières images le confirmeront, ne manquent pas d’ambition. Seulement, le drame apocalyptique qui se joue, la dystopie, prend modèle bien davantage sur le pire de Nolan (Inception) que sur le meilleur de Scott (Blade Runner). Premier degré de tout son long, offrant des dialoges centrés principalement sur la survie, proposant un imaginaire auquel nous peinons à adhérer (un masque de jeu vidéo qui permet à une personne d’entrer dans un monde virtuel qui se substitue totalement au monde réel (le film insiste assez lourdement sur ses aspects, se baigner dans une piscine mouille par exemple les cheveux, s’y nourrir nourrit réellement, …). De fait, les quelques questions politiques que le film semblent vouloir poser (l’autoritarisme, le fascisme, l’ordre, la vie devenu de plus en plus difficile et la nécessité de survivre, le militantisme révolutionnaire écologique point de départ à l’incarcération) passent résolument au second plan, tout comme la dramaturgie en elle-même (savoir si les militants vont réussir à s’en sortir, aidés en cela par une héroïne qui elle aussi joue sa survie). S’agissant de proposer un récit de science-fiction, la réussite ne peut passer que par un sens du détail, une minutie, et une grande inventivité auquel nous puissions raccrocher, sans quoi, la transposition dans l’univers échoue dés le départ, nous restons dans notre fauteuil, très conscient de notre position de spectateur, là où nous aimerions que nos neurones eux-aussi se connectent à la fiction, que l’on puisse s’identifier aux personnages, quitte à nous sentir nous même prisonnier de cet escape game qui nous est donné à voir. Si techniquement parlant, le film a de quoi rivaliser avec des productions des années 80 similaires, sans cependant y mettre de grands moyens, sa facture très américaine (des gentils, des méchants, des dialogues insipides, des personnages qui vivent au premier degré, aucune réflexion psychologique, une caméra très distante et un regard très neutre – une volonté de divertissement avant) nous en détourne. La direction d’acteurs, l’énergie mise par Exarchopoulos, Jacob et l’ensemble du casting, le style visuel, la bande-son très Carpenterienne (que l’on doit à Bertrand Bonello) n’y changeront rien, nos émotions ne seront que peu sollicitées (ni frisson, ni compassion, ni empathie), la faute probablement à une certaine froideur qui se dégage de l’ensemble – froideur déjà présente dans Les héros ne meurent jamais, mais elle y était plus troublante, et de fait, plus touchante.. Ceci-dit, le film devrait assurément rencontrer son public, l’entreprise ambitieuse, qui volontairement s’écarte des standards de production à la française pour se rapprocher de ce qui se fait outre-atlantique, fut la clé du succès du Règne Animal (qui nous avait divisé, sur ces même aspects), et dans un registre différent celui du Comte de Monte Cristo.

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