Mis à jour le 18 juillet, 2024
Un film de Louise Courvoisier
Avec: Clément Faveau, Luna Garret, Mathis Bernard, Dimitri Baudry, Maïwene Barthelemy
Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.
Notre avis: **(*)
Vingt Dieux appartient à cette catégorie de premiers films prometteurs qui se laisse appréciés pour l’application mise, et l’équilibre recherchée entre sensibilité personnelle et conseils ou références puisés ici ou là. La jeune réalisatrice Louise Courvoisier semble clairement se lancer à elle (et à toute l’équipe de production qui l’accompagne) le défi de déplacer une structure de récit s’appliquant en général à des thématiques de premier plan sociale, à son propre territoire, celui qu’elle connaît, intime comme géographique. Ainsi, il s’agit de s’intéresser à une région peu racontée (la Franche Comté), à des jeunes devant composer avec la tradition locale (la fabrication du Comté), et s’inscrire dans cette économie, pour pouvoir en dresser un portrait réaliste, mais aussi chercher, à travers la dramaturgie, à émouvoir autour de questions plus universelles liées à la jeunesse d’aujourd’hui.
Pour que le récit puisse prendre, Louise Corvoisier a tenu, à juste titre, à s’entourer d’un casting locale, des amateurs pouvant mieux que quiconques retraduire la vérité quotidienne de cette région. Dés les premières, la qualité de la direction d acteurs se fait ressentir, même si de façon étonnante la scène liminaire nous offre une double fausse piste, celle de suivre un personnage que nous ne reverrons plus, mais aussi celle de nous renvoyer tout droit au cinéma des frères Dardennes (Rosetta), quand la suite du film visera, à notre ressenti, d’autres influences.
Ainsi, Vingt Dieux réussit un premier pari, celui de correctement rendre compte de la ruralité. De façon répétée à plusieurs instants clés du film, il en réussira un second, celui de sortir de la trame fixée, pour s’intéresser à des à-cotés loin d’être anecdotiques, proposant par exemple un regard différent sur la sexualité, inexpérimentée et désintensifiée à dessein. De la sorte, il parvient, partiellement à éviter l’écueil principal du film « scolaire de très bon niveau », l’effet de déjà vu lié à la reprise de techniques narratives par trop enseignées et érigées en règles devant être respectés pour tenir le spectateur en éveil. Vingt-Dieux, à ce niveau, ne verse pas dans la singularité ni ne cherche une rupture, il tente simplement d’entrecroiser deux trames narratives, deux approches assez classiques, celle du cinéma social à la Ken Loach (pouvant paraître plus lumineuse et teintée d’espoir que celle des premiers Dardennes, fausse piste du plan séquence liminaire, même si Loach sait lui aussi rendre compte de la misère sociale, de son caractère inéluctable et jouer du pathos qui en émane) avec la structure narrative classique à la Rocky, sur laquelle repose encore plus de 50 pour cent des productions hexagonales, celle qui consistant à proposer des allers-retour entre espoir de réussite d’un projet et aléas qui le rendent plus qu’incertain, régulièrement engendrés par des éléments externes qui interviennent dans un sens ou l’autre.
Le résultat à l’écran nous semble celui escompté, le tout formznt un joli portrait d’un jeune homme, d’un milieu, d’une région et l’ensemble respire l’attachement de la réalisatrice à ses sujets.
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