Un film de Alexandre Aja
Avec Cécile de France, Maïwenn, Philippe Nahon
Deux jeunes femmes viennent passer le week-end dans une ferme isolée, mais leur quiétude est rapidement troublée par un visiteur mutique. Débute alors une nuit de cauchemar et de violence.
Notre avis: ****
En tant d’invité d’honneur de la 18ème édition du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg, une partie de la retrospective de cette année était consacrée à Alexandre Aja, l’occasion de voir ou revoir certains de ces films. Ici, ce fut la découverte de son second film.
Haute Tension est construit comme un thriller slasher classique qui bascule progressivement en un film de subjectivité traumatique avec un récit horrifique jusqu’au-boutiste.
A l’instar de son titre, Alexandre Aja a cette capacité d’instaurer une tension palpable du début à la fin étant donné que le montage alterne entre lenteur avec des plans longs et des ruptures sèches notamment lors des scènes de violence filmées en plan serré où le geste est frontal. La musique et les bruits stridents du metal de la hache ou du couteau accentuent l’angoisse des personnages et du spectateur. Avec une tête coupée directement montrée à l’écran dès les premières minutes du film, Alexandre Aja ne perd pas de temps et annonce d’emblée la couleur. De plus, la photographie poisseuse de Maxime Alexandre s’inscrit dans la continuité de l’atmosphère glauque du thriller.
Malgré la présence du tueur à l’écran, son visage n’est jamais clairement montré en lien évidemment avec le twist final particulièrement inattendu et controversé lors de la sortie du film. En effet, le spectateur aborde le point de vue de Marie (Cécile de France) comme témoin héroïque et poursuivie ce qui permet de créer des scènes d’horreur véritablement choquantes même lorsque la violence n’est pas nettement visible. Ce procédé donne lieu à des séquences qui mettent à rude épreuve la patience des spectateurs puisqu’ils ne voient pas la monstruosité du tueur mais l’entendent comme la protagoniste.
Haute Tension est un film de genre tendu et radical, qui réussit à combiner efficacité de la mise en scène et trouble moral. Son intérêt majeur est d’avoir transformé une mécanique de slasher inspiré des années 1970 en une expérience subjective dérangeant.
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