Le festival Travelling 2021 a commencé hier soir avec une première projection. La séance d’ouverture était consacrée aux Bêtes du Sud sauvage de Benh Zeitlin.
Avec un rendez-vous à 20h30 sur la Vingt-Cinquième heure, le pari du festival se retrouve gagnant : réunir les spectateurs à un horaire précis et sur une séance programmée nous fait sentir la présence des autres cinéphiles derrière leurs écrans.
Véronique Godec a ouvert la séance par une présentation du festival. Suite à une citation provenant de La nuit américaine de François Truffaut, la présidente de l’association Clair Obscur nous a invités « à avancer et nous transporter dans les films et par les films » au sein de cette édition Travelling. Fabrice Bassemon, directeur du festival Travelling, a quant à lui rappelé la programmation de la semaine.
Caméra d’or au festival de Cannes, Grand Prix du Sundance festival et quatre nominations aux Oscars, Les bêtes du sud sauvage est un film acclamé par la critique.
Hushpuppy, six ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs. Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue. Un périple initiatique organique qui laisse une juste place à l »imaginaire.
Le film s’inscrit dans la catégorie première du festival Travelling, à savoir la découverte d’une ville ou d’une région -cette année la Nouvelle-Orléans et plus particulièrement le Deep South des Etats-Unis.
A la croisée du conte, de la prévention écologiste et du film documentaire, Les bêtes du Sud sauvage nous montre le quotidien de ceux qui subissent de plein fouet les catastrophes climatiques toujours plus nombreuses. En allusion à l’ouragan Katrina de 2005, le « Bassin », terres où vivent Hushpuppy et son père menace d’être inondé.
A la croisée de Malick -notamment par l’utilisation de la voix-off de Hushpuppy- et de Miyazaki -avec l’apparition des aurochs, espèce disparue depuis le XVIIème siècle-, le film mélange les genres et crée un univers onirique. De nombreuses références à la réalité écologique mais aussi à la mythologie et à la religion donnent une ambiance particulière à ce long-métrage.
Les cadrages à l’échelle de Hushpuppy et caméra à l’épaule conférant un aspect tremblotant aux plans accentuent cette dimension documentariste.
Le film est touchant mais la magie n’opère pas forcément, et nous ne pourrions le qualifier de bouleversant. Les protagonistes du Bassin sont filmés sous l’aspect d’êtres primitifs où la boisson et la pêche représentent leurs seules occupations. Seul le personnage de Hushpuppy -interprété par Quvenzhané Wallis– apporte une réflexion plus poussée sur la subjectivité de la fin du monde, ou du moins de son monde.
Le festival Travelling commence donc au plus profond du thème de la Nouvelle-Orléans à travers ce film dépeignant la partie vulnérable de cette région, qui ayant tout perdu décident de s’accrocher à ce qu’ils leur restent dans une ambiance festive. Mais l’ambiguïté que provoque le film entre compassion et représentation de cette population sauvage dans ce que le terme a de plus controversé rend le film difficile à s’approprier et nous en restons simple spectateur.
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