Last updated on 7 mars, 2023
Un film de John Trengove
Avec Jesse Eisenberg, Adrien Brody, Odessa Young, Sallieu Sesay, Philip Ettinger
Ralphie est sur le point de devenir père mais son travail et sa situation personnelle ne parviennent pas à le rendre heureux. Lorsqu’il est introduit dans un culte de la masculinité libertaire, cela réveille des désirs refoulés et il perd pied avec la réalité.
Notre avis: **
Le réalisateur américain assume totalement ses références, presque toute américaines, de Scorcese à Aronofski, en passant par Sean Penn ou PT Anderson, et nous propose un cinéma mashup, qui une fois n’est pas coutume, fonctionne et nous propose une histoire certes au goût de déjà vu mais pour autant qui ne nous désintéresse pas et nous semble tout à la fois bien « calculée » mais aussi, par certains aspects, renouvelés. La réussite de l’entreprise tient à plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux concerne la direction d’acteurs, et les très intéressantes compositions d’Adrian Brody en Dad Dan, un gourou intriguant et plein de sang froid, et de Jesse Eiseinberg, qui endosse le costume de chauffeur de taxi en perdition face aux bouleversements qui l’attendent, en lien avec ses blessures passées mais aussi son profil psychiatrique, à la Travis Bickle. Le duo de presque tous les plans, par la sincérité de leur jeu et le soin pris dans les attitudes et gestuelles assurent une crédibilité à leurs personnages, là où nombre de films inspirés de Taxi Driver ou The Grandmaster virent à la caricature ou au ridicule. A leurs côtés, le film propose quelques rôles secondaires plutôt bien tenus, notamment celui confiée à Odessa Young, source du conflit intérieur de notre anti-héros à l’instar du rôle de Jodie Foster dans Taxi Driver. Le second vient de l’habillage musical du film, qui permet d’offrir une cohérence d’ensemble, éloignée ceci-dit du jazz cher à Scorcese, offrant donc une tonalité différente qui laisse entendre d’autres possibles, d’autres trajectoires, d’autre émotions. Le troisième, peut être le plus intéressant, vient des nombreuses fausses pistes que le scénario comprend. Tout un art. Le résultat s’avère donc, à défaut d’être particulièrement original, un très honnête film référencé, qui prouve que la voie suivi par Martin Scorcese et Paul Schrader à leur époque n’est pas totalement épuisée, et que des revival, même hors mode et tendance – Manodrome reste un film très masculin, qui revisite l’homosexualité refoulée et la désillusion de l’american nightmare, restent possibles.
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