Dans une ancienne ville minière en Ossétie du Nord, une jeune femme, Ada, tente d’échapper à la mainmise de sa famille qu’elle rejette autant qu’elle l’aime.
La réalisatrice russe Kira Kovalenko trouve ici un sujet particulièrement cinématographique, et son essai ne manque pas d’attrait. Le film se compose de tableaux assez distincts, et se construit dans une logique appliquée et atypique.
L’actrice principale Milana Aguzarova sur lequel l’objectif se fixe, capte assez rapidement notre attention, la caméra nous y aide en alternant entre gros plans saisissants et suivi 365° de ses faits et gestes. Les images sont dans l’ensemble très étudiées, beaucoup du récit passent précisément par les images, que les dialogues viennent ensuite, avec beaucoup de patience et de parcimonie, confirmés. Le film étonne également parce qu’il emprunte quelque peu au réalisme, en situant son héros dans un milieu dont on comprend très vite qu’il est source de désespoir et que le seul exil peut faire figure d’horizon (l’image se jouant d’ailleurs de la verticalité des paysages pour mieux suggérer cet état de fait), sans pour autant choisir d’en suivre les préceptes.
Le rythme du film, lent au départ, tend soudainement à s’accélérer, pour développer une histoire plus personnelle, plus intime, d’une jeune femme. Le film étonne également par sa narration, qui n’épouse pas les codes classiques des climax et anti-climax, et au contraire opte pour un revirement à 100% des sentiments rapide mais étrangement parfaitement plausible psychologiquement (de la haine à l’amour, de la fermeture à l’ouverture, de l’incompréhension à la compréhension) qui unissent un père rude et sa fille, tous deux ayant pour point commun une blessure profonde, liée au milieu.
Le film étonne enfin par sa scène finale, où là encore l’image, expérimentale, laisse le spectateur libre de toute interprétation quant à l’issue du récit.
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