Malcolm & Marie fait beaucoup parler de lui ces dernières semaines. A l’heure de la fermeture des cinémas et dans un contexte où les sorties cinématographiques sont rares, ce film avait tout pour devenir un succès médiatique.
Après la projection en avant-première de son dernier film, un cinéaste rentre chez lui avec sa petite amie. Alors qu’il est certain que son film rencontrera un succès critique et commercial, la soirée prend une tournure inattendue : les deux amoureux doivent affronter certaines vérités sur leur couple qui mettent à l’épreuve la force de leurs sentiments…
Parler d’une histoire d’amour qui se délite au cinéma, ce fut le pari gagnant de Bergman avec Scène de la vie conjugale. Depuis, de nombreux réalisateurs se sont essayés au sujet en huis-clos dont une précédente sortie Netflix, Marriage Story de Noah Baumbach. C’est au tour de Sam Levinson de s’attaquer au sujet dans un film tourné en plein confinement.
Malcolm & Marie est un film sur la passion destructrice, entre amour vampirique et égocentrisme. Le film commence par un plan séquence magistral suivant Marie aux toilettes -qui n’est sans rappeler Nicole Kidman dans Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick– à Malcom se déhanchant dans le salon. Après une tension visible au sein du couple, les non-dits fustigent et nous assistons à un véritable exercice de jouxtes verbales dans ce huis-clos américain.
La force du film tenant principalement au verbal, les deux acteurs –Zendaya et John David Washington– arrivent à donner corps au texte d’une manière surprenante. Nous sommes spectateur de ce long métrage, tenus à une distance et une neutralité appréciable.
Mais voilà. Au bout d’une heure, la structure dichotomique et mécanique du règlement de compte rend les dialogues prévisibles et nous peinons à être happé par le film comme nous aurions pu l’être au départ. Aucun horizon se profile, si ce n’est le surenchérissement inlassable qui devra laisser place à un « gagnant ».
Certains dialogues sur la vie à deux méritent d’être retenus. Le long métrage a aussi l’atout de parler de cinéma au sein du cinéma. Malcolm, jeune réalisateur fustige les critiques et amène un discours qui fait mouche au sein des problématiques hollywoodiennes : le « male gaze », la politisation systématique de films réalisés par des personnes racisées, la volonté de trouver un message dans toute forme d’art sans en apprécier le contenu.
Réalisé en noir et blanc, les images du film sont belles et les cadrages bien maîtrisés -entre plans séquences et plans fixes-. Certains plans se répondent tout au long du film et l’image de Malcolm seul, visible derrière une vitre de la chambre trouve une réponse dans le plan final, à deux. Néanmoins, des effets de lumières plus recherchés auraient pu être envisagés au sein de ce noir et blanc qui ressemble finalement davantage à une belle photographie « arty ».
Le film s’écarte des sorties commerciales Netflix habituelles, les acteurs incarnent leurs rôles à merveille et le film est dans son tout intéressant. Si un tel contenu sur une plateforme VOD assez hétéroclite est donc appréciable, nous ne pourrions toutefois pas parler de chef-d’œuvre -terme employé par de nombreux critiques- après le visionnage de Malcolm et Marie.
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