Mis à jour le 19 septembre, 2014
Sélectionnés en compétition internationale du FEFFS, un cannibale esthète, un loup-garou amateur de retraités, et un samouraï travesti.
Dans Amours Cannibales, l’attitude du héros se confond avec le style du réalisateur. Carlos (Antonio de la Torre), est un tailleur sensible aux matières qu’il caresse, découpe, transforme, qu’il s’agisse de tissus ou de corps humains. Manuel Martin Cuenca est un cinéaste espagnol sensible aux images qu’il compose avec un soin parfois trop évident. Le dispositif, en effet, se répète sans cesse : plan fixe, léger mouvement de caméra, cadre dans le cadre, fondu au noir. La douceur du personnage et du réalisateur contraste avec l’activité morbide du premier. La mise en scène induit alors un contrepoint presque surréaliste qui rate malgré tout son effet par son systématisme et son évidence.
Version lycanthrope de Gran Torino (Clint Eastwood, 2008), Late Phases conjugue ses références à travers un style tout personnel qui confirme la présence d’auteurs inventifs en compétition internationale. Entre le rire, l’effroi et la tendresse, le film de Adrian Garcia Bogliano trouve le ton juste. Les séquences horrifiques sont filmées avec brio, l’atmosphère visuelle rappelle le meilleur des productions de genre des années 80. La cécité du héros (Nick Damici), vétéran du Vietnam, placé dans une résidence pour retraités, permet certaines recherches intéressantes sur le rapport audio-visuel. Attachant et drôle, Late Phases est, aux côtés de A Girl Walks Home Alone at Night (Ana Lily Amirpour), l’une des plus belles réussites de ce festival.
Pressenti pour être un film d’exploitation jouissif et irrévérencieux, Der Samurai n’aura pas su répondre à nos attentes. Le second long métrage de l’allemand Till Kleinert cherche sa place sans réussir à la trouver. Le rapport un peu trouble d’un agent de police (Michel Diercks) et d’un psychopathe (Pit Bukowski) ne parvient jamais à convaincre le spectateur. La raison principale de cet échec tient à l’impossible conciliation d’un humour potache et d’un discours psychanalytique un peu lâche. Parodie, critique ou fantasme cinématographique ? Le réalisateur ne semble pas le savoir lui-même. Cette indécision est d’autant plus dommageable au film que celui-ci contient quelques bonnes idées de mise en scène – l’animation de la maquette de la petite ville à la manière du labyrinthe de Shining (Stanley Kubrick, 1980), la captation des techniques de combat du samouraï. Disparate, Der Samurai passe par chaque chemin pour aboutir à un cul-de-sac.
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