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La Mostra de Venise 2021, notre journal critique Sélection officielle

Vous retrouverez dans les lignes qui suivent notre journal critique de la compétition de La Mostra de Venise 2021. La note maximale que l’on peut donner est ***** correspondant à nos yeux à un chef d’oeuvre, note que l’on donne très rarement, la note la plus basse est – quand on a trouvé le film très mauvais.

Compétition Venise78

MADRES PARALELAS de Pedro Almodóvar
Avec Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Aitana Sánchez-Gijón, Julieta Serrano, Rossy De Palma / Espagne/ 123’

Notre avis: pas vu …


MONA LISA AND THE BLOOD MOON d’Ana Lily Amirpour
Avec Jeon Jong-seo, Kate Hudson, Craig Robinson, Evan Whitten, Ed Skrein / USA / 106’

Notre avis: **

Un film de genre plutôt stylé, qui n’est pas sans rappeler les incartades récentes de Jarmush, où les univers sanglants de Gregg Araki (sans les provocations adolescentes, sans l’hypersexualisation). La forme avant toute chose, une recherche systématique de néons pour donner du peps et du pop, une chorégraphie de tous les instants, et surtout une musique omni présente, le plus souvent énergisante (du métal brutal à l’électro stylée, en passant par des musiques expérimentales). Ana Lily Amirpour a pensé son film comme un méga-clip, pour un résultat souriant (mais assez vain).


UN AUTRE MONDE de Stéphane Brizé
Avec Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon, Marie Drucker / France / 96’

Notre avis: ***

(premier avis rapide) Vis à vis de ses films précédents, Stéphane Brizé a mieux travaillé son scénario. Au delà du personnage fort, toujours incarné par un Vincent Lindon touchant et crédible, au delà du propos dénonciateur (et hélàs réaliste), il parvient cette fois-ci à proposer des thématiques transversales, à créer des intrigues secondaires, et à nous intéresser également à travers les personnages secondaires, notamment le personnage de Sandrine Kiberlain, au diapason avec Lindon.


THE POWER OF THE DOG de Jane Campion
Avec Benedict Cumberbatch, Kirsten Dunst, Jesse Plemons, Kodi Smit-McPhee / Nouvelle Zélande,Australie / 128’

Notre avis: **

#Thepowerofthedog de Jane Campion, projeté en compétition à Venise (#Venise2021, #Venezia78) quoi qu’il soit estampillé Netflix, est à classer dans cette catégorie qui a pu voir le jour cette dernière décennie des westerns alentis et revisités, pour compléter l’Histoire, en s’intéressant à d’autres personnes, qui ont aussi vécu la conquête de l’Ouest et l’arrivée progressive de la civilisation moderne, les différentes transformations économiques et de mœurs pour fonder la société américaine d’aujourd’hui. Kelly Reichardt a posé sa caméra sur les femmes, leur rôle, leur vision, leur vie (certain women, la dernière piste, the first cow), Ang Lee s’était saisi de la question de l’homosexualité dans un monde d’hommes (The brokeback mountain) et Audiard a jeté les projecteurs sur des « ordinary men » (Les frères sister). Le décor reste intensément cinématographique et le cinéma précisément a laissé quelques espaces pour des histoires plus personnelles, moins glorieuses ou plus oubliées, loin des légendes. Jane Campion s’y essaye donc, et les premiers plans montrent tout son savoir faire. Les lents mouvements de caméras suivant un cowboy (un vrai, qui guide les vaches), rendent grâce au paysage et laisse à penser que Jane Campion est à son meilleur. Mais rapidement une musique très appuyée s’invite, et l’académisme avec lui. Certes, la réalisatrice palmée s’évertue à tirer les fils un à un avec nuance et délicatesse, pour tenter de dénouer les choses, certes l’enjeu se situe dans la complexité des différentes relations, dans leur vérité psychologique liée aux différentes fêlures du passé, certes, Campion excelle dans l’art de ne pas trop en dire, pour rendre signifiante les ellipses, le non dit. Mais la forme générale, académique, ne nous emporte pas. Dommage.


AMERICA LATINA de Fabio D’Innocenzo, Damiano D’Innocenzo
Avec Elio Germano, Astrid Casali, Sara Ciocca, Maurizio Lastrico, Carlotta Gamba, Federica Pala, Filippo Dini, Massimo Wertmüller / Italie, France / 90’

Notre avis: *

Les frères d’innocenzo s’aventurent dans le film de genre, sans réussite. Non pas qu’il s’agisse d’un film de genre, mais bien davantage que le film ne brille ni par son fond, plutôt vide, ni par sa forme, quelconque. On peut certes chercher à y voir une influence d’Argento, ou de Polanski, mais nous sommes très loin d’une œuvre importante. N’aurait objectivement pas du trouver sa place en sélection.


L’ÉVÉNEMENT d’Audrey Diwan
Avec Anamaria Vartolomei, Kacey Mottet-Klein, Luàna Bajrami, Louise Orry Diquero, Louise Chevillotte, Pio Marmaï, Sandrine Bonnaire, Anna Mouglalis, Leonor Oberson, Fabrizio Rongione / France / 100’

Notre avis: **(*)

En compétition officielle à la Mostra de Venise #Venezia78, Audrey Diwan propose avec l’évènement un film à sujet. Déjà porté à l’écran par Chabrol (Une affaire de femmes) ou le cinéma américain indépendant (les très bons Juno ou Never Rarely Sometimes Always pour ne citer qu’eux), ou même Mike Leigh (Vera Drake), le sujet de l’avortement clandestin – et de l’interdiction de l’avortement- reste bien actuel, quand on regarde ce qui se passe dans des pays pas si loins du nôtre (Pologne, Hongrie, …), où les conservatismes les plus féroces ont bon écho, ce qui se passe aux Etats-Unis (au Texas par exemple), ou même, ce qui peut s’observer et s’entendre en France. Avec la crise sanitaire par exemple, les opérations d’avortement ont en France été les premières déprogrammées. Et la loi française fixant un seuil à 14 semaine d’aménorrhée, certaines femmes n’ont pas pu avorter ! Ce droit fondamental, doit être défendu, et Audrey Diwan, mais aussi l’ensemble du casting du film s’en sont fait une mission. Comme beaucoup de films en compétition cette année, L’évènement fait le choix de parler du passé, pour mieux questionner le présent (Giannoli, Martone font un choix similaire par exemple, mais aussi et nous y reviendrons, notre coup de cœur en compétition, Leaving no traces). Sur la forme, nous sommes sur un récit construit, une reconstitution plutôt minutieuse d’une tranche de vie, qui donne à voir un portrait d’une jeune femme courageuse, et d’une époque. Film d’époque (à costume donc), l’objet se veut plus instructif et divertissant(Audrey Diwan y voit même un thriller, puisque l’horloge tourne) qu’objet d’art à proprement parler, si l’on excepte le parti pris fort de restreindre l’image à un format carré, pour que les allées et venues des personnages hors champs soient les plus soudains possibles. Ce format classique présente l’avantage de ne pas s’égarer, de ne pas flouter le sujet, et permet de mettre en valeur la jeune actrice principale, Anamaria Vartolomei, découverte par Eva Ionesco (My Little princess), très à l’aise et crédible dans sa partition. Le film porte également un souffle féminin, et cherche en sus à rendre compte des mystères (et de l’ignorance) que pouvaient comporter la sexualité féminine (Audrey Diwan dit de son personnage qu’elle explore son corps pour mieux se découvrir). Le film reçoit un accueil critique plutôt élogieux ici, même si la conférence de presse a pu laisser croire le contraire (aucune question de journaliste …. mais les organisateurs ne peuvent s’en prendre qu’à eux même tant le système de réservation mis en place en rebute plus d’un).


COMPETENCIA OFICIAL de Gastón Duprat, Mariano Cohn
Avec Penélope Cruz, Antonio Banderas, Oscar Martínez, José Luis Gómez, Nagore Aranburu, Irene Escolar, Manolo Solo, Pilar Castro, Koldo Olabarri / Spain, Argentina / 114’

Notre avis : ***

#officielcompetition #mostradelcinemadivenezia#OfficielCompetition fut ce matin une très bonne surprise. Alerte, porté par un humour à mi-chemin entre celui de Ruben Ostlund (The square) – en moins intellectualisant – et Damian Szifron (Relation Salvajes, les nouveaux monstres) en moins corrosif, le trio d’acteurs s’en donne à coeur joie pour railler la production d’un film prévu pour rejoindre les sélections des plus grands festivals (et viser les plus haut prix), et la théâtralité innée liée à la mise en scène, mais aussi et surtout à la direction d’acteurs. Le film se paye le luxe de proposer une mise en abyme intéressante (le principe moteur du film y réside même). Penelope Cruz semble très à l’aise dans ses souliers d’artiste intransigeante et aux méthodes critiquables, tout comme le sont Antonio Banderas et Oscar Martinez dans leur composition respectives, d’acteurs iconiques, eux aussi utilisés pour amplifier la mise en abyme. Le résultat se regarde avec un certain plaisir, d’autant que la photographie et la mise en scène cherchent en permanence à proposer des symétries et des perspectives de bons tons.


IL BUCO de Michelangelo Frammartino
Avec Paolo Cossi, Jacopo Elia, Denise Trombin, Nicola Lanza, Antonio Lanza, Leonardo Larocca, Claudia Candusso, Mila Costi, Carlos Jose Crespo, / Italie, France, Allemagne / 93’

Notre avis: –

Il Buco, le trou, a de quoi décontenancer. Ce film, qui propose quelques jolis plans montagneux et un portrait aride d’un vieil agriculteur, qui n’auront de cesse d’être paralléliser, présente cette étrange particularité d’être, avant toute chose, un film concept. Quasi muet, sans dialogue, sans autre histoire que celle d’une quête de découvrir un gouffre par quelques spéléologues, tout en évoquant (probablement), la vie de ce monsieur et de ses comparses avant que la faille ne soit découverte. Les images étant plutôt jolies, il est tentant de raccrocher et de s’impatienter pour savoir où le réalisateur souhaite nous emmener, et si le récit prendra ou non un virage. Passée cette attente (et le départ de la salle de quelques spectateurs), le film dévoilera au final son intention réel par un panneau explicatif. Tout cela pour ça dirons-nous …


SUNDOWN de Michel Franco
Avec Tim Roth, Charlotte Gainsbourg, Iazua Larios, Henry Goodman, Albertine Kotting McMillan, Samuel Bottomley / Mexique, France, Suède / 83’

Notre avis: ***

Michel Franco dont on a souvent pu entendre qu’il s’inscrivait dans les pas de Michael Haneke et qui a pour habitude de traiter de sujets douloureux, avec une radicalité et une simplicité pouvant déconcerter propose cette année à la #mostradelcinemadivenezia #Venezia78 son nouveau film Sundown où l’on retrouve Charlotte Gainsbourg aux côtés de Tim Roth. Le film, de façon manifeste embrasse deux objectifs, deux perspectives. Le concept, très épuré, se devine dés les premières images. Il s’agit en premier lieu de parler d’une situation d’aujourd’hui, d’un état de fait, de quelque chose que Franco vit au quotidien et a envie de mettre à l’écran: la violence installée au Mexique, et notamment à Acapulco, d’une part, mais aussi, la cohabitation malaisante entre grande richesse et désœuvrement. Charlotte Gainsbourg incarne une figure de grande bourgeoise, qui aime passé ses vacances à Acapulco dans une résidence hôtelière de grand luxe, où le personnel de services est au petit soin. Son frère, joué par un Tim Roth, tout en retenu – et justesse, l’y accompagne, mais très vite on le sent détaché de l’environnement, presque pas à sa place, où en tout cas, on le sent ailleurs. Le film développera cet ailleurs, et la dramaturgie qui se mettra en place rappellera, Franco l’assumant totalement (en conférence de presse il nous dit avoir écrit son scénario en deux semaines, emporté par son vague à l’âme, ses observations et ses pensées du moment, puis avoir relu le livre ensuite, auquel nécessairement son histoire pouvait se raccrocher), l’Etranger d’Albert Camus. D’une situation propre au Mexique, qui par extension peut éveiller des consciences, susciter des regards plus internationaux, il trouve de la sorte non seulement un rebond mais surtout un procédé pour parler d’un aspect de l’humanité en général. Franco avoue également en conférence de presse qu’il a cherché à ne pas trop diriger ses acteurs, mais plutôt à ce qu’ils mettent chacun d’eux même naturellement, pour que son récit atteigne sa vérité, et véhicule des émotions simples, franches, et universelles. Le résultat s’avère plutôt réussi, sans que l’on puisse crier au génie, la mécanique mise en place produit ses effets. Un bon film.


ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli
Avec Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar, Gérard Depardieu, André Marcon, Louis-Do de Lencquesaing, Jean-François Stévenin / France / 144’

Notre avis : ***(*)


THE LOST DAUGHTER de Maggie Gyllenhaal
Avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Dakota Johnson, Ed Harris, Peter Sarsgaard, Paul Mescal, Dagmara Dominczyk, Alba Rohrwacher / Grèce, USA, Grande Bretagne , Israel / 121’

Notre avis: *(*)

Avec The lost daughter, #MaggyeGyllenhaal signe un film un peu trop crémeux pour nous émouvoir. L’intention est pourtant contemporaine: mettre à l’écran un mal d’époque, longtemps étouffé, la société patriarcale et ses appuis en faisant de facto un sujet tabou: le sentiment trouble que peut connaître une femme devenue mère, désirant redevenir femme. La jeune réalisatrice (actrice confirmée qui fait une pause pour passer derrière la caméra) devait avoir ce sujet à cœur. Elle l’emprunte à un roman d’Elena Ferrante. Le récit mêle rêveries, souvenirs, et comportements étranges, le temps d’une pause sur une plage en Grèce. S’il y a bien une intention de brouiller un peu les pistes quant à la narration, de mettre en lumière (et d’excuser) un type de personnalité d’ordinaire relayée au troisième plan, des traits de caractère souvent décriés (doute, angoisse, manies, irascibilité), si l’entreprise peut se rapprocher par exemple de celle empruntée par Mia-Hansen Love dans son dernier film, présenté à Cannes, le résultat n’est pas totalement convaincant. Probablement, par la faute d’une forme de négativité qui ressort malgré elle, d’un brouillage de pistes surfait et plutôt futile, de rapports entre les personnages marqués par la dérive psychologique du personnage principal, Nina, joué par Olivia Colman, qui ne parvient pas suffisamment à nous rendre le portrait sympathique, pas plus que Dakota Jonhson, dans le rôle du double projeté (Nina), ne parvient à nous divertir ou questionner. Probablement qu’un peu de légèreté, de pause dans la fantasmagorie nous aurait rendu le film plus aimable. A choisir de traiter le sujet de manière finalement frontale et réaliste (là où un Polanski quelques années plus tôt, ou un De palma, auraient visé le fantastique – le trait poussé jusqu’à la chute/dérive, quand d’autres auraient cherché à dramatiser ou à assombrir le tableau), nous donne finalement à voir – même si le récit ne manque pas de nuances ou d’interstices libres à interprétations- de l’ordinaire.


SPENCER de Pablo Larraín
Avec Kristen Stewart, Timothy Spall, Jack Farthing, Sean Harris, Sally Hawkins / Allemagne, Grande Bretagne / 111’

Notre avis: pas vu


FREAKS OUT de Gabriele Mainetti
Avec Claudio Santamaria, Aurora Giovinazzo, Pietro Castellitto, Giancarlo Martini, Giorgio Tirabassi, Max Mazzotta, Franz Rogowski / Italie, Belgique / 141’

Notre avis: au secours !

Freaks out, super production italienne, nous a semblé rendre hommage tout à la fois à Star wars, Freaks (mais uniquement les 5 première minutes, il nous semble improbable que le réalisateur ait même vu le film de Tod Browning), Marvel, le seigneur des anneaux, Game of Throne et Spielberg. Magnifique navet – très applaudi au demeurant – dont on se demande bien comment un festival comme #venezia78 peut se rabaisser à le proposer en sélection tant le scénario est d’une niaiserie affligeante. A moins de vouloir honorer l’industrie, l’objet de commande, quel intérêt ?


QUI RIDO IO de Mario Martone
Avec Toni Servillo, Maria Nazionale, Cristiana Dell’Anna, Antonia Truppo, Eduardo Scarpetta, Roberto De Francesco, Lino Musella, Paolo Pierobon, Gianfelice Imparato, Iaia Forte, Roberto Caccioppoli, Greta Esposito, Nello Mascia, Gigio Morra / Italie, Espagne / 133’

Notre avis : ***

(à venir) Martone livre un film joliment mis en scène mais par trop italien. Le film conte un Naples en plein évolution, une époque, semblable à celle d’Illusions perdues, où un vent nouveau se fait sentir, où les héros hier adulés vont devoir laisser la place à de nouvelles têtes, propulsé par un courant critique mais aussi des manigances pour que la page se tourne. Polichinel ne faisait déjà plus recette, la comedia dell’Arte toute entière va devoir laisser la place à un nouveau courant. Tout comme Giannoli, Martone s’est intéressée à ce passé là pour interroger son rapport au présent. Il nous parle de la sorte, un peu de Naples, beaucoup de l’Italie (le personnage d’Edouardo Scarpetta, interprété avec un peut trop de zèle par Toni Servillo rappelle tout à la fois les monstres felliniens (voire ferreriens), mais aussi, leur pendant réel – Berlusconi and co)). Mais l’intention principale siège dans une autre interrogation, dans un autre mystère qui entoure Scarpetta. D’une part, Martone aime à montrer comment cet homme a voulu dévorer la vie, a mélangé totalement sa vie professionnelle avec sa vie personnelle, comment sa vie fut un théâtre permanent. D’autre part, il s’attache à malgré tout à faire ressortir quelque bon côté de ce patriarche, qui se faisait aimer de ses amis, aimait les réceptions et les fêtes, le spectacle permanent, même quand il commence à sombrer, et surtout transmet sa passion pour le théâtre. L’histoire lui retiendra deux grands faits d’arme, au delà de son propre art, au delà de cette stèle où il écrira lui même « Qui rido io » (Ici je ris), qui en dit long sur le personnage. En premier, l’un de ses fils, qu’il ne reconnaitra jamais – le film s’attarde beaucoup à montrer la vie familiale, les résultats des incestes, la façon dont les femmes et les enfants le vivent- Edouardo De Filippo, deviendra l’un des plus influents dramaturges et acteurs italiens. Le second sera que les accusations de plagiat à l’encontre de Scarpetta, qui s’était risqué à des parodies des pièces d’un nouvel auteur dramatique, feront naître une juriprudence autorisant la parodie. Martone a donc cherché (et plutôt réussi) à rendre hommage à ces deux résultantes, à interroger les sources du cinéma également (en démarrant son film par une séquence des frères lumières, auquel l’un des fils de Scarpetta a participé), tout en proposant lui même un film bouffon comme seul les italiens savent le faire.


ON THE JOB: THE MISSING 8 d’Erik Matti
Avec John Arcilla, Dennis Trillo, Dante Rivero / Philippines / 208’

Notre avis: *

Un film brouillon, qui cherche à en mettre un peu plein la vue, et à transporter le spectateur dans un univers mafieu et corrompu, où les luttes de pouvoir mènent aux dézingages en tout genre. Le tout pour une durée très excessive (plus de 3h30), nous sommes sur un format série plus que film de cinéma.


ŻEBY NIE BYŁO ŚLADÓW (LEAVE NO TRACES) de Jan P. Matuszyński
Avec Tomasz Ziętek, Sandra Korzeniak, Jacek Braciak, Robert Więckiewicz, Sebastian Pawlak, Agnieszka Grochowska, Mateusz Górski / Pologne, France, République Tchèque / 160’

Notre avis: ****

Notre lion d’or. Nous venons de voir le film en sélection que nous trouvons le plus captivant, et le plus fin (Illusions perdues était jusqu’alors notre favori malgré ses défauts – sa voix off, nous y reviendrons): Leave no trace. Ce thriller politique nous rappelle les meilleures heures du cinéma américain des années 70. Nous sommes aux antipodes d’un cinéma sensationnaliste à la Fincher; le film trouve son intensité précisément là où un autre thriller politique nous avait lassé (les promesses), dans la pertinence et la force du regard posé. La forme se met intégralement au diapason, la reconstitution est fine, minutieuse, et la mise en scène évite tout effet tapageur, bien au contraire, elle suit un fil très précis, très habile. Les relations psychologiques fines, la force du sujet en lui même, et son universalité – une fois de plus un film qui nous parle du passé pour interroger le présent, captive comme rarement les thrillers politiques parviennent à le faire. Le réalisateur parvient à éviter tous les écueils dans lesquels des films comparables sombrent: la surenchère dramatique, la sur-explication, la complexification à outrance, les dialogues sur-écrits, rocambolesques et tortueux, et surtout les musiques et bruits d’ambiance qui guident les émotions que doivent ressentir le spectateur. Less est d’autant plus more, qu’en s’évertuant à ce que la forme épouse le sujet plus qu’elle ne cherche à le magnifier, non seulement l’impression de vérité s’en émane naturellement, mais surtout, un espace de réflexion est laissé au spectateur, qui peut à loisir identifier ce en quoi l’histoire passée, oubliée, résonne encore aujourd’hui. A ce stade de la compétiton Leave no trace est notre #Liondor.


KAPITAN VOLKONOGOV BEZHAL (CAPTAIN VOLKONOGOV ESCAPED) de Natasha Merkulova, Aleksey Chupov
Avec Yuriy Borisov, Timofey Tribuntsev, Aleksandr Yatsenko, Nikita Kukushkin, Vladimir Epifantsev, Anastasiya Ukolova, Natalya Kudryashova, Dmitriy Podnozov, Viktoriya Tolstoganova, Yuriy Kuznetsov, Igor Savochkin / Russie, Estonie, France / 126’

Notre avis : Au secours …

Captain Volkonogov Escaped, film russe, nous a semblé rendre un hommage appuyé à Besson, plus exactement à Taken … auquel on aurait rajouté une quête de rachat/rédemption, prétexte à faire avancer l’histoire. Vu, revu, survu, l’action (et le glauque) prédomine, à tel point que l’on en sourit presque tant les choses sont fabriquées, répétitives et sans le moindre intérêt. Le film aurait pu s’arrêter à mi-parcours, mais alors qu’il était à portée de tir, le grand méchant éternue et laisse s’enfuir de nouveau l’ancien méchant qui veut redevenir gentil. Tout un symbôle.


THE CARD COUNTER de Paul Schrader
Avec Oscar Isaac, Tiffany Haddish, Tye Sheridan, Willem Dafoe / USA, Royaume Uni, Chine / 112’

Notre avis: ***

Paul Schrader nous avait laissé avec ces derniers films sur des impressions totalement inverses. Sur le chemin de la rédemption (#FirstReformed) nous avait grandement séduit en ce qu’il était très fidèle à son modèle Bresson (Journal d’un curé de campagne, Schrader a toujours affirmé être impressionné par Bresson). Peu de temps avant, celui à qui l’on doit les bons Scorcese (Taxi Driver en premier lieu), nous semblait totalement perdu pour le cinéma tant Dog eat Dog qui avait cloturé la Quinzaine des réalisateurs était un ratage total, un nanar absolu. Alors entre ces deux visages, nous ne savions pas auquel nous attendre avec #TheCardCounter, en compétition à Venise cette année. Assurément, nous sommes plus proches du premier que du second, mais nous sommes plus proches encore d’une tentative de retour au source. Schrader trouve en Oscar Isaac une sorte de double de Robert de Niro. D’ailleurs, le personnage de William Tell dont il est ici question, pourrait être le frère de Travis Bickle, ou son fils pour éviter l’anachronisme. Schrader choisit une forme hypnotique, plutôt léchée, aux atmosphères lumineuses propres aux casinos, et interroge, comme à son habitude, la blessure profonde, et sa répercussion sur la psyché d’un être humain. Sur la plan narratif, Schrader préfère laisser de la place à l’interprétation du spectateur, et plutôt que de miser sur la tension, l’action, ou la violence, instaure un mystère lié à la stagnation apparente du récit. L’addiction fait office de décor comme de cache misère. Le réveil sera ou ne sera pas. Porté par une musique particulièrement atmosphérique, l’objet, s’il contient quelques passages qui rappellent Dog Eat Dog et sa caméra volontairement tremblotante, captive plus qu’il ne déconcerte. Bong Joon Ho, président du jury à Venise pourrait être séduit par la vitalité et la modernité d’un réalisateur qui ne se renie pas. D’ailleurs, sa page wikipedia lui annonce déjà le lion d’or, mais … cela était déjà le cas pour First reformedhttps://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Schrader


È STATA LA MANO DI DIO de Paolo Sorrentino
Avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo, Marlon Joubert, Luisa Ranieri, Renato Carpentieri, Massimiliano Gallo, Betti Pedrazzi, Biagio Manna, Ciro Capano, Enzo Decaro, Sofya Gershevich, Lino Musella / Italie / 130’

Notre avis: *

(à venir)


VIDBLYSK (REFLECTION) de Valentyn Vasyanovych
Avec Roman Lutskyi, Nika Myslytska, Nadia Levchenko, Andriy Rymaruk, Ihor Shulha / Ukraine / 125’

Notre avis: (*)

Une forme conceptuelle pour évoquer un sujet important, la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Mais n’est pas Sergei Loznitsa qui veut. La forme, très minimaliste et qui privilégie du pseudo temps réel, qui peut faire penser à Angela Schanalec ou Roy Anderson, ne rend pas nécessairement service au propos qui se veut par ailleurs dur. L’impression générale principale que l’on ressent est la lenteur, le poids, et l’ennui hélàs. Si l’on sent bien un geste derrière le récit qui nous est proposé, les choix des différentes scènes, le mystère tout à la fois trop fort (qui est notre héros au final ?) et trop peu entretenu – les choses sont montrées, notamment les corps, les tortures, les exécutions, le récit est linéaire, le rythme alenti ne nous ont ni interroger, ni accrocher, ni ému, ni diverti.


LA CAJA de Lorenzo Vigas
Avec Hernán Mendoza, Hatzín Navarrete, Elián González, Cristina Zulueta, Dulce Alexa Alfaro, Graciela Beltrán / Mexique, USA / 92’

Notre avis: **(*)

Lorenzo Vigas avait déjà obtenu le lion d’or en 2015. Il revient à Venise avec un film, au scénario simple, linéaire et épuré, qui interroge le sentiment d’un jeune homme qui n’a pas connu son père, nécessairement le recherche, mais qui en le découvrant, va se poser de nouvelles questions. Cette idée assez simple, conceptuellement, produit son effet de façon assez naturelle. Un dilemne se posera au jeune homme et entraîne le spectateur avec lui, comme la première partie comportait sa part de mystère. Qui est cet homme que le jeune garçon croise ? Peut-il être son père ? Marchera-t-il dans ses pas ? Simple, mais plutôt prenant.