Mis à jour le 16 février, 2024
Un film d’Alonso Ruizpalacios
Avec: Rooney Mara, Raúl Briones, Roberto Oropeza, Oded Fehr, Spenser Granese, Finnerty Steeves, Leo James Davis, Lee Sellars, Kerry Ardra, Eduardo Olmos
Il suit « la vie dans la cuisine d’un grand restaurant de New York où toutes les cultures du monde se mélangent à l’heure du déjeuner ».
Notre avis: **
Un projet qui ne manque pas d’ambition, assurément, qui en déborde même, notamment du côté de la forme. Le réalisateur Alonso Ruizpalacios semble très insensible aux sirènes d’une époque qui tend à ringardiser le male gaze, peu lui chaud, en voilà un de plus qui, sûr de son talent, porté par sa grandiloquence veut épater la galerie, en mettre plein la vue, en chiadant sa mise en scène (opulente), mais aussi, en versant dans une narration très fortement inspirée de travaux documentaires, au service d’une fiction manifeste, qui ne manque ni de drames (mini), ni d’astuces narratives pour lier le tout (mais qui a volé les 800 euros ?), ni même de message politique brûlant d’actualité (la montée du fascisme, des idées nationalistes dans un monde cosmopolite, où, dans une ville comme New York, tout le monde est à la fois étranger et new-yorkais). Mieux encore, le décor social jouit d’une retranscription sonnant vrai, pour ce que l’on sait des arrières cuisines des restaurants new-yorkais, où un esprit de camaraderie naît entre les employés qui nourrissent chacun une ambition d’intégration et d’escalade sociale. Cerise sur le gâteau, au casting nous retrouvons même des stars, telle Rooney Mara, dans un rôle certes un rien secondaire, mais qui porte en lui l’un des rebonds principale du film, celui qui permet d’introduire une notion intime, mais aussi de sortir de la cuisine dans laquelle le film nous immerge. Techniquement parlant, le pari assez fou de multiplier les plans séquences devrait valoir dithyrambes, et nous pronostiquons à l’avance que le film recevra une excellente réception, quoi qu’il puisse y avoir comme un air de déjà vu ces derniers temps (entre le documentaire de Frédéric Wiseman, ou Chef!) . Artistiquement parlant, La cocina présente aussi quelques (petits) atouts, par exemple, une certaine audace et liberté à mélanger les formes, à s’autoriser dans un film en noir et blanc à introduire une lumière bleue, à se jouer de ralentis pour produire une image plus surréaliste, dans une séquence d’introduction qui semblait presque annoncer un film expérimental. Mais voilà, l’abondance de qualités parfois peut nuire. Car le tout tourne en rond, car les intentions de mise en scène sont par trop prévisibles et voyantes, manquant de subtilité, car le propos social se réduit assez rapidement à l’observation initiale (fut-elle comme nous le disions de qualité), car l’ambiance masculine ressort sans distance, ou aération, car le rythme visuel, électrique, n’épouse pas le temps de la narration, statique, saturant les esprits, et ne parvenant pas à faire oublier des lenteurs et répétitions qui ne participent aucunement à l’atmosphère générale. Très premier degré, La Cocina manque au final singulièrement de poésie, et … de modestie dans l’approche. Dommage que ces arrières cours ne nous aient emmener du côté de Bukowski, ou qu’au delà du portrait collectif, elles eut été vecteur de portraits plus singuliers; comme aurait pu le permettre une narration à la Altman (film choral), ou même, à la Spike Lee première époque (un personnage fil conducteur, guide du spectateur à travers le décor social, un rapport central à la musique).
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