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April de Dea Kulumbegashvili

Mis à jour le 7 septembre, 2024

Un film de Dea Kulumbegashvili

Avec Ia Sukhitashvili, Kakha Kintsurashvili, Merab Ninidze

Nina est gynécologue-obstétricienne dans un hôpital de Tbilissi, en Géorgie. Après la mort d’un nouveau-né pendant l’accouchement, sa réputation professionnelle et morale est mise à l’épreuve. Des rumeurs l’accusent de pratiquer des avortements illégaux…

Ce deuxième long-métrage d’une jeune cinéaste franco-géorgienne, April, propose une expérience visuelle surprenante et particulièrement radicale qui parle de la maternité (la grossesse, l’avortement, l’accouchement, étant montrés comme des expériences angoissantes), l’esthétique (la lenteure, le temps réel) rappelle un peu le cinéma de Ceylan, mais finalement va plus loin et instaure ses propres codes. Inoubliable.

Enfin un film radical, sur ses thèmes (on peut parler de pamphlet libertaire), comme sur sa forme, montrer ce que les censeurs ne veulent pas voir (mais peut être aussi les spectateurs), tel un accouchement en pseudo temps réel et en contre plongée, ou un avortement en mode contre champs, avec les cris. Le film dénonce avec force les règles politiques en place en géorgie, l’archaïsme de ce pays, les mentalités conservatrices, mais aussi la condition de la femme d’une manière générale, victime des hommes, victime de bêtes immondes (le film en reprend le symbole dés son ouverture). En soi, ce pamphlet mérite donc toute sa place en sélection officielle, là où d’autres films en compétitions surprennent à ne pas surprendre, à ne presque rien proposer. Mais ces raisons suffisent-elles à ce que l’on aime ce film objectivement non aimable, pensé pour déranger ? Oui, sur le geste. Mais non sur un autre aspect du film qui nous a autrement plus déranger, décourager, à nous en détourner: son manièrisme, et un parti pris par trop prévisible et utilisé sans aucune modulation consistant à alentir plus que de raison chaque plan, sans que cela ne provoque hypnose ou quelconque réaction neuronale, sans que cela ne soit justifié. Chaque dialogue est coupé de silences, prononcé à un rythme qui frôle le didactisme, et nous ne parlons pas de ces plans subjectifs de voyage en voiture, où nous sommes dans le champ (de vision) de la conductrice sans jamais la voir, la caméra singeant même ses mouvements de tête. Les paysages géorgiens ainsi décrits comme de vastes espaces dangereux et vides (malgré leur géographie naturelle montagneuse) que nous arpentons ne valent pas atmosphère, la froideur d’ensemble de l’objet nous parvient surtout en repoussoir et non en catalyseur d’une quelconque émotion, d’une quelconque empathie qui nous viendrait envers une jeune femme rebelle et victime.

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