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Le roman de Jim, notre rencontre avec Karim Leklou

Mis à jour le 18 août, 2024

Le roman de Jim lors de sa diffusion en avant première lors du dernier festival de Cannes a fait coulé de nombreuses larmes masculines. Les frères Larrieu proposent une histoire simple, à la narration très classique (le roman à la truffaut, la ballade à la Souchon), qui interroge un sentiment relativement peu traité au cinéma, car difficile à saisir, l’amour paternel. Il le questionne en le mettant en perspective de réalités nouvelles, à une époque où les couples se font et se défont, où les familles se recomposent. Le film questionne également une certaine perte de valeurs, un comportement individualiste, qui tend à valoriser ceux qui réussissent, les « winners », peu importe la manière, et laisse de côté les « loosers », et notamment ceux qui font de mauvais choix, ou se font avoir par leur entourage mal intentionné. De ce constat pessimiste, le roman de Jim se sert jusqu’à nous émouvoir, en grande partie par l’interprétation très incarnée, juste et sensible de Karim Leklou.


Karim Leklou : Non, je les connaissais de réputation, mais je n’avais pas vu leurs films avant de les rencontrer. Et volontairement, quand ils m’ont envoyé le scénario pour le casting, je n’ai pas voulu voir leurs films avant de les rencontrer. Je voulais rester le plus sincère possible avec eux. Après, j’ai regardé leurs films, notamment Tralala, le film sur la fin du monde avec Mathieu Amalric, et aussi L’amour est un crime parfait – je crois que c’est le titre, mais je ne suis pas sûr. Quand j’ai tourné avec eux, je ne les connaissais que de réputation, et c’était une rencontre inattendue pour moi. Je ne pensais pas qu’ils viendraient me chercher pour un casting.

K.L. : Non, ils étaient en plein casting et rencontraient beaucoup de gens. Avant de me rencontrer, ils m’ont envoyé le scénario, comme ils ont dû l’envoyer à d’autres acteurs. On a discuté autour d’un café du scénario qu’ils m’avaient envoyé, et le soir même, ils m’ont appelé pour me dire que c’était bon. J’étais ravi que ça marche, car c’était une expérience très positive pour moi.

K.L. : Il y avait beaucoup de choses. Le portrait d’un vrai gentil sur 25 ans de vie, c’est quelque chose qu’on ne voit pas souvent en rôle principal au cinéma. Ça m’a rappelé des personnages résilients dans le cinéma de Ken Loach, comme dans Moi, Daniel Blake. J’aimais aussi que le film parle de la paternité, de la complexité des liens sans les liens du sang, et du rôle des beaux-pères et belles-mères qui aiment des enfants comme s’ils étaient les leurs. Le film pose la question de savoir si les liens du sang sont vraiment ceux qui donnent une légitimité. C’était beaucoup d’arguments qui m’ont séduit.

K.L. : J’ai été touché par le scénario dès la première lecture, mais je ne me suis pas projeté immédiatement. On a beaucoup travaillé avec les frères Larrieu en préparation. J’ai aussi demandé une petite astuce pour la période des 20 ans, car même avec les processus de rajeunissement, c’était un peu compliqué. Ils ont ajouté une phrase dans la voix off disant qu’il ne se souvenait plus trop bien de son apparence à 20 ans, ce qui m’a mis à l’aise. Ce genre de détails crée une convention de cinéma qui emporte le spectateur. J’ai rarement joué la douceur sur tout un film, et ça aussi ça me plaisait.

K.L. : Ils ne sont pas du tout dans un rapport de domination. Ils sont complémentaires sur le plateau, Arnaud a une sensibilité particulière pour le cadre, tandis que Jean-Marie parle peut-être un peu plus aux acteurs. Mais il y a un véritable aller-retour entre eux. Ils regardent les propositions des acteurs et travaillent avec, sans uniformiser le jeu. Ils n’aiment d’ailleurs pas trop le terme « direction d’acteur ». Ils travaillent vraiment ensemble avec les acteurs, ce qui est très agréable pour nous.

K.L. : Honnêtement, je me plonge dans les rôles sans trop penser à moi-même. Par exemple, j’ai joué des personnages sombres, des meurtriers, des escrocs, mais c’est toujours plus complexe que ça. Je ne me qualifierais pas de gentil, et d’ailleurs, je me méfie des gens qui se disent gentils. J’aime les personnages nuancés. Dans ce film, il y a une scène où mon personnage pourrait commettre un enlèvement. C’est cette nuance qui m’attire, la complexité entre bonté et cruauté.

K.L. : Je ne sais pas si j’ai progressé, mais j’ai beaucoup appris. Travailler dans des univers différents, avec des grammaires cinématographiques variées, c’est une richesse. Ça me permet aussi de ne pas trop me regarder moi-même, ce que j’aime beaucoup dans ce métier.

K.L. : Oui, quand on est arrivé dans la salle, on ne faisait pas les malins. Mais on a senti qu’il y avait une écoute particulière, et à la fin, les réactions étaient fortes. Ça m’a touché de partager ce moment avec les autres acteurs, et j’étais très heureux pour les frères Larrieu, car je les aime profondément. J’ai l’impression que ce film parle aux gens de manière universelle, ce qui est très difficile à réussir au cinéma.

K.L. : Je dirais que c’est un film qui parle de la paternité de manière très intéressante, d’un personnage qui risque de perdre sa vie par gentillesse, et de la résilience. C’est une Odyssée sur 25 ans, portée par des acteurs et actrices formidables comme Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin, Noémie Lvovsky, et d’autres encore.

En avant-première à Cannes, le film avait déjà beaucoup plu:

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