Mis à jour le 6 mars, 2023
Un film de Giacomo Abbruzzese
Avec Franz Rogowski, Morr Ndiaye, Laëtitia Ky, Leon Lučev, Matteo Olivetti
Après un long voyage à travers l’Europe, Aleksei arrive à Paris pour s’engager dans la Légion étrangère française. Dans le delta du Niger, Jomo se bat contre les compagnies pétrolières qui menacent son village. Au-delà des frontières, de la vie et de la mort, leurs destins vont se croiser.
Notre avis: **
Porté par la musique de Vitalic, Disco Boy n’en est pas moins un film politique avant toute chose. Si sa forme autorise quelques traversées visuelles ni innovantes ni laides, le film vaut surtout par le message qu’il porte – et les réponses manquantes. Franz Rogowski est judicieusement utilisé pour sa gueule cassée, la direction d’acteur vise à ce que l’expression véhicule l’impression, la pensée intérieure, en privilégiant le mutisme, l’intensité des regards; là où la facilité fut de faire dériver le récit vers la violence, l’action et le flot de paroles. En lieu et place, Giacomo Abbruzzese inscrit son récit dans une démarche symbolique. Le premier de ces symboles considère la condition de l’étranger qui rêve de France, de Bordeaux, de Camembert et d’une vie raffinée et plaisante. L’european dream pour deux amis biélorusses en fuite de leur pays, qui ne se doutent pas encore des épreuves qui les attendent. Le premier périra sans même atteindre son but, il ne verra pas la France. Le second portera cette blessure en lui, et trainera sa peine. La France, pays d’accueil espéré, ne lui ouvre pas ses portes. Seule la Légion étrangère lui promet une intégration, non pas nécessairement pour lui, mais pour les générations futures. La Légion étrangère, la morale qu’elle insuffle, le danger qu’elle comporte, le qui vive permanent qu’elle instaure, le rapport à la vie qu’elle instaure – tout n’est que combat et survie, dangers et morts – vaut symbole de la société toute entière. L’étranger n’est accueilli que s’il accepte d’accomplir les basses tâches, et rien ne lui sera facilité. Devant ce terrifiant constat, notre héros, à l’esprit retourné, ne pourra s’en échapper qu’en idéalisant un autre monde, celui de la nuit, celui d’une apparition dans la nuit, ses lumières, ses vibrations, et seul l’amour peut l’en sauver. Cette intéressante et naïve idée, qui s’invite de manière tout à la fois triviale et subliminale, dessine par son ambivalence les qualités et défaut de Disco Boy. Trop appuyé et grossier pour marquer les esprits, mais suffisamment subtil, en second plan, pour interroger, intéresser et partager le constat d’une époque refermée sur elle même qui n’accorde pas les même chances à tous. NB la thématique de l’intégration semble traverses de nombreux films projetés à la Berlinale.
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