La Première édition du festival du cinéma Iranien « L’Iran, par delà les frontières – panorama des cinémas iraniens contemporains » aura lieu à Paris (cinéma l’épée de bois) et à Ivry-sur-scène (cinéma Le Luxy) du 27 mai au 1 juin.
Le Programme, composé de 6 longs-métrages de fiction, 2 longs-métrages documentaires, 5 courts et moyens métrages, concocté par l’association Iran ciné panorama (www.irancinepanorama.fr), sera repris du 24 au 27 juin au cinéma La Pléiade à Cachan, et du 26 au 31 aout au cinéma L’Epée de bois à Paris.
L’acteur et metteur en scène de cinéma et de théâtre Vincent Macaigne est le parrain de la 1ère édition du festival.
Le cinéma iranien représente aujourd’hui une réalité plurielle recouvrant non seulement les films tournés à l’intérieur du pays – avec ou sans autorisation – mais aussi ceux réalisés à l’extérieur, à travers la diaspora qui se déploie sur plusieurs continents. Reconnue désormais aussi bien pour ses films d’auteur que pour son cinéma de genre mais aussi pour ses films d’animation, la cinématographie iranienne apparait plus que jamais comme le miroir des transformations d’une société nationale et transnationale.
Réalisés entre 2020 et 2025, les films retenus pour le festival dessinent un nouveau visage de l’Iran marqué par les événements récents qu’ils anticipent ou prolongent. Aux portraits de femmes (My Stolen Planet, TiTi) qui concernent parfois plusieurs générations (La femme qui en savait trop, The Persian Version) répond une interrogation sur l’exil intérieur (Being Ten, I Also Retained a Vague Image of Happiness, The Town, Winners) et extérieur (At Night, The Red Sky, Ghost Lamp, Les images des ombres). Une approche où se mêlent différentes histoires prodiguant un autre regard sur des sujets d’actualité (Endless Borders, Feux).
L’originalité de ce nouveau rendez-vous est de se dérouler du mardi 27 mai au dimanche 31 août dans trois salles et à différents moments.
Après une soirée d’ouverture parisienne à l’Épée de Bois, le mardi 27 mai à 20h, Le Luxy d’Ivry accueillera la première sélection des films du mercredi 28 mai au dimanche 1er juin. La Pléiade de Cachan reprendra une partie de la sélection du mardi 24 au vendredi 27 juin avant une reprise complète à l’Épée de Bois du mardi 26 au dimanche 31 août. D’autres dates pourraient être envisagées en région et autour de Paris cet été ou à la rentrée de septembre.
La Sélection:
Endless Borders
(Abbas Amini, Iran, Allemagne, République Tchèque, 2023, 1h50)
avec Pourya Rahimi Sam, Minoo Sharifi, Hamed Alipour
Ahmad, un enseignant en exil le long de la frontière iranienne avec l’Afghanistan, se lie d’amitié avec une famille de réfugiés fuyant les talibans.
Quatrième long métrage du cinéaste de Marché noir (2020), prix du jury du festival Reims Polar en 2021, Endless Borders poursuit la réflexion de son auteur sur la situation des marges et des frontières en Iran. Le film réalisé durant la captivité de Mohammad Rasoulof, de juillet 2022 à février 2023, lui est dédié.
La femme qui en savait trop de Nader Saeivar
Avec: Maryam Boubani, Nader Naderpour, Abbas Imani, Ghazal Shojaei, Hana Kamkar, Farid Eshaghi
En Iran, Tarlan, professeure de danse à la retraite, est témoin d’un meurtre commis par une personnalité influente du gouvernement. Elle le signale à la police qui refuse d’enquêter. Elle doit alors choisir entre céder aux pressions politiques ou risquer sa réputation et ses ressources pour obtenir justice.
Présenté au Festival de Venise 2024 où il a reçu le prix du public, récompense également obtenue à Vesoul, La femme qui en savait trop, dont le scénario a été coécrit par Jafar Panahi, s’intéresse à trois générations de femmes développant l’histoire de chacune. Si Tarlan occupe une place centrale, ce n’est pas elle qui sera mise en lumière dans les dernières images à travers une scène qui renoue avec la séquence d’ouverture.
The persion version de Maryam Keshavarz
Avec: Layla Mohammadi, Niousha Noor, Kamand Shafieisabet, Bijan Daneshmand, Bella Warda, Chiara Stella, Tom Byrne, Shervin Alenabi, Parmida Vand, Sachli Gholamalizad
Leila ,une jeune femme de Brooklyn qui peine à trouver ses repères et à épouser les autres cultures, tout en repoussant les étiquettes que la société lui accole. Lorsque sa famille tumultueuse se réunit à New York pour la transplantation cardiaque de son père, Leila dissocie sa vraie vie de sa vie familiale. Mais la révélation de son secret met en lumière les différents parcours d’elle et de sa mère Shireen. Ponctué d’un spectre de couleurs vives, de pointes d’humour bien envoyées et d’électrisants numéros de danse, « The Persian Version » brosse un portrait fidèle d’une femme qui défend ses valeurs, au cours d’une émouvante histoire sur la famille, les racines et l’indéniable influence de la musique pop.
Comédie familiale rappelant autant Pedro Almodovar que le cinéma de Bollywood, The Persian Version acquière une épaisseur romanesque à travers ses différents récits qui mettent en scène trois générations de femme entre l’Iran et les États-Unis.
The Town
(Ali Hazrati, Iran, 2022, 1h46)
avec Saed Soheili, Mahtab Servati, Kazem Sayahi, Homayoun Ershadi
Navid jeune acteur, vient de décrocher un rôle dans une importante production
cinématographique. Mais avant le tournage on lui impose de se soumettre à une préparation mentale particulière… Loin des siens, exilé dans une petite ville où tout n’est que faux-semblant, son personnage fictif va peu à peu prendre le pas sur sa véritable
identité.
À la fois fantastique et réaliste, The Town nous fait entrer dans une société de contrôle où
les repères se brouillent entre la vie et sa représentation.
TiTi d’Ida Panahandeh
Avec: Elnaz Shakerdoost, Parsa Pirouzfar, Hootan Shakiba
Un physicien est sur le point de prouver une théorie concernant la fin du monde. Il rencontre une mère porteuse qui veut aider l’humanité et fonder son propre foyer.
Troisième long métrage de la réalisatrice de Nahid (2015), Prix de l’Avenir au Festival de Cannes dans la sélection Un Certain Regard, TiTi est un portrait de femme idéaliste incarné avec générosité et émotion par Elnaz Shakerdoost.
Winners d’Hassan Nazer
Avec: Reza Naji, Hossein Abedini, Parsa Maghami, Helia Mohammad Khani
Dans le village de Padeh, près de Garmsar, dans la province de Semnan, les enfants
travaillent dur pour faire vivre leur famille. Un jour, Yahya, neuf ans, et son amie du même âge, Leila, trouvent une statuette scintillante. Passionné de cinéma, Nasser Khan, le patron de Yahya, décide de les aider à retrouver son propriétaire.
Renouant avec la veine des films sur l’enfance à l’origine de la redécouverte du cinéma
iranien dans les années 1980 et 1990, Winners s’interroge sur l’avenir de cette
cinématographie dans un contexte de censure accrue. Produit par Creative Scotland, ce
quatrième long métrage du cinéaste fut présenté par le Royaume-Uni à la cérémonie des
Oscars 2023. Pour sa programmation dans le cadre du festival, Winners sera précédé du court métrage
Being Ten (2023) de Fatemeh Jafari.
Les images des ombres d’Hormuz Kéy
Sous forme d’une lettre en images, Hormuz Kéy, le réalisateur, s’adresse à son grand-père.
Tous deux sont nés dans un village iranien meurtri par un drame originel. Tel un homme-oiseau importé sous les ailes impertinentes du poète Omar Khayyam, de son village natal jusqu’à Paris, en passant par Téhéran, l’auteur, également peintre, narre à l’aune de son regard un parcours peuplé de fantômes, de rencontres et de souvenirs troublants.
Après un premier long métrage remarqué : La vie est une goutte d’eau suspendue (2007),
Hormuz Kéy signe un film autobiographique qui retrace l’histoire de l’Iran du siècle dernier à
aujourd’hui à travers des archives vidéo, des photographies, des tableaux, des extraits de
films. Cette œuvre sensible montre l’unité d’un parcours et d’un travail entre différentes
disciplines.
My Stolen Planet de Farahnaz Sharifi
Farah, une femme iranienne, est forcée de migrer vers sa planète privée pour être libre. Elle achète les souvenirs des autres sous forme de films Super 8 et enregistre et archive les siens pour créer une histoire alternative de l’Iran.
Née le 8 mars 1979 en Iran, moins d’un mois après la victoire de la révolution le 11 février, et le jour de la manifestation des femmes contre le port obligatoire du voile, Farahnaz Sharifi, depuis son adolescence, saisit à travers sa caméra des moments de joie et de défi dans sa vie quotidienne. En s’appuyant sur ses propres images et celles d’anonymes prises en 8mm, elle mène une réflexion sur la mémoire, sa transmission aussi bien que sa perte. Réalisatrice de plusieurs courts métrages ainsi que d’un moyen métrage, Farahnaz Sharifi livre avec ce dernier film un portrait personnel autant que collectif sur le combat des femmes en Iran et la place des images dans la perception du présent.
At Night, the Red Sky d’Ali Razi
avec Ali Razi et Nawal Sharifi
Par une nuit très sombre, dans l’atmosphère bouillante du récent soulèvement iranien, une femme et un homme voyagent dans le temps et se souviennent.Depuis septembre 2022, une grande partie de la population iranienne se révolte. Des femmes et des hommes disent « non ». Quel est le contenu de ce « non » ? Le ressentiment totalitaire nous condamne à l’oubli, mais les protagonistes du film tentent de remonter le temps à travers leurs propres souvenirs-images, et nous emmènent dans les labyrinthes d’une société à la recherche de son image. La mémoire-image est une arme avec laquelle ils espèrent sauver une révolte, une libération…
Au cours d’une nuit, dans l’atmosphère du récent soulèvement iranien, une femme et un
homme voyagent dans le temps et se souviennent. Reprenant la réflexion initiée par ses deux films précédents, Twenty Days That Shook Tehran (2010) qui suivait la campagne présidentielle de 2009 et Things We Do Not Say (2018) qui s’interrogeait sur la mémoire d’une nouvelle jeunesse en 2017, At Night, the Red Sky plonge dans des souvenirs d’enfance et des représentations théâtrales pour évoquer le basculement qui toucha l’Iran le 16 septembre 2022 après la mort de Mahsa Jina Amini.
Being Ten de Fatemeh Jafari
Un père et son fils de dix ans vivent dans une maison isolée au milieu d’une forêt dense. Le père, chasseur, épargne un oiseau et la rapporte à la maison. Une relation privilégiée va se nouer entre l’enfant et le volatile.
Conte initiatique, Being Ten témoigne du talent de sa réalisatrice et du renouvellement de
« l’Institut pour le développement intellectuel des enfants et des adolescents », plus connu
sous le nom de Kanoun.
Feux de Mohammad Babakoohi
Avec: Sepideh Farsi
Karun, un chien errant, lutte pour survivre dans un environnement chaotique ravagé par la sécheresse, à Ispahan.
Réalisé en peinture animé comme son court métrage précédent, L’Elégie des milles grues
(2021), Feux (2022) de Mohammad Babakoohi porte un regard sur l’un des fléaux les plus
importants qui touchent aujourd’hui l’Iran à l’origine d’émeutes de la soif.
Ghost Lamp de Sepideh Shokri
Avec: Hamidreza Javdan, Abder Ouldhaddi, Leilie Matine
Dans le théâtre de la Cartoucherie à Vincennes alors qu’il se croit seul, un comédien est confronté à un spectre surgi d’une veilleuse appelée, « lampe sentinelle » en français et « ghost lamp » en anglais. S’ensuit un dialogue entre l’acteur et son interlocuteur inattendu.
Première court métrage de la comédienne, chercheuse et scénographe Sepideh Shokri,
Ghost Lamp nous fait partager l’intimité d’un comédien, interprété par Hamidreza Javdan,
dont les sentiments passent de l’orgueil à la dérision et du doute et à la mélancolie.
I Also Retained a Vague Image of Happiness d’Alborz Mahboobkhah
Avec Matin Ahmadi, Atefeh Pousheh, Mohammad Firoozi, Moussa Ebrahimi
L’histoire semi-autobiographique d’un jeune homme désespéré et apparemment narcissique vivant à Téhéran, qui attend de la vie plus qu’elle ne peut lui offrir. Il tente désespérément de se reconnecter au monde qui l’entoure, à sa maîtresse et à ses amis, tout en gardant un certain détachement. Il finit par se retrouver au milieu d’un soulèvement et doit faire face aux questions du moi, de la solitude et du destin universel.
L’histoire d’un jeune homme qui attend trop de la vie et essaie de se reconnecter au monde
à travers ses amis tout en gardant ses distances. Dans un noir et blanc soigné qui évoque les films de Robert Bresson, Jean Eustache ou Philippe Garrel, cette première réalisation du critique Alborz Mahboobkhah évoque le désenchantement d’une jeunesse iranienne dont les rêves semblent d’emblée condamnés.
L’association Iran ciné panorama:
Fondée en 2016, l’association « Iran ciné panorama » a pour objectif de mieuxfaire connaître l’histoire et la culture iraniennes à travers son cinéma. Depuis mai 2025, l’association, présidée par Bamchade Pourvali, critique et historien du cinéma, propose un ciné-club bimestriel, « l’Écran persan », au cinéma l’Épée de Bois à Paris.
Pur soutenir le festival:
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