7ème lune est un festival exigeant sur sa programmation, qui vise, toute proportion gardée à être au cinéma ce que les Transmusicales de Rennes furent pour la musique, un tremplin découvreur. Une seule règle pour les réalisateurs qui veulent y présenter leur film dans l’une des sélections (quatrecatégories de court métrage – internationale, nationale, documentaire, animation , une catégorie long métrage depuis cette année): avoir moins de 30 ans. On rêve donc d’y découvrir les nouveaux Xavier Dolan ou Luka Dhondt …
Voici notre retour sur la sélection compétition court métrage internationale en attendant celui du jury emmené par Cédric Klapisch:
COURT MÉTRAGE – COMPÉTITION INTERNATIONALE
FAR IN NIGHT de MAISAM ALI / 30 ANS / INDE
Notre avis: **(*)
Un parti formel intéressant, un film conceptuel qui parvient à produire l’effet désiré à partir du concept choisi. il s’agit en effet de dresser un portrait de différents personnages qui embarquent dans un train en inde. Pour qui a déjà voyagé en Inde en train, il se dégage en effet une impression particulière que ce court métrage parvient parfaitement à restituer par son parti pris esthétique: des plans fixes qui se jouent des perspectives, des ouvertures, des fermetures. Tout est cadre. A travers ses cadres, ses fenêtres, des scènes de vie sont entendues, insinuées, dévoilées, qui ensemble raconte une histoire humaine. Intéressant.
WHO’S CHEEK IS THIS ? de CHARLES DHONDT / 24 ANS / BELGIQUE
Notre avis: –
Un parti pris formel évident, une volonté de miser sur la forme évidente, quitte à perdre le spectateur. Un récit très déconstruit et des allusions visuelles et sonores qui se multiplient. Assurément très ambitieux, mais la maîtrise manque. Si les raccords sonores sont en général intéressant, la trop grande profusion des effets, les allers-retours incessants entre des temps très peu déterminés produisent un effet néfaste. L’entreprise peut certes rappeler inland empire quant à la déconstruction, au puzzle que le spectateur doit chercher à reconstruire, mais la cohérence visuelle est elle-aussi hélàs difficile à trouver, et la signature de l’artiste réalisateur finalement plus prétentieuse que prometteuse.
BEAUTIFUL NIGHT de DEVIN NEGRETE / 25 ANS / USA
Notre avis: –
Là encore un procédé visuel et sonore qui cherche à surprendre, à dérouter et donc à plaire. Ici la particularité est que le récit supprime tout son, ou plus exactement les réduit à une expression hyper feutrée. Le spectateur est ainsi invité à se concentrer sur les images proposées, et la narration ne doit provenir que d’elles seules. Les effets de montage servent de fil conducteur, nous suivons une jeune femme. La signature visuelle n’est pas nécessairement nouvelle, (le nouveau n’étant pas de toutes façons un gage de qualité), un motif semble se dégager rapidement puis se répète. Il lasse assez rapidement bien plus qu’il n’interroge malheureusement, il manque probablement une substance tierce pour que l’on adhère / rentre dans le jeu. Probablement également eut-il fallu une grammaire plus large pour que le langage nous parvienne.
NIGHT OF LOVE de OMRI LOUKAS / 25 ANS / ISRAËL
Notre avis: *(*)
SI 7ème Lune cherchait à faire une proposition forte, ils ne se sont pas manqués. Le CNC n’est pas passé par là, le court métrage a été classé par les sélectionneurs en -16. Plus justement, ils auraient du le classer -18, car le court métrage est très clairement classé X. Dans son univers il peut rappeler les thématiques chères à Jacques Nolot, ou en son temps, à Cyril Collard. Le film interroge par le choc, la provocation. Sa forme est plutôt classique, quoi que l’on note quelques effets de caméra pour filmer les enlacements de corps. Le fond n’est pas bancal, et peut même avoir quelques vertus métaphoriques, notamment en ce qui concerne la situation israelo-palestienne, mais celles-ci restent plus osées que prodigieuses.
MACBETH de ZACHARIE RÜEGG / 23 ANS / SUISSE
Notre avis: **
De toutes les propositions, certainement celle qui sur la forme est la moins osée, mais au final celle qui produit le plus son effet sur le fond. La caméra et le réalisateur suivent un sujet qui se prend au jeu, et cherche à livrer ses secrets, son histoire. Les premiers sons, les premières images semblent bancales, les premières paroles prononcées nous font nous interroger sur la personne suivie: un loulou, une star de quartier, un terroriste en puissance, un brave type ? Le suivre dans ses déambulations, dans ses confidences, dans son rapport à la caméra, petit à petit imprime une tonalité mi-rigolote, mi-intrigante, renforçant la question de départ. Parfois notre héros fait preuve d’une certaine poésie dans son expression, parfois certaines de ses sorties sont sympathiques voire réfléchies, parfois au contraire il semble s’enfoncer tout seul dans sa bêtise ou dans ses troubles … Il apparaît alors évident que le réalisateur a cherché avant tout à s’effacer devant son sujet, à lui laisser un espace d’expression; matière qui lui sert ensuite à réécrire son histoire: celle d’un jeune réalisateur qui pour un projet de réalisation de fin d’étude cherche à filmer en continue un jeune homme. La mise en abyme fonctionne.
Soyez le premier a laisser un commentaire