Mis à jour le 22 février, 2025
Un film de Radu Jude
Avec: Eszter Tompa, Gabriel Spahiu, Adonis Tanța, Oana Mardare, Șerban Pavlu, Annamária Biluska, Ilinca Manolache
Cluj, Transylvanie. Après avoir été chassé de son abri dans la cave d’une maison, un sans-abri se suicide. Orsolya, l’huissier qui a procédé à l’expulsion, est contraint de faire diverses tentatives pour faire face à ses sentiments de culpabilité. Dans un mélange de drame et de comédie, des sujets aussi divers que la crise du logement, l’économie post-socialiste, le nationalisme et le pouvoir de la langue pour maintenir le statut social sont disséqués avec un scalpel acéré et absurde, dans un récit cinématographique qui joue en partie comme un hommage à Europa ’51 de Rossellini – notamment par la modestie des moyens de cette production indépendante à petit budget. Mais alors que dans le film de Rossellini, la crise de conscience d’une femme mène à une activité significative, ici la protagoniste confrontée au dilemme est incapable de trouver quelqu’un pour la comprendre et devient de plus en plus désespérée pour obtenir un réconfort et une validation extérieurs, d’une manière qui serait facile à condamner si le relativisme moral d’Orsolya n’était pas un reflet si inconfortablement précis d’un malaise moderne dont peu d’entre nous sont totalement immunisés.
Notre avis: ***
Il se dit ici ou là que Continental ’25 est un petit Radu Jude, un film fabriqué rapidement qui s’appuie sur quelques principes récurrents vus dans sa filmographie. Il n’en reste pas moins qu’il ne semble aucunement bâclé, bien au contraire, il semble finement étudié, pour amener le spectateur là où Jude veut l’amener, lui faire partager ses observations historiques – regarder le passé pour comprendre le présent, ses traces sur le présent-, ses observations philosophiques, le mettre en face de cas conscience, de personnages inscrits dans le réel, mais qui se confrontent à l’absurde, que Jude rélève comme aucun autre, en introduisant des moments de farce très imprévus, très légers, qui cohabitent avec des blagues étranges (des blagues de moines notamment ici répétés en adages philosophiques à effet miroir avec ce qui se joue à l’écran). Nous passons un agréable moment, et le film comportant de nombreux détails, des petites subtilités glissés ici ou là, entre deux situations absurdes ou parfaitement imprévues, entre deux citations sortis de nul part d’autre que du cerveau de Radu Jude, il mérite plusieurs visionnages. Notre favori pour l’ours d’or.
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