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Bugonia de Yorgos Lanthimos

Mis à jour le 21 décembre, 2025

Un film d’Yorgos Lanthimos

Avec: Emma Stone, Jesse Plemons, Aidan Delbis, Stavros Halkias, Alicia Silverstone

Deux jeunes hommes obsédés par les théories du complot kidnappent la PDG d’une grande entreprise, convaincus qu’elle est une extraterrestre déterminée à détruire la planète Terre.

Lanthimos, dont nous apprécions la sagacité, mais aussi la singularité, semblait depuis quelque temps, le succès et la renommée n’y étant probablement pas étranger, tomber dans une certaine routine. Le talentueux réalisateur Grec nous livrait inlassablement des variations de conte, plus ou moins horrifiques, plus ou moins sexué, en travaillant à l’excès un décor et des costumes, pour embarquer quelques un dans des délires certes fantasmagoriques, mais interprétables par le commun des mortels, au premier degré. Quand ses premières œuvres livraient un contenu plus élaboré, plus mystérieux et à plusieurs niveaux de lecture. Bugonia, de notre point de vue, sous ses airs simplistes, marque un retour de Lanthimos sur un terrain de jeu qu’il avait plus ou moins déserté, pour un pas de côté hollywoodien. Parmi ses notables qualités: son rythme, travaillé, renouvelé par une structure de récit qui obéit à une logique assez implacable, des chapitres bien différenciés, bien amenés, qui se répondent les uns aux autres, avec une fluidité naturelle, qui tend à se perd dans de nombreuses productions qui cherchent à en mettre plein la vue, et se perdent en chemin. Sa direction d’acteur aussi, Emma Stone dirigée moins mécaniquement, avec un rôle paradoxalement plus humain – paradoxal au vu de ce que le film finira par nous apprendre, ou plutôt de ce dont il s’amusera. Bugonia retrouve surtout la signature des premiers films de Lanthimos; une vision mysanthrope, assez schaupenerhienne, qui s’adresse non pas au plus grand nombre, mais à quelques uns qui comprendraient le message codé, ou croient le comprendre plus précisément. Ici, utiliser les armes du complotisme pour parler à un complotiste, et finalement conclure que le complot était bien réel. Une approche très second degré, aux effets comiques efficaces. Vis à vis de The favourite, Kinds of kindness, et Pauvres créatures, il se déleste surtout de son effet de trop plein, de ses décors et costumes qui se mariaient au final très mal avec la mise en scène toujours appuyée de Lanthimos, qui plan après plan cherche à prouver son inventivité.

Un Dumb Et Dumber qui tourne mal !

Après un long Kind Of Kindness, qui tournait en rond, Lanthimos se renouvelle honorablement en proposant un scénario savonneux mais qui glisse malgré tout vers une fin prévisible. Il n’empêche ! Willem Daffoe bullait dans Pauvres Créatures, ici, les comparses marginaux (Jesse Plemons et Aidan Delbis), espèce de noir duo parodique de Dumb Et Dumber, ou Des Souris Et Des Hommes, nous englobent dans leur folie lucide au même titre qu’Emma Stone qui, pour une fois, n’use pas d’excentricité pour nous convaincre tant son personnage lui suffit. Bref. Ce dernier long-métrage expose toute la pâte d’un réalisateur qui semble nous habituer joyeusement à ses fameux tableaux cinématographiques tout droit inspirés des contes ; des tableaux étranges et colorés, doux et à la fois caustiques, aussi sensibles que critiques à l’égard de la société, tout en brossant le portrait de deux genres voisins : la science-fiction et le gore dans un seul et même film. Et ça, ce n’est pas rien !

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